63. Paiement sans contact
Joy
Je me déshabille et enfile l’un des tee-shirts d’Alken avec lequel j’ai l’habitude de déambuler à la maison. Oui, j’adore lui piquer ses fringues. Je ne sais pas ce que ça fait de moi, mais je m’en fiche. Et puis, il n’est pas là, il faut bien que j’aie un peu l’impression qu’il est présent quand même, non ?
Je claudique avec mes béquilles jusqu’à la salle de bain et me brosse les dents après m’être démaquillée. Je suis fatiguée à rien faire, c’est fou, mais les béquilles m’épuisent. J’ai beau être plutôt musclée avec la danse, je m’en sors aussi bien que Léon avec son téléphone portable. Quand je sors de la pièce, je trouve Kenzo, le portable à la main, patientant pour prendre ma place.
— Papa m’a envoyé un message, ils ont fini troisièmes.
— Oh… Mince, c’est dommage.
La petite part méchante en moi est satisfaite et j’ai un peu honte. Alken doit être déçu qu’après tant de travail, tant de galères, le résultat ne soit qu’une troisième place.
— Ouais. Il va devoir consoler Charline, elle ne supporte pas de ne pas être la première, elle doit être au bord du gouffre. Enfin, dit-il en voyant ma grimace, il va la rassurer quoi, ne panique pas.
— Hum… Bon, je file au lit. A demain, gamin, dis-je en plantant un baiser sur sa joue.
— Bonne nuit Belle-maman. A demain !
Je lève les yeux au ciel en souriant et gagne la chambre d’Alken, ou plutôt la nôtre, devrais-je dire. Je déteste me coucher seule dans ce lit, j’ai trop pris goût à le partager avec lui.
Effectivement, il m’a également envoyé un message pour me donner le résultat du concours, et les mots de Kenzo me reviennent en tête. Je ne doute pas qu’il reste correct pour consoler Charline, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une nouvelle pointe de jalousie, que j’essaie d’effacer en prenant une photo de moi au lit, cadrant de telle sorte qu’il puisse voir mes cuisses nues et mon sourire.
— Le lit est froid sans toi… Je suis désolée pour le concours, mais 3ème, c’est plutôt pas mal vu le niveau. Tu étais magnifique sur scène, Chéri. La prestation était superbe, même si ça me fait mal de le dire, vous avez dansé en symbiose, c’était beau à voir. Ne sois pas trop déçu, tu as fait ton maximum. Tu dois avoir plein de choses à faire encore, mais appelle-moi si tu veux une fois que tu es au calme.
Je remonte les draps sur moi et éteins la lumière après avoir mis mon téléphone sur sonnerie, au cas où je m’endormirais avant de recevoir son appel ou même un message. Il me répond cependant assez rapidement, amenant un nouveau sourire sur mes lèvres.
— Mon lit est encore plus froid que le tien car il n’a pas ton odeur. Merci pour la prestation. Vu les entraînements, c’est déjà pas mal en effet. Mais je suis déçu, la Reine n’a pas commenté sur mes fesses. Honteux, cet échec.
— Tu as les plus belles fesses que j’ai jamais vues, tu sais ? Avec ce petit grain de beauté, là… Ah là là, rien que d’y penser, j’ai envie de les peloter ! La Reine a dû oublier ses lunettes.
— Je pense que ça mérite une Révolution ! :) Moi aussi j’ai envie de te peloter les fesses. Tu veux faire une visio ?
Je ne réfléchis pas vraiment et rallume la lumière en l’appelant. Alken ne met pas bien longtemps à décrocher et je le découvre torse nu, assis sur son lit, les cheveux humides et ébouriffés. Je me cale sur l’oreiller en baillant et l’observe alors qu’il reste lui aussi silencieux. C’est fou comme, même en le voyant quotidiennement, même avec le temps qui passe à une vitesse folle, je ressens encore ce petit truc dans mon ventre, je sens encore mon cœur battre plus vite quand je le vois. J’ai cette envie stupide de sourire et celle, bien moins agréable vu la distance qui nous sépare, de me blottir contre lui et de sentir sa peau contre la mienne.
— Je peux parler ? Personne aux alentours qui risquerait de nous démasquer ? dis-je, le sourire aux lèvres.
— Non, je suis seul, ma Chérie. Nous sommes tranquilles. Charline est en train de pleurer dans sa chambre, mais moi, je suis content car je peux te parler, enfin !
— Elle pleure ? La pauvre… Ce ne sera sans doute pas sa seule défaite, il va falloir qu’elle s’y fasse. Vous avez fait une belle prestation, j’espère qu’elle arrivera à dépasser sa peine pour voir le positif. J’ai hâte que tu rentres, Alken, tu me manques.
— Toi aussi tu me manques. Et je suis sûr qu’avec toi, j’aurais gagné… Mais bon, c’est la vie. La prochaine fois, on fera un concours à deux, ça te dit toujours ?
— Avec des si, on referait le monde. Mais je suis toujours ok pour un concours à deux, quand tout sera rétabli, dis-je en repoussant la couette pour diriger la caméra sur mes jambes nues et ma cheville. Pour l’instant, je ne suis pas bonne à grand-chose, mais j’ai réussi à faire passer l’aspirateur à ton fils, c’est déjà ça.
— Ah oui, tu fais des miracles ! Et… Jolies jambes, ma Chérie. Je peux voir le reste ?
— Bien sûr, dis-je en lui montrant le haut de mon corps, couvert du tee-shirt. Voilà Monsieur !
— Moi, je te montre mon torse nu, tu ne trouves pas que c’est pas très juste de tout cacher comme ça ? s’amuse-t-il à me faire remarquer.
— Je ne vois pas en quoi, non, ris-je. Pourquoi tu trouves ça injuste ? Je ne t’ai pas demandé de décrocher à moitié nu. Ou… Entièrement, même ?
— Si tu veux vérifier, il faut payer, ma Chérie. On n’a rien sans rien !
— Ça ne m’intéresse pas de savoir, en fait. J’ai l’essentiel sous les yeux, Prof. Ta belle gueule, ton sourire craquant, et ce torse sur lequel j’adore m’endormir. Je me satisfais de ce que j’ai, tu vois ?
— Ah oui ? Tu n’es pas drôle toi. Ni exigeante… C’est dommage, car il y avait peut-être une surprise sous la couette. Mais bon, tu n’aimes pas ça, les surprises, je crois, sourit-il en grand.
— Rassure-moi, t’es quand même pas à poil alors que l’autre folle dort dans la pièce d’à côté ? ris-je, mi-amusée, mi-sérieuse.
— Je ne peux pas te rassurer si je ne suis pas payé, moi. Et je suis dans une pièce fermée, je peux me tripoter comme je veux, si tu vois ce que je veux dire !
— Je ne paie pas sans avoir vu la marchandise en amont, Monsieur O’Brien. Donc… Il va falloir faire des concessions, mon Chéri.
— La marchandise ? Je peux vous dire que le magasin est bien achalandé, rigole-t-il en soulevant la couette et en pointant la caméra sur ses fesses nues.
— Joli matos, souris-je. Bien, puisque tu as accepté de faire une concession…
Je dépose le téléphone contre la lampe de chevet en m’assurant que le cadrage est bon et m’assieds pour enlever mon tee-shirt. Après quelques secondes les seins à l’air, je me rallonge et remonte le drap avant de récupérer mon téléphone.
— Ah oui, c’est bien ce dont je me souvenais. On ne fait pas mieux sur Terre ! Mais il y a un souci, là, ma Belle Joy.
— Quel est le problème, mon chat ? Tu es loin et seul dans ton lit ? Je te rassure, je suis seule et frustrée aussi.
— Oui, je suis seul et tu as lancé la machine. Elle risque la surchauffe là… C’est grave Docteur ?
— Il va falloir prendre une bonne douche froide alors, j’imagine, mon pauvre. C’est dommage de gâcher un bon démarrage, mais pas trop le choix…
— Vivement demain soir qu’on se retrouve ! Si tu savais comme j’ai hâte… Et comme j’ai envie de toi…
Je lui souris et repousse la couette avant de diriger la caméra sur le bas de mon corps nu. J’essaie de viser juste sur le cadrage alors que je caresse mon ventre et descends sur mes cuisses. J’espère que c’est sensuel et pas ridicule, mais en tous cas, cela fait grimper mon excitation de le savoir en train de me regarder.
— Tu as hâte de rentrer ? Pourquoi donc ? lui demandé-je en retournant la caméra pour le regarder.
— Pour pouvoir mettre cet engin là où tu viens d’appuyer, répond-il en me dévoilant son anatomie bien dressée devant mes yeux et en la caressant sans pudeur.
— Obsédé. Dire que j’ai hâte que tu rentres pour que tu puisses tout me raconter de ton voyage, et toi tu ne penses qu’au sexe. Tu devrais avoir honte, dis-je avant de gémir alors que je joue avec mon clitoris.
— Demain, je te raconte toutes mes folles aventures avec la Reine, mais là, j’ai une autre Princesse en tête, sourit-il. J’ai tellement envie de me sentir tout dur au fond de toi… Ce serait tellement bon… Tu imagines ? Moi qui vais et viens entre tes jambes. Qui te remplis et qui s’apprête à jouir au fond de toi ?
— J’imagine très bien oui, murmuré-je en inversant la caméra de mon téléphone pour qu’il puisse voir que je me carresse. Et si tu pouvais éviter de parler de la Reine alors que je t’imagine en train de me faire l’amour, ce serait cool. Enfin, de toute façon, je t’imagine sous moi, tes mains sur mes seins et le plaisir qui nous envahit...
— Oh, Joy, que tu es belle quand tu me domines comme ça, que mes mains se posent sur toi et t’aident à me chevaucher. J’accélère le rythme de mes coups de reins alors que tu me fais de plus en plus envie… MMmm, gémit-il doucement.
— J’ai envie de sentir tes mains sur moi, Alken, ta bouche sur mes tétons. Et follement envie de te sentir jouir en moi. J’aime tellement quand tu me remplis d’un peu de toi, dis-je en accélérant les mouvements sur mon clitoris.
— J’ai envie de toi, Joy. Tu m’excites tellement… Tu vas me faire jouir tellement tu es excitante. Tu es si belle… Je t’aime, Joy. C’est tellement bon ce plaisir que l’on partage ensemble…
Ses mots me font partir rapidement. Mes doigts caressent mon clitoris avec vigueur et j’ai à peine le temps de l’avertir que je jouis sans contenir mes gémissements.
— Je t’aime, Alken, je t’aime tellement, murmuré-je alors que je sens encore mon corps se contracter sous l’effet du plaisir. Je veux te voir jouir, Chéri, comme quand tu es en moi et que tu me remplis de toi.
Je sais qu’il adore ça. C’est un peu primaire, presque animal, je trouve, mais moi aussi j’aime particulièrement le sentir se déverser dans mon antre. Je trouve ça terriblement excitant.
— Oh oui ! Je vais te remplir de mon sperme ! Te faire mienne ! Mmm, gémit-t-il alors que je le vois exploser entre ses doigts.
Ça aussi, c’est terriblement excitant. Le voir jouir rien qu’en nous imaginant tous les deux. C’est d’un érotisme fou, et c’est hyper satisfaisant, aussi. Parce que plutôt que d’aller se faire plaisir avec une autre, il s’enferme dans sa chambre et nous jouissons ensemble, même à distance. J’adore, même si j’aurais évidemment préféré qu’on soit l’un avec l’autre.
Nous restons silencieux un moment après avoir remonté nos téléphones à hauteur de visage, le sourire aux lèvres, les yeux dans les yeux.
— Me faire tienne, hein ? Rien que ça ? ris-je. Ça devrait m’énerver, mais en fait ça me plaît bien… Je suis déjà toute à toi, Prof, rien qu’à toi.
— Je t’aime, Joy. Tu m’excites tellement que je ne sais plus ce que je dis. Et moi aussi, je suis tout à toi. Rien qu’à toi. C’est si fort, tout ce que je vis avec toi. Si intense, tout ce qu’on vit ensemble.
— Maintenant que j’ai goûté à la vie avec toi, je ne me vois pas m’en passer, tu sais. C’est trop fort pour être possible, je crois, dis-je en remontant le drap sur moi. J’aimerais pouvoir m’endormir dans tes bras, après un orgasme, c’est dur de se retrouver seule au lit.
— Eh bien, ferme les yeux et imagine-moi près de toi, tout collé contre toi, prêt à te faire passer la nuit dans mes bras, jolie femme de mes rêves.
Je lui pique son oreiller et pose ma tête dessus en fermant les yeux, le sourire aux lèvres. Ça sent lui, son shampoing, son odeur, et si je fais un effort, j’ai presque l’impression de pouvoir sentir son corps contre le mien.
— Bonne nuit, Amour. A demain.
— Bonne nuit, jolie Fée. Je viens te rejoindre dans tes rêves.
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