53. Surprise, surprise !
Joy
— Bon sang, c’est la meilleure surprise au monde, ça ! s’esclaffe Théo avant de rouler une galoche à un Kenzo tout sourire.
— Eh, on est dans un lieu public quand même, attendez au moins d’être dans votre chambre, me moqué-je alors que je vois le serveur avancer vers notre table avant de faire demi-tour en constatant que les tourtereaux sont très occupés.
— Désolé, Princesse, mais je suis tout excité !
— Et moi je n’ai pas la nuit, le roi de la danse, mon homme finit dans à peine deux heures et j’aimerais bien le surprendre à la fin de son spectacle.
— Tu viens pour mon anniversaire et tu vas me faire faux bond, sympa, la meilleure amie, me reproche-t-il, un sourire en coin.
— Je vous laisserai votre intimité après le repas. C’est tout.
— C’est ça. Et ce décolleté de la mort, c’est pour mon anniv, aussi ?
— Ah non, ris-je, ça c’est pour mon plaisir personnel.
— Procuré par un prof sexy.
— Qui n’est autre que mon père, intervient Kenzo en posant sa main sur la bouche de Théo. Tais-toi, depuis que je les ai surpris en train de copuler sur le canapé, je fais des cauchemars. Entre ça et les cris de Joy, je vais finir par déménager.
— C’est vrai qu’elle est plutôt bruyante, ajoute mon ami d’enfance.
— Tu n’avais qu’à pas rentrer plus tôt, marmonné-je. On devait avoir l’appartement pour nous jusqu’à au moins minuit.
— J’y peux rien si le cinéma a eu un problème de courant, moi. Mais voir mon père les yeux bandés et… Ah non, beurk, grimace-t-il.
— Ça va, je ne le fouettais pas non plus, pleure pas. Si tu savais, dis-je en haussant les sourcils, moqueuse.
— Est-ce que vous avez fait votre choix, messieurs dames ? nous interrompt le serveur.
— Oh oui, pouffe Théo. Séance de BDSM pour mon amie ici présente, elle cherche un cobaye. Vous êtes intéressé ?
Le petit jeune rougit instantanément et ne sait plus où se mettre. Le pauvre, il n’a vraiment pas de chance, nous sommes tous les trois très en forme. Il faut dire que, personnellement, je n’ai pas vu Théo depuis quinze jours, et ce n’est absolument pas une habitude. Il me manque, un peu comme Alken me manque quand, comme ce weekend, il descend à la Capitale pour son spectacle. J’ai presque hâte que ça se termine, même s’il prend toujours autant de plaisir sur scène.
— Ne l’écoutez pas, il est juste frustré parce que lui ne peut fouetter personne. Il reporte sa frustration sur vous et ses fantasmes sur moi. Vous voyez ? Bref, trêve de psychanalyse. Je vais prendre le plat du jour, s’il vous plaît.
Le pauvre serveur semble totalement perdu, et Théo qui s’amuse à le faire tourner en bourrique en choisissant son plat n’aide pas. Ni les allusions sexuelles qu’il glisse au passage.
— T’es vraiment insupportable, ris-je lorsqu’il repart finalement, content de nous fuir.
Le repas se passe dans cette même ambiance bon enfant, et je savoure le plaisir d’être avec mes amis, même si je ne cesse de jeter un œil à mon téléphone pour vérifier l’heure. Si nous avons fait la surprise à Théo de le rejoindre et de l’inviter au restaurant pour son anniversaire, je n’ai pas dit à Alken que je serai sur Paris ce soir. Je suis censée bosser au Nouveau Départ. J’espère que ma surprise lui fera plaisir.
— Bon, je vais vous laisser, c’est l’heure pour moi.
— Oh, Cendrillon, j’ai même pas soufflé mes bougies, geint Théo alors que je me lève et enfile ma veste.
— Désolée, mon Chou, mais tu as passé trop de temps à nettoyer les amygdales de ton chéri, je n’ai plus le temps.
— Ouais, je vois quelles sont tes priorités, Princesse !
— Comme toi, mon adorable ami d’enfance, souris-je en le prenant dans mes bras. Encore joyeux anniversaire, beau gosse. Je t’aime. Passez une bonne soirée, les amoureux ! On se retrouve à la gare demain soir, cher beau-fils !
— Bien sûr, belle-maman, rit Kenzo en me faisant une accolade.
Je leur envoie des baisers et sors rapidement du restaurant. Evidemment, j’ai réservé tout près du Théâtre où danse Alken ce soir. J’aurais bien aimé assister une nouvelle fois au spectacle, mais je me voyais mal embarquer Kenzo et Théo à peine sorti de sa représentation du jour. Alors un petit restau entre amis avant de filer retrouver l’homme de ma vie, c’était le compromis idéal.
Je trimballe mon petit sac de voyage et mon popotin moulé dans un pantalon taille haute jusqu’à la rue qui abrite le théâtre, et patiente un peu à l’écart, au cas où Alken aurait la mauvaise idée de sortir en même temps que ses collègues danseurs. J’en profite pour tirer à nouveau sur ce fichu gilet court qui remonte un peu trop sur ma poitrine. Si je sais qu’il va apprécier le côté cache-cœur puisqu’il n’aura qu’à tirer sur les ficelles pour déballer le paquet, j’ai froid au ventre en attendant de profiter de la chaleur de son corps.
Malheureusement pour moi, il sort aux côtés de Jack, l’un des danseurs qui partage la scène avec lui, et mon petit effet de surprise va être raté puisqu’ils risquent de gagner l’hôtel ensemble. Mon cerveau se met en branle et je suis déçue de ne pas pouvoir mettre à exécution mon plan, mais une petite partie de moi, la plus perverse sans doute, apprécie de pouvoir l’observer sans qu’il sache que je suis là. Surtout qu’un petit groupe de femmes les interpelle pour avoir photos et autographes. Classe, mais c’est mon homme, les filles !
J’attends patiemment mais pas trop non plus, constatant qu’elles ont du mal à lâcher les deux hommes, et finis par prendre mon téléphone pour envoyer un message à mon chéri.
— Bonsoir mon coeur. Alors, le spectacle ? Tu as encore fait mouiller les petites culottes en nombre ? Tu me manques.
Alken ne me répond pas de suite, discutant avec le petit groupe, mais il sort finalement le téléphone de sa poche.
— Bonsoir ma chérie. Nickel, le spectacle, les gens adorent. Pas de petite culotte en vue, juste quelques groupies mais habillées ;) Toi aussi tu me manques. Vivement dimanche soir.
— Dimanche soir ? Je n’ai pas envie d’attendre aussi longtemps, moi… Tu es sûr que ce soir ce n’est pas possible ?
Je le vois sourire à la lecture du message alors qu’il repousse une des filles un peu trop collantes à mon goût.
— Tu veux que je prenne un train et rentre pour la nuit ?
— Tu ferais ça ? Vraiment ?
— Si je suis sûr de te trouver nue au lit, ça pourrait me tenter oui. Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi ?
— Il faudrait que tu m’ouvres la porte de ta chambre d’hôtel pour ça, Chéri.
Il fronce les sourcils et ne comprend visiblement pas ce que je suis en train de lui dire. Il porte le téléphone à son oreille, le mien se mettant à sonner juste après, et je me dépêche de décrocher pour ne pas me faire repérer.
— Allo ? Bonjour, ma Chérie, je n’ai pas compris ton dernier message. Tu veux venir à mon hôtel ? Je pensais que c’était moi qui allais rentrer à Lille ?
— Bonsoir beau danseur. Tu peux toujours rentrer à Lille, mais je n’y serai pas, tu sais. Ce qui pourrait être dommage étant donné que ton fils est à Paris pour l’anniversaire de Théo, ce qui veut dire que l’appartement aurait été tout à nous. Mais.... A moins que tu ne partages ta chambre d’hôtel avec quelqu’un… Je pourrais peut-être finir nue dans ton lit, lui dis-je d’un air détaché.
— Je ne sais pas où tu es, Joy, mais je peux te dire que si tu me retrouves ce soir dans mon lit, nue, la nuit va être courte !
— Eh bien, si tu pouvais te débarrasser de ton collègue, peut-être que je pourrais te retrouver même avant le lit, techniquement, ris-je.
Il tourne la tête de gauche à droite sans toutefois réussir à trouver où je suis.
— Attends une seconde, Joy. Jack, changement de plans, j’ai un rencard, mon pote. On se retrouve demain pour l’échauffement ! Oui. A demain ! Bonne soirée !
J’observe Jack faire la bise à mon amoureux avant de partir avec les deux filles qui restaient près d’eux. J’attends qu’ils soient suffisamment loin pour m’avancer dans la rue et accélère en le voyant sourire alors qu’il me repère enfin. Je lui saute littéralement au cou pour lui voler un long baiser qu’il me rend sans rechigner.
— Surprise, ris-je en déposant des bisous bruyants sur son visage.
— Eh bien ! Qu’est-ce que tu fais là ? Je suis trop content ! C’est un miracle ! me dit-il en me faisant tournoyer autour de lui.
— Un coup de folie, j’avais trop envie de m’endormir contre vous, beau danseur. Tu veux bien me signer un autographe ?
Je fais la moue et lui tends un marqueur avant d’ouvrir ma veste et de découvrir la naissance de ma poitrine.
— Juste là, continué-je en riant.
— Je vais te dessiner un petit cœur, mais cela a un prix que je ne fais payer qu’à mes plus jolies fans, me nargue-t-il en dessinant vraiment sur ma peau nue. Il faut m’accompagner dans ma chambre d’hôtel et y passer la nuit. Deal ?
— Hum… J’espère que tu ne fais pas cette proposition tous les soirs où tu es là, O’Brien, sinon ça va barder pour ton matricule, tu peux en être sûr, grimacé-je avant de lui tirer la langue. On y va ? Heureusement que le deal ce n’est pas de coucher avec toi, sinon j’aurais eu l’impression de me prostituer pour un dessin. Très joli, soit dit en passant.
— Joy, je t’aime ! s’écrie-t-il soudainement avant de m’embrasser à nouveau avec passion. Tu peux me surprendre comme ça quand tu veux !
Je me love contre lui, savourant son baiser, et glisse mes mains sous ses vêtements alors qu’il me serre dans ses bras. Alken passe finalement son bras autour de mes épaules et m’entraîne en direction de son hôtel. Je suis un peu soulagée qu’il soit si enthousiaste à ma surprise, et évidemment ravie de pouvoir profiter de mon amoureux pour la nuit.
J’ai payé ma dette avec un grand plaisir après qu’il s’est amusé à déballer son cadeau surprise. Une fois encore, mon danseur, malgré sa représentation du soir, est plein d’énergie et me comble de bien des manières. Une chose est sûre, cette idée était géniale, et je compte bien le surprendre encore à l’avenir en m’offrant une petite nuit d’amour à Paris en compagnie de cet homme. C’est quand même vachement mieux que notre grand lit froid sans lui.
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