Chapitre 37 - Le début des hostilités

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Les Drinvels étaient restés au dehors de la grande salle. Enki s'avança, lentement. L'épée avait dû se trouver ici. Le sol avait déjà commencé à pourrir, dégageant une odeur peu ragoutante. Les ténèbres s'échappaient doucement. Le chef des Drinvels avança jusqu'à l'endroit exact où elles sortaient. Une petite faille se trouvait au sol.

— Alors c'est ici.

Sa voix résonna dans la salle vide. L'elfe retira ses gants et lentement, posa sa main sur la faille. Il ne se passa rien.

— Quel imbécile ! Et j'ai cru ses histoires !

A l'instant même où il prononça ses mots, son bras commença à pourrir de l'intérieur. Etrangement, Enki ne ressentit aucune douleur. Il regardait son bras devenir noir, surprit. Son corps brûlait de l'intérieur. Son autre bras commença à pourrir lui aussi, rapidement suivit du reste de son corps. Mais il ne souffrait pas. Il n'était pas en train de mourir. C'était une renaissance. C'est ce qu'elle lui avait dit.

— Est ce que tout va bien ?

C'était l'un des Drinvels qui venait d'entrer dans la salle. Enki rabattit sa capuche sur son visage. Sans tourner la tête, il répondit.

— Parfaitement.

Cette fois ci, Enki ne ferait pas d'erreurs. Il sera fortement son épée entre ses doigts squelettiques.

— Bientôt, ces imbéciles seront tous massacrés sans aucune pitié.

Les autres Drinvels se rapprochèrent de lui.

— Nous attendons vos ordres. Dites un seul mot et nous iront les tuer jusqu'au dernier.

L'elfe eut un sourire carnassier. Sans se tourner vers ses hommes, il hurla presque :

— Tout ce qui vit va mourir dans les heures à venir !

Les ténèbres engloutirent les êtres vivants qui se trouvaient là. Pas un seul Drinvels n'avait compris ce qui venait de se passer. La mort les avait fauchés en quelques secondes. Enki observait le spectacle des corps désarticulés qui tombaient sur le sol, et un rire dément avait retentit dans la salle.

Jaelith soupirait. Elle était à la fenêtre et sentait la chaleur du soleil sur sa peau et un vent frais qui caressait son visage triste.

— Je ne t'avais jamais vu aussi triste avant.

La voix claire de Feiyl la sortit de sa rêverie.

— Peut-être parce que je n'avais pas de raison d'être triste. Je suis inquiète. J'ai peur qu'il n'arrive un malheur à Freyki.

— Il sait se battre. Je te rappelle qu'il a tenu tête à un dragon noir.

— Je le sais bien, mais je ne peux pas m'en empêcher.

— Tu devrais penser à toi Jaelith. Essaie de te reposer un minimum.

La jeune femme tourna son visage vers le dragon.

— J'arriverai à me reposer que lorsque je saurais que Freyki va bien.

— Moi aussi je suis inquiet. Pourtant je ne te le montre pas.

Jaelith sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle savait que quelque chose allait arriver. Son amant allait sûrement se battre avec Enki. A cet instant, quelqu'un entra dans la chambre. Au bruit de ses pas, la jeune femme le reconnu aisément.

— Grand sage, vous n'êtes pas partit avec les autres ?

— Je serais inutile là-bas. Autant que je reste à vos côtés pour vous protéger au cas où, princesse.

— Princesse...

Elle avait répété ce mot. Ainsi, elle avait toujours ignoré que son père faisait partie de la famille royale. Pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé ?

— Cessez de m'appeler ainsi, j'ai un prénom.

— Mais votre rang exige que...

— Je me fiche de mon rang. Je suis juste Jaelith. C'est tout.

— Très bien.

Kerninos regrettait que la jeune femme renie sa lignée de cette manière. Il le lui fit remarquer.

— Pour notre peuple, vous serez toujours la fille du prince Jaelen Lokliar. Vous ne devez pas l'oublier.

— Le problème n'est pas d'oublier ou non. Si je le pouvais, j'échangerai ma place avec la première personne venue. Etre roi ou empereur, c'est gouverner tout un peuple, assurer sa sécurité, et faire un trait sur sa liberté.

Les ruines de Castelfay étaient enfin en vue. Elrynd tourna sa tête vers ceux qui étaient rassemblés derrière lui. Ils devaient être un peu plus d'une centaine, humains et elfes confondus. Pourtant, le jeune homme avait un très mauvais pressentiment. Il avait entendu parler rapidement de cette épée sacrée, Anh’Feiyl. Il avait compris qu’il y avait un prix à payer, et que ce prix était répugnant. Combien de vies allaient-elles disparaitre aujourd’hui pour ramener la paix et empêcher les ténèbres de sortirent de leur prison ? Une main se posa sur son épaule.

— Ce n'est pas le moment de penser aux horreurs qu'il pourrait arriver dans le futur. C'est le présent qui est important, général Kervalen.

La voix de Gareth se voulait rassurante, mais le général n'arrivait pas à se faire à cette idée. Il avait cru comprendre que l'épée que portait son souverain demandera des vies en échange du scellé des ténèbres. Il se demandait combien de personnes devraient la donner et frissonna.

Freyki, dans son armure, faisait le vide dans son esprit. A chaque fois, il repensait à la femme qu'il laissait derrière lui. Il espérait qu'elle soit en sécurité. La seule chose qu'il voulait, c'était terminer ce qu'il avait à faire ici et rapidement revenir à ses côtés. Il serra ses doigts sur le poignet de Anh'Feiyl. Reposer l'épée, mettre Enki hors d'état de nuire et signer un traité de paix avec les elfes étaient ses objectifs principaux.

L'apprentie paladin se trouvait au milieu d'autres combattants. Quelque chose lui disait de fuir. Une impression pénible qui s'accentuait à chaque fois qu'elle avançait vers les ruines. Il y avait quelque chose de terrible là-bas. Quelque chose dont elle avait instinctivement peur. Frederik secoua la tête et se redonna du courage. Elle était forte, elle avait la lumière à ses côtés. Elle pourrait protéger ceux qui lui étaient chers. Elle leva la tête et aperçut le dos du général qui se trouvait une dizaine de mètres devant elle. Elle le protègerait, quitte à y perdre la vie.

Enki leva la tête vers ce qu'il restait du plafond de la salle. Dehors, il y avait tant de vies qui attendaient d'être détruite par ses soins. Ce qui ressemblait à un sourire apparut sur son visage ravagé par la pourriture. Lentement, il avança vers les restes de la grande porte et les aperçut au loin. C'était une petite armée qu'il y avait là, et à sa tête, le roi loup. Une ombre noire glissa sur le sol et se dirigeait vers les vivants.

Jaelith sentit son cœur s'arrêter et manqua de tomber. Feiyl s'approcha d'elle, inquiet.

— Tu as mal quelque part ? Tu veux que j'appelle le prêtre ?

— Non... C'est Freyki...

Elle tourna la tête vers l'adolescent.

— Il y a quelque chose de terrifiant dans les ruines de Castelfay. Freyki va mourir. Il va mourir si je n'y vais pas.

— Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne dois pas bouger d'ici !

— Freyki risque sa vie et je devrais rester là à me tourner les pouces ?

— Je... Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Le dragon secoua la tête. Sa voix claire résonna :

— Je vais aller là-bas. Je vais les aider. Je suis un dragon, je ne vais pas mourir si facilement.

— Feiyl...

La jeune femme s'était mise à pleurer. Il tenta de la rassurer.

— Tout ira bien. Le roi loup reviendra sain et sauf. Je te le ramènerais.

L'adolescent se releva. Il allait devoir prendre cette forme qu'il détestait pour arriver le plus vite possible auprès de ses camarades.

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