Un sentiment de réalité

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J’étais abasourdi par cette lettre, je ressentais tellement de colère, de peur et de tristesse en même temps. Je n’arrivais pas à comprendre ce que tout cela impliquait. J’étais quand même un descendant du grand Léonard De Vinci. Au moins maintenant je comprenais deux choses : mon talent en dessin et le caractère de Mary. J’espérais qu’elle allait bien, et j’allais devoir prendre une décision radicale : la dénoncer ou ne rien dire. A vrai la réponse était toute trouvée, je faisais davantage confiance à Mary qu’à ce professeur ; donc pour le moment je décidais de garder cette nouvelle pour moi et de n’en parler à personne. Ni à mes parents, ni à Mary pour ne pas l’inquiéter. Si un jour elle veut m’en parler, alors je lui dirais aussi.

Cette nuit fut constellée de rêves les plus étranges les uns que les autres. Je voyais des jeunes tous de mon âge environ, on était une vingtaine environ. Mais on paraissait tous comme à moitié absent, comme si nous étions faits dans du brouillard. On se regardait tous, j’étais en face de Mary et elle me souriait. Puis chacun notre tour nous nous sommes mis à briller d’une intensité variable et de couleurs différentes. Mary brillait d’un rouge intense comme un grand feu de joie. Pour ma part, je brillais d’une lumière plus sombre et froide : un bleu nuit comme le ciel au-dessus de la ville l’été. Puis là, une flamme a jailli de chacun de nous, nous arrachant au passage un cri de douleur. Les vingt flammes se sont réunies au milieu de la pièce au nous étions, et se sont mélangées en une sphère de couleur. Enfin la douleur a cessé. Tous les vingt nous la regardions et elle brillait d’une forte intensité. La sphère tourbillonnait sur elle-même, de plus en plus. Un moment, il en devenait presque impossible de la regarder. Soudain, elle s’arrêta et l’instant d’après explosa. Le souffle de l’explosion nous propulsa contre les murs de la pièce. Lorsque nous nous sommes relevés, une chaleur nous envahit le cœur, au niveau de nos mains, nous avions chacun un symbole tatoué, comme marqué au fer rouge ; mais aucune douleur. Nous disparaissions l’un après l’autre. Lorsque j’ouvris les yeux, le jour venait de se lever sur un jour qui débutait après une étrange nuit. Comme chaque matin, je préparais mon sac, puis en m’habillant je vis un détail troublant. Et là, j’ai crié

Ma mère a fait irruption dans ma chambre, un couteau de boucher à la main (ne me demandais pas pourquoi, elle panique assez vite) Elle criait aussi me demander ce qui se passait, je ne pouvais pas lui dire la vérité donc je lui ai dit que j’avais eu peur en voyant un serpent sur le rebord de ma fenêtre (ce qui était courant ici). Elle repartit aussi vite qu’elle était arrivée. Je vérifiais que personne ne trainait dans les parages et je sortis ma main de la poche. La raison de mon cri ? J’avais un tatouage dessus. Un dessin avec un pinceau et un crayon croisé, comme celui dans mon rêve et sur la pierre que j’avais reçu la veille. Je passais mon doigt dessus, on dirait que j’avais toujours eu cette marque, légèrement en relief comme inscrite au fer rouge sur ma paume. Il avait beau faire doux dehors, je décidai de mettre des gants car je ne voulais pas que quelqu’un puisse voir cela. Je terminais donc de me préparer en hâte, descendait l’escalier au galop, manquant presque (encore une fois) de tomber. J’embrassais rapidement mes parents avant de partir eu lycée. En sortant je ne fus pas surpris de voir sortir Mary précipitamment de chez elle aussi, des gants à la main. Elle me regarda, étonnée, et elle baissa les yeux vers mes mains en souriant. Elle s’approchait de moi en sautillant, faisant tomber au passage son sac de cours duquel sortit une pierre gravée. Je la pris dans mes mains, mais avant d’avoir pu la retourner elle me la reprit assez violemment en me disant de ne pas y toucher.

« -Pourquoi ? lui demandais-je.

- ça ne te regarde pas Curtis, répliqua-t-elle sèchement.

- Je pense que si justement, dis-je en enlevant mes gants.

-Ne me dit pas que tu en es un aussi ?

- Un quoi ?

- Un talentueux. C’est comme cela que les scientifiques nous appellent. On possède tous un gène du talent. Ce qui explique pourquoi je t’ai vu en rêve.

-Tu as rêvé de moi ? dis-je en souriant.

- Quoi ? Non, ce n’est pas ce que tu crois. Tu étais là comme beaucoup d’autres, il y avait une sphère de couleur au milieu de nous.

- Oui je sais, puis la sphère a explosé et la marque est apparu en rêve. Moi aussi je l’ai rêvé, répondis-je tandis qu’elle ne sembla pas étonnée.

-Je comprends mieux maintenant. Montre voir ta main pour que je puisse voir ton dessin, dit-elle en prenant ma main dans la sienne.

-Seulement si moi aussi je peux voir la tienne.

-Très bien, répondit-elle en soupirant.

Je pris sa main également et j’enlevai doucement son gant. Je vis que sur sa paume était gravée de deux épées entrecroisées. Comme me l’avais dit le professeur Casenine, ce dessin montrait bien que Mary possédait en elle le gène du tacticien militaire, mais je feignis la surprise en le découvrant. Je lui dis que je le trouvais plutôt beau et qu’en plus sa main était toute douce (oui, c’était sorti tout seul). Elle me dit que tant que rien d’étrange ne se passait dans nos vies, il fallait faire comme si de rien n’était. J’acceptais. Puis nous avons fait le chemin ensemble jusqu’au lycée. Aujourd’hui, on organisait une réunion pour prévoir le programme de l’année prochaine. C’était généralement une journée longue, ennuyeuse mais je pense que ce jour-ci avec la présence de Mary, cela serait surement différent. Nous nous sommes assis l’un à côté de l’autre dans le grand amphithéâtre. Le discours de notre principal Monsieur Néronus, un homme d’une quarantaine d’années, très autoritaire qui savait parfaitement faire respecter le règlement au lycée, avait été (encore une fois) bien trop long. On pouvait voir une bonne partie des élèves faire d’autres activités comme lire, finir des devoirs ou même certain dormir. Comme je les plaignais ceux-là. Le principal demanda à tout le monde de sortir sans les réveiller. Une fois qu’il était seul, il prit un micro et hurla dedans pour les réveiller et leur donnant au passage trois heures de retenues. Avec Mary, nous sommes rentrés tranquillement à la maison. On discutait de tout et de rien, elle souriait beaucoup. J’observais son sourire, doux, qui irradiait d’une certaine lumière céleste et angélique. Cependant je ne lui ai pas dit, car je n’osais pas. Une fois arrivés, je l’ai salué et pendant que je commençais à monter les marches qui menaient à ma porte d’entrée, elle m’appela. Je me retournai et je la vis une marche en dessous. Elle s’est mise à mon niveau, sur la pointe des pieds, et a déposé un baiser sur ma joue. Je crois bien que je n’avais jamais autant rougi de ma vie.

« A demain Léo, me dit-elle en souriant. ». Je n’ai même pas réussi à lui répondre et ai juste baragouiné un vague au revoir, encore troublé de son geste plein d’affection et de tendresse. Je suis monté directement dans ma chambre, tellement heureux et à ce moment je me suis rendu compte d’une chose que je n’avais jamais ressenti : j’étais amoureux, j’étais amoureux de Mary. Je me demandais si un jour j’arriverais à lui dire, en tout cas il faudrait que je trouve le bon moment. Quand je m’endormis cette nuit-là, j’avais des pensées de bonheur, de peur de sa réaction et d’incompréhension.

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