Chapitre 41 - Une nouvelle vie (Fin)
Le soleil brillait de mille feux. Sa chaleur ne suffisait pourtant pas à réchauffer le sol couvert de neige que la nuit avait apportée. L'humeur était pourtant à la fête, et ce, seulement deux mois après la destruction du monstre qu'était devenu Enki. La cité d'argent retrouvait enfin la vie qu'elle connaissait depuis des années. Mais le calme n'était qu'apparent. Une vive joie habitait toutes les personnes qui se trouvaient ici. Et aujourd'hui était un jour de fête bien particulier. Un mariage allait sceller la paix entre le royaume humain et celui des elfes.
C'était sans grande surprise, car tout le monde connaissait l'avis de la princesse à ce sujet. Et tout le monde connaissait l'amour qu'elle portait à cet humain. La cérémonie devait avoir lieu au temple du Dieu Cerf. Ce dernier était plein à craquer, car tout le monde voulait assister à cette union hors du commun.
Au bout de quelques minutes, le silence se fut enfin. Dans l'encadrement de la grande porte, ils étaient apparus. Jaelith portait une robe de soie blanche. Ses épaules étaient nues, laissant apparaitre sa peau pâle. Les longues manches faisaient apparaitre le bout de ses doigts fins. Une ceinture discrète en argent faisait ressortir sa silhouette. La rondeur de son ventre apparaissait à présent, ne laissant pas un seul doute sur son état. Ses longs cheveux dorés avaient été ramenés en arrière, formant un chignon rattaché avec des chaines d'argent.
Elle tenait Freyki par le bras et semblait radieuse. Ce dernier ne pouvait détacher son regard du sien, et tous deux s'avancèrent lentement vers l'autel. Le roi Loup avait été habillé plus simplement. Une tunique d'un bleu profond agrémentée de broderies dorées rappelait les tenues elfiques. Sa ceinture était ornée d'une tête de loup en argent. Ses bottes de cuir élégantes remontaient sous ses genoux.
Les deux jeunes gens s'arrêtèrent devant l'autel où les attendaient Siara. Cette dernière portait une robe de soie blanche, mais qui se trouvait être de coupe beaucoup plus simple que celle de sa nièce. La sœur de l’impératrice avait pris la place de cette dernière après une courte cérémonie qui avait suivi les funérailles de Sidan. D'une voix forte, elle lança à l'assemblée présente.
— Aujourd'hui est un jour qui restera gravé dans les mémoires. Nous sommes ici rassemblés pour parfaire l'union de Jaelith Librevent, descendante de la famille Lokliar, et du roi loup Freyki Ewall Nenvel. Si une personne à quelque chose à redire et qui souhaiterait empêcher ce mariage, qu'il le dise maintenant ou qu'il se taise à tout jamais.
Siaraliane fit une pause en parcourant l'assistance du regard. Un silence pesant s’était installé. Personne ne parlait.
— Puisqu'il n'y a aucun empêchement, je laisse la parole au grand sage.
Kerninos s'était avancé vers les deux futurs époux. Il tourna sa tête vers le balafré et sa voix résonna, douce et forte.
— Que la bénédiction du Dieu Cerf vous soit offerte à cet instant.
Le sage se racla la gorge et enchaîna.
— Jaelith Librevent, descendante de la famille Lokliar, enfant du Dieu Cerf, acceptes-tu librement de prendre pour époux Freyki Ewall Nenvel ?
La mariée tourna son visage vers l'homme à la cicatrice, lui fit un magnifique sourire et répondit simplement :
— Oui.
Kerninos se tourna vers le balafré.
— Freyki Ewall Nenvel, Roi de Fereyan, enfant de la déesse, veux-tu vraiment Jaelith Librevent pour épouse ?
— Oui.
L'elfe tendit les mains vers les époux et leur prit la main gauche. Il place la main de l'humain dans celle de la jeune femme et lui demanda :
— Jaelith Librevent, je te remets Freyki Ewall Nenvel comme époux pour que tu le gardes auprès de toi et que tu lui conserves ta foi. L'acceptes-tu ainsi ?
— Je l'accepte.
Puis inversant le geste et plaçant la main de la jeune fille dans celle du jeune homme, le sage demanda :
— Freyki Ewall Nenvel je te remets Jaelith Librevent comme épouse pour que tu la gardes auprès de toi et que tu lui conserves ta foi. L'acceptes-tu ainsi ?
— Oui, je l'accepte.
À cet instant, Kerninos entoura les mains droites jointes des époux.
— Gardez-vous mutuellement dans la parfaite fidélité et l'aide mutuelle, selon la règle et le dévouement du mariage.
L'elfe fit un signe de tête à Feiyl, qui se trouvait à ses côtés et ce dernier apporta les anneaux. Freyki en prit un et le passa au doigt de la jeune mariée.
— Par cet anneau, je t'épouse, au nom de la déesse.
Jaelith avait fait de même, récitant les mêmes paroles. Kerninos avait conclu :
— Je vous déclare donc Mari et Femme par les liens sacrés du Mariage. Que votre union soit le début de la nouvelle alliance entre nos peuples.
Le balafré avait alors posé ses lèvres sur celles de sa compagne sous les vivats de la foule en liesse.
Les festivités durèrent tout au long de la journée. Jaelith et Freyki furent félicités par une foule de personnes. Quand enfin le calme revient petit à petit, c’est à dire lorsque la nuit commença à tomber, la fête continua en groupe restreint. Dans la grande salle ne se trouvait qu’une vingtaine de convives en plus des jeunes mariés. L’ambiance était beaucoup plus calme, ce qui n’était pas pour déplaire au roi loup et à sa compagne. Le balafré discutait avec Kerninos et Siaraliane des conséquences politiques de ce mariage. Jaelith, quant à elle, s’était éloignée du groupe pour prendre l’air sur le balcon. Il commençait à faire froid, mais peu lui importait. Elle était heureuse au point qu’elle avait l’impression que son cœur allait exploser.
— Est-ce que tout va bien Jae’ ?
La jeune femme se tourna vers la personne qui venait de prononcer ces mots.
— Bien sûr, Elrynd. Comment ne pourrais-je pas être heureuse aujourd’hui ?
Le général s’approcha d’elle et prit ses mains dans les siennes. D’une voix empreinte de tristesse, il renouvela ses félicitations.
— Je te souhaite de tout mon cœur tout le bonheur que ce monde puisse t’offrir.
Il déposa un baiser sur le dos de sa main avant de les relâcher doucement. A cet instant, Jaelith sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle avait l’impression qu’elle lui avait brisé le cœur.
— Elrynd, commença-t-elle de sa voix douce, je suis sûre et certaine qu’un jour tu trouveras une femme pour laquelle tu seras prêt à ouvrir ton cœur.
— Oh mais je l’ai déjà trouvé, et il ne s’agit pas de toi si cela peut te rassurer. Mais il va me falloir un certain temps avant que mon cœur ne se fasse à l’idée de t’oublier.
Tout en disant cela, il tourna sa tête vers le coin de la salle où se trouvait Frederik. Elle discutait avec Feiyl et Gareth. Leur discussion semblait animée puisqu’il les vit rire aux éclats plusieurs fois. Elrynd s’inclina légèrement.
— Je vous souhaite une bonne fin de soirée, ma reine.
Le paladin s’éloigna lentement et partit rejoindre ceux qu’il observait un peu plus tôt. La jeune femme frissonna et retourna elle aussi dans la salle avec le reste des invités. Elle reconnut la démarche de Freyki qui s’approchait et sa voix rauque résonna tandis qu’il la prenait contre lui.
— Jaelith ! Si tu savais à quel point je suis heureux aujourd’hui.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’il l’embrassa fougueusement sans se soucier des personnes présentes. Leurs lèvres se séparèrent au bout de quelques instants, et le roi loup murmura à l’oreille de sa compagne :
— Ma reine ne voudrait-elle pas venir se reposer auprès de moi en privé ?
Elle savait ce que signifiait cette demande et rougit. Pourtant, elle le suivit, loin des tumultes de la fête, et tous deux s’isolèrent dans la chambre qui leur était réservée. La nuit serait longue, et à présent, ils avaient toute la vie pour s’aimer.
Chroniques de Fereyan
L'Espoir du Loup
FIN
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