Mary, Centre des Talentueux, 22h30 :

Je venais tout juste de m’endormir lorsque l’alarme sonna. C’était le signe qu’un nouveau talentueux était arrivé. On frappa à ma porte, une femme entra pour me dire que je devais m’occuper du nouvel arrivant. C’était un ordre. Bougonnant, je me levai, m’habillai rapidement et je suis tombé nez à nez avec lui devant ma porte. Il devait avoir entre 18 et 20 ans, il avait les cheveux plutôt longs pour un garçon, châtain clair, et il était assez fin. Il portait une chemise blanche avec un pull au-dessus, peu commun chez une personne de son âge, mais cela lui donnait un style. Son visage attirait la sympathie. Je fis le premier pas vers lui car il semblait déconcerté et gêné d’être ici.

-Bienvenue à toi au Centre des talentueux . Je m’appelle Mary O’Connelly et c’est moi qui vais te faire visiter et tenter de répondre à tes explications, dis-je avec un semblant de joie, faussement jouée.

-Ah, merci. Moi c’est Victor D’Artois, me répondit-il en me serrant la main. Donc toi aussi tu en fais partie ?

-Exact, moi je suis une tacticienne, dis-je en montrant les deux épées entrecroisées dans ma main. Et toi, quel est ton talent Victor ?

-Je crois que cela a un rapport avec l’architecture, vu que j’ai un tatouage avec une colonne grecque dans ma paume. D’ailleurs ça part ? Parce que si ma mère voit ça, elle va me tuer.

-Malheureusement non, il reste encré ; sinon avec un peu de fond de teint tu devrais le camoufler si tu veux. On commence la visite ?

Je lui fis donc visiter tout le complexe. On a commencé par les pièces dédiées à la pratique des différents talents , comme la salle des cartes, la salle des machines ou encore le planétarium. Il me demanda si nous étions nombreux ici. Je lui répondis qu’avec lui cela faisait deux. Il fut très surpris. En réalité nous étions quatre avant lui mais les trois autres ; les deux sculpteurs et la comédienne se sont enfuis il y a une semaine environ, juste avant mon réveil du coma. Au moins, on n’avait pas pu m’accuser d’être responsable. Nous sommes passés devant le bureau de mon père, il ne semblait y avoir personne vu que la lumière était éteinte, la porte était aussi verrouillée. Enfin nous sommes arrivés au niveau du bureau de James Casenine. La porte était entrouverte et il n’y avait pas de bruit.

-Victor ? Tu veux bien faire le guet ?

-Hein ? Pourquoi ça ? Je ne veux pas avoir d’ennui, dit-il en commençant à paniquer.

-Il ne t’arrivera rien, le dirigeant du centre est mon père, je dois juste vérifier une chose ou deux. J’en ai pour cinq minutes au maximum.

Il acquiesça en soupirant, signe que je pouvais y aller. Je comptais faire vite car je savais ce que je cherchais. Depuis plusieurs jours déjà je voulais venir. J’avais entendu certains administrateurs parlant des dossiers des talentueux, que le professeur voulait garder. Ainsi, la présence de Victor était idéale pour me couvrir. Le bureau du professeur était très ordonné, il ne supportait pas que le moindre objet soit déplacé. Il possédait une immense bibliothèque avec une vaste collection d’ouvrages scientifiques de toutes les époques ainsi que certains livres sur l’art. Un tel regroupement pourrait faire pâlir d’envie n’importe quel bibliophile.

Juste à côté, il y avait une armoire en fer, avec plusieurs casiers pour ranger des dossiers. J’ouvris le premier. Bingo ! Il y avait le dossier de Léo, Léanne, Thomas et le mien. Il y avait aussi ceux des deux musiciens, de Victor et des trois talentueux qui s’étaient enfuis. Je les parcourrai rapidement, on y retrouvait les infos de base ; adresse, habitude et relations avec les autres talentueux.

Bizarrement, le deuxième tiroir était verrouillé. Bon il fallait espérer que le professeur Casenine avait laissé ici. J’ai donc rapidement cherché dans son bureau en ouvrant les différents tiroirs, dans les poches de sa veste qui pendait à un mur. Une chose se semblait étrange : pourquoi un professeur diplômé en génétique et plusieurs autres domaines de biologie avait un livre expliquant la génétique et la science aux enfants de 7 à 12 ans. Le livre était un faux, à l’intérieur les pages avaient été coupé pour mettre une clé en fer. Je la pris et elle ouvrit l’armoire. Je trouvais uniquement deux dossiers : un rouge et un vert. Le rouge appartenait à un certain Felipe Galilei, un artiste du théâtre, âgé d’une cinquantaine d’années. Le détail troublant est qu’il était noté qu’il s’agissait d’un talentueux.

Or cela ne pouvait coller avec ce que nous avait dit James Casenine, on ne peut pas vivre aussi longtemps avec ce gène. Il faudra que je me renseigne à son sujet. C’était aussi le premier talentueux à être venu ici. Le dossier vert était plus gros. Je le prenais à peine dans mes mains quand j’entendis Victor me dire que du monde allait venir dans notre direction. Je pris le volumineux dossier, ferma le tiroir à clé et je remis la clé dans le livre. Je sortis rapidement du bureau, et nous reprîmes la visite comme si de rien n’était. Je fis un détour pour déposer le dossier dans ma chambre. Je terminais la visite en lui montrant le réfectoire, vide à cette heure tardive ainsi que sa chambre avec sa salle de bain. Il me remercia et je l’ai laissé s’installer.

Bon, que me réserve le dossier vert ? D’un pas rapide, je retournai à ma chambre. En entrant, je fermai la porte à clé et m’assis sur mon lit. Je l’ouvris solennellement. Il me fallut plusieurs heures pour tout comprendre. Les informations qui y figuraient, étaient tout bonnement impossibles et impensables et si elles étaient vraies, cela pouvait tout changer à la lutte entre le Centre et les talentueux. Je m’endormis vers trois heures du matin. Le réveil risquait d’être dur demain matin.