Piégée

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ONE SHOT - "Défi La Dame Blanche" 

 Il faisait très noir ce soir-là. Pas un rayon de lune, pas un lampadaire sur cette route de campagne perdue, et pour couronner le tout, la pluie. Drue et assourdissante, frappant le toit de ma voiture dans un vacarme ininterrompu.
 Foutue soirée. Je savais que j'aurais dû refuser l'invitation de mon amie. D'aussi loin que je me souvienne, Amanda et moi avons toujours été amies. Sauf qu'en grandissant, elle a pris tout le côté social de notre duo tandis que je me complaisait dans ma vie paisible de dévoreuse de livres. Les livres eux, ne m'ont jamais trahi, jamais regardé de travers et surtout, jamais jugé.
 Et pourtant me voilà, en route vers la maison de campagne d'une connaissance d'Amanda, apprêtée pour une soirée qui ne m'attire pas du tout, dans le seul but qu'elle me fiche la paix. J'essaie tout de même de me mettre de bonne humeur en écoutant ma radio préférée tout en essayant de trouver mon chemin sous ce rideau liquide qui m'oppresse.
 Le temps commence à se faire long. Je crois que l'atmosphère pesante me joue des tours, car j'ai cette sensation dérangeante que la route devient...monotone. Comme un décor de film qui revient en boucle, toujours le même, incessant. Les phares de ma voitures me révèlent sans cesse la même chose : l'eau, la route qui ne s'arrête pas, la forêt qui l'encadre. Encore, et encore...et ma respiration qui s'accélère...


 Un bruit soudain me sort de ma torpeur. La radio grésille et me fait sursauter. Bordel ! Entre le rire et la panique, je tente de me calmer et joue avec les fréquences de l'auto radio. Je me fais peur toute seule avec tout ça. La radio continue de grésiller, j'entends des bribes de chansons mais je n'arrive pas à la stabiliser, mes doigts sont gelés, difficile de manipuler les boutons. Finalement, la radio perd complètement le signal. Génial, manquait plus que ça, le silence. J'expire lourdement et de la vapeur sort de ma bouche. Je ne m'était pas rendu compte qu'il faisait si froid. Je mets ça sur le compte de la pluie.
 Focalisant à nouveau mon attention sur la route, je me rends compte que celle-ci s'arrête brusquement, laissant la place à une sorte de sentier de terre qui mène droit à la forêt. En somme, rien n'indique que je suis arrivée à destination. Pas de parking, pas de maison, aucune lumière en vue. Est-ce que j'aurais pris la mauvaise route ? Impossible, je n'ai pas changer de voie une seule fois depuis le début ! Je coupe le moteur,ferme les yeux et prends une grande inspiration pour me recentrer. Il doit y avoir une explication rationelle. Je suis fatiguée, j'ai dû continuer tout droit sur un sentier perdu au lieu de prendre un virage. Bien que ça me paraisse insensé, c'est la seule explication. Je me frotte le visage, déjà éprouvée par une soirée qui n'a pas commencé, et décide de faire demi-tour. Pas le choix, si je veux sortir de ce pétrin.

 J'enclenche la marche arrière, regarde dans mes rétroviseurs, et je me fige. Le froid glisse le long de ma colonne vertébrale tel un liquide visqueux et me paralyse. Derrière la voiture, se tenant debout à quelques mètres seulement, se tient une femme. Il fait trop sombre et ses longs cheveux noirs contribuent à masquer son visage, mais sa robe d'un blanc immaculée semble presque luire dans la nuit. Je n'arrive toujours pas à bouger, ni à détacher mon regard de sa silhouette. Elle ne bouge pas, elle observe. Et je suis terrorisée.

 Quelques minutes s'écoulent et me semble être des heures, quand soudain la silhouette commence à bouger. Elle semble flotter à quelques centimètres du sol...et elle vient vers moi. La paralysie laisse place à la panique. Je tente de rallumer le moteur mais comme par hasard, celui-ci refuse de coopérer. L'auto radio se met en marche, grésillant de plus belle. Allez, foutue voiture ! Démarre ! J'essaie encore de mettre le moteur en marche, en vain. Je lance un regard dans le rétroviseur. Et merde !! Elle est juste à côté, elle va passer prêt de ma portière ! Je ferme les yeux, serrant les paupières comme pour me protéger, et avec des gestes fébriles, j'essaie encore de démarrer cette foutue voiture. Je la sens approcher, je sens le froid s'insinuer de plus belle dans l'habitacle. J'ai la gorge sèche. Est-ce que je vais mourir ? Foutue soirée, foutue voiture, je savais que je n'aurais pas dû...

 Le bruit du moteur est assourdissant dans le silence qui a envahi les lieux. J'ouvre les yeux, et tombe sur une scène à laquelle je ne m'attendais pas. Je ne suis plus en face de la forêt, je suis sur le bas côté de la route principale. La pluie a cessé, la température a changé...et la femme. La femme a disparue. Le souffle court, je m'affale sur mon siège, et je fonds en larmes. C'était quoi ce truc ? Qu'est-ce qui vient de se passer ?

 J'entends mon téléphone vibrer, et d'une main tremblante, je l'attrape et le déverouille. 3 appels manqués et un message d'Amanda

 "Anna t'es où bordel ? Ca fait une heure que tu aurais dû être là, je suis morte d'inquiétude. Je t'en prie dis moi que tu vas bien".

 Une heure ? C'est impossible, tout ça n'a duré que quelques minutes. Le monde autour de moi se met à tourner, de plus en vite, et je perds connaissance.

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