Le petit pas
C'est lorsque le gouffre m'appelle
Que je pars à sa rencontre,
Entre les paires d'yeux
Brillantes.
Je me lève sous les projecteurs
Du jour qui s'ouvre sur moi
Et toujours vers l'inconnu, solennel,
Je m'avance.
La peur me broie les entrailles ;
Car qui sait ce que cachent les premiers mots ?
Les ombres à contre-jour me scrutent,
Et me jugent, frémissantes.
Je veux reculer, maintenant.
Mais un simple coup d’œil là d'où je viens
Me suffit pour comprendre
Qu'ils ont faim.
Mon regard vide croise leurs chuchotements
Impatients.
Je les supplie
En mon for intérieur, seulement
Car l'audace briserait
L'équilibre de l'instant.
Et tous me poussent sans savoir,
Ni me connaître ;
Ils n'attendent que mon baptême de la chute.
Me voilà, j'y suis,
Dressé devant eux,
Et face au vide, aussi.
Il n'y a plus de retour, à présent.
Il n'y en a jamais eu.
Plus rien n'existe
Que la terreur
Et les ténèbres, droit devant.
Il ne me reste qu'à échouer
Lamentablement.
Je tombe.
Le vide me porte.
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