06. Le bonheur est à Cuba

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Alken

Je vais garder en mémoire cette journée passée avec Joy, c’est sûr. Tout a été parfait sous le chaud soleil cubain. A commencer par la surprise de la trouver presque nue sur la plage. Cette femme est une vraie déesse. Ou un vrai démon, qui sait. Elle a le chic pour me faire perdre tous mes moyens, me faire oublier tout ce qui n’est pas elle. Avant de venir m’installer à ses côtés, je peux dire que j’ai profité un bon moment de la vue. Sa peau qui commence à se dorer, ses longues jambes qui n’en finissent pas, ses cuisses musclées par la pratique de la danse, ses hanches bien dessinées où je rêve de m’arrimer, son ventre plat qui invite aux baisers, ses seins magnifiques que j’ai toujours empaumés avec plaisir, ses lèvres pulpeuses que je veux déguster. Tout est splendide et un véritable appel à la passion, à l’amour.

Quand elle m’a demandé de lui passer de la crème solaire, j’ai eu l’impression que c’était juste pour le plaisir de sentir mes mains sur son corps nu parce qu’elle semblait déjà protégée, mais je ne me suis pas fait prier. Je me demande si elle a remarqué mon état d’excitation suite à cette séance si sensuelle. En tous cas, elle a vite accepté de me rendre la pareille et, si j’avais été un chat, j’aurais ronronné sous ses caresses. Nous avons ensuite passé le reste de la matinée à bronzer, discuter de danse, de Cuba, de tout et de rien, et surtout un peu de nous.

Je crois qu’elle est dans le même état d’esprit que moi. Enfin, j’espère qu’elle l’est. Comme moi, elle semble irrésistiblement attirée. Comme moi, je crois que son corps lui réclame de faire tomber toutes les barrières psychologiques afin de retrouver cet autre qui nous complète si parfaitement. Comme moi, je crois qu’elle a envie d’essayer à nouveau une relation. Mais comme moi, elle ne voit pas comment faire pour prolonger les choses à notre retour. Par contre, elle ne semble pas convaincue par l’idée d’en parler à Kenzo. Mais si on ne le fait pas, quelle autre solution avons-nous ?

Nous avons mangé dans un petit restaurant de plage tels deux amants en vacances. Je lui ai proposé en souriant une petite sieste coquine et, même si elle m’a dit qu’elle n’était pas que mon jouet sexuel, j’ai bien vu son hésitation avant de me répondre. Je pense qu’elle aussi lutte pour ne pas craquer et ça me plaît bien, cette ambivalence. Cela signifie que les choses ne sont pas perdues et que j’ai raison d’encore espérer faire évoluer notre relation. Après nous être ainsi reposés chacun de notre côté, nous avons fait un petit tour en ville autour de l’hôtel pour profiter de l’atmosphère et de l’ambiance. Joy a fait une tonne de photos alors que moi, je n’en ai pris que quelques-unes, toutes de cette jolie brune qui occupe toutes mes pensées.

Manolo vient de ramener Kenzo et Théo qui sont partis à la douche. Il s’est installé avec nous sur la terrasse et porte le même regard appréciateur sur Joy que le mien. Il faut dire que dans son petit short sexy et son haut qui ne couvre que sa poitrine, c’est une vraie invitation au péché !

— Manolo, vous avez passé une bonne journée ? lui demandé-je pour essayer de détourner un peu son attention de la femme que j’aime.

— ¡ Si señor ! Le soleil est là, les gens sont heureux, un dia perfecto ! Et vous ?

— Moi, j’ai passé une journée merveilleuse. Mais avec une telle femme, ce serait compliqué de ne pas rêver constamment, n’est-ce pas ?

— ­¡ Si ! Pedro m’a dit qu’il a adoré bailar con ella ! Divine créature, c’est cé qué vous dites chez vous, no ?

Je constate que Joy rougit sous tous ces compliments, mais elle ne répond pas et fait semblant d’être perdue dans la contemplation de la ville.

— Manolo, ce soir, tu pourrais nous emmener dans un quartier moins touristique et plus proche de la réalité du quotidien des cubains ? J’ai l’impression pour l’instant d’être dans un film et de ne voir que la surface des choses. J’aimerais découvrir le vrai Cuba. Celui qu’on ne voit pas sur les cartes postales, mais celui qui vit, qui chante, qui danse, qui survit aussi peut-être. Tu vois ce que je veux dire ?

— Si, yé vois très bien, amigo. Vous voulez bailar jusqu’au bout dé la noche ! Yé vais vous emmener dans mon quartier cé soir, vous allez voir, l’ambiance est folle !

— Si c’est pour danser, je suis sûr que les jeunes vont se joindre à nous ! Tu es des nôtres, Joy ? Et que font Kenzo et Théo ? Ils sont longs pour une simple douche.

— Oui, évidemment que je viens, sourit Joy en se levant. Je vais leur dire de se bouger un peu.

— Parfait. Dis leur de se dépêcher ! On va vite manger un morceau et suivre Manolo pour une vraie aventure cubaine !

Je la regarde se lever avec grâce et je dois me faire violence pour résister à l’envie qui me prend de la suivre et de profiter d’un moment d'intimité avec elle. Ses courbes voluptueuses s’éloignent de nous et détournent l’attention de tous les hommes présents. Je crois que je ne suis pas le seul à être à l’étroit dans mon short à la vision qu’elle offre, sans se rendre compte de l’effet qu’elle procure à tous ces voyeurs en manque de beauté.

Pendant le repas, Kenzo et Théo, très complices, nous racontent tout ce qu’ils ont pu visiter. Ce voyage les rapproche réellement tous les deux. Souvent, l’un commence une phrase que l’autre finit, et les éclats de rire sont nombreux. Je suis content de voir que Kenzo, si solitaire au lycée, s’est fait de vrais amis sur qui il peut compter et qui partagent les mêmes centres d’intérêt que lui. Avec Théo, ça a l’air de vraiment matcher et je suis heureux de le voir aussi épanoui.

Manolo nous emmène ensuite à pied le long d’abord de grandes rues et avenues bordées de grands bâtiments modernes, laissant bientôt place à des rues plus petites et plus sinueuses. Nous longeons des bâtiments colorés et à taille plus humaine et surtout, le bruit des voitures et de la ville cède le pas à la musique des guitares et aux voix qui se mêlent et enchantent nos oreilles. Kenzo et Joy sont un peu derrière nous, bras dessus, bras dessous et se racontent des secrets que je paierais cher pour connaitre alors que Théo marche à mes côtés, heureux de découvrir cette partie de la ville. Manolo nous explique comment tous les soirs, les Cubains, après leur journée de travail, se retrouvent pour partager des moments de musique et surtout de danse.

Nous arrivons à une petite place ou un groupe de musiciens s’est installé sur les marches d’une statue sous un arbre. Il y en a deux qui tapent sur des congas ou des percussions diverses que je ne reconnais pas vraiment, deux qui sont à la guitare et un qui secoue des maracas. Et l’un d’entre eux chante en espagnol. Le rythme est entraînant et me rappelle les musiques que nous a fait écouter Pedro. Manolo salue un peu tout le monde et nous fait signe de nous installer sur un petit muret qui se situe au bord de la place. Il y a déjà un couple qui danse au milieu de l’espace pavé et nous admirons leur complicité. La femme est superbe dans ses leggings roses et son petit haut et elle pourrait facilement gagner sa place au sein de l’ESD vu sa facilité à se mouvoir et à répondre aux sollicitations de son compagnon.

Rapidement, deux jeunes femmes s’approchent et viennent solliciter Kenzo et Théo qui ne se font pas prier pour les suivre sur la piste de danse improvisée. Tout de suite, ces deux cubaines se collent sensuellement aux jeunes hommes qui montrent rapidement leur talent de danseurs. Celle qui est avec Théo a vraiment l’air d’apprécier les bras musclés du jeune black et ne se gêne pas pour attirer les mains de son partenaire sur ses seins. Si elle savait qu’il préfère les garçons, la pauvre !

Un jeune homme se décide enfin à franchir le pas et à s’approcher de Joy pour l’inviter à danser. Le regard gourmand qu’il pose sur la jolie brune qui se lève vers lui me rend jaloux comme pas possible mais elle le repousse gentiment et se tourne vers moi en me tendant la main.

— Je pense que cette première danse, c’est avec toi que je veux la faire, Alken. Tu viens ?

Le sourire qu’elle m’adresse me fait fondre et que puis-je dire, comment puis-je résister quand elle se met à onduler devant moi pour m’inviter à la rejoindre ? Son ventre et ses fesses bougent au rythme de la percussion et ses mains passent le long de son corps dans une invitation où l’érotisme est aussi présent que la sensualité. Je me lève lentement et commence à me mouvoir en m’approchant d’elle. Sans la toucher, je me mets à danser à ses côtés et à copier ses mouvements, mon regard se perdant volontiers dans son décolleté plongeant. Des spectateurs se mettent à applaudir en rythme devant ces quatre couples de danseurs qui partagent leur passion de la danse.

Quand mes mains s’emparent de celles de ma partenaire, celle-ci se colle à moi et je la sens se frotter volontairement à mon érection avant que nous enchaînions différents pas qui nous éloignent et nous rapprochent. Mes mains se posent sur ses hanches nues pour la faire tourner autour de moi et l’instant est magique. Nos regards ne se quittent pas et je retrouve toute la fusion que nous connaissons dès que nous dansons ensemble. Quand la musique évolue sur un autre rythme, tous les danseurs se mélangent et je me retrouve avec la partenaire de Théo qui a l’air de vraiment apprécier mes talents de danseur vu comment elle multiplie les contacts entre nous. Mais une fois encore, elle se trompe de partenaire si elle veut plus que de la danse. Mon esprit est entièrement porté sur Joy qui est dans les bras d’un cubain qui la fait tournoyer. Je constate du coin de l’œil que Kenzo et Théo sont maintenant ensemble et s’enlacent naturellement dans cette danse folle et irréelle mais mon attention est vite détournée par Joy qui a quitté les bras de son partenaire pour venir à nouveau s’imposer dans les miens, écartant la jeune latine qui l’avait remplacée quelques instants.

J’avoue que j’apprécie plus que de raison cette pointe de jalousie et cette façon qu’a Joy de marquer son territoire parce que nous passons le reste de la soirée à ne danser qu’à deux alors que Kenzo et Théo multiplient les partenaires. Je pense que les Cubaines se sont vite rendu compte que le seul vraiment disponible est Kenzo car il fait l’objet de multiples sollicitations et se retrouve régulièrement entouré de plusieurs partenaires qui luttent pour son attention. Moi, je suis aux anges et je passe la meilleure soirée de ma vie. J’ai l’impression de fusionner réellement avec Joy, de m’unir à elle encore plus profondément que quand on fait l’amour. Notre connexion n’est pas physique, à part les nombreux contacts dont nous profitons en dansant. Non, c’est plus profond que ça. J’ai l’impression de la retrouver au niveau spirituel et avec chaque danse grandit mon espoir de pouvoir renouer le fil de notre relation.

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