Chapitre 7
Nous passons plusieurs jours à visiter les environs, profitant du beau soleil et de la température supportable. Romy et Rose ont vraiment sympathisé et la cohabitation avec Sacha se passe pour le mieux. Alex ne finit pas de ma casser les pieds. Il ne passe pas une journée sans qu’il ne m’envoie un message ou tente de m’appeler. J’ignore ceux-ci avec superbe, préférant profiter à fond de mes vacances pour l’oublier mais je ne me sens pas encore capable de le bloquer complètement. De toute façon, il serait capable d’appeler mon amie pour savoir ce qui se passe. Je n’ai pas envie de l’embêter avec cette histoire, alors je supporte tant bien que mal son comportement d’enfant gâté.
Toujours collé à nos « nouveaux amis » je n’ai pas encore eu l’occasion de parler de Sacha à mon amie. Elle tente bien d’essayer de nous accorder des moments seuls, comme le soir, lorsque chacun de nous est de retour dans nos mobil-home respectif. C’était sans compter nos journées bien rempli et nous nous endormons comme des masses après nos douches respectives. Cela me fait du bien. Avec toutes nos activités, je n’ai pas le temps de penser et cela me soulage. Les jours passent et mon cœur se soigne en même temps. Je ne remercierai jamais assez ma famille pour ce fabuleux cadeau. J’avais vraiment besoin de m’évader de la vie réelle quelque temps.
Je m’étire, assis sur mon lit, les yeux encore empli de sommeil. J’ignore à nouveau les textos de Alex, quittant ma couette pour rejoindre Rose dans notre petite terrasse. J’aime beaucoup l’ambiance douce de ce lieu et rien que de penser à notre départ dans quelques semaines me mine le moral. J’aimais déjà beaucoup la région il y a dix ans, la redécouvrir avec mes yeux d’adulte me fait encore plus apprécier les paysages de mon adolescence.
- Coucou, tu as bien dormi ? souffle doucement Rose en m’embrassant la joue, J’ai fait du café, tu en veux ?
- Pourquoi pas, merci !
Elle dépose une tasse fumante devant moi, attrapant un morceau de gâteau pour croquer dedans à pleine dent. J’avale une gorgée, me réveillant tranquillement. Je ne connais pas vraiment le programme de la journée, depuis le début, ce sont Romy et Rose qui s’attellent de choisir toutes sortes de lieu à visiter. J’interroge mon amie qui me répond avec un sourire :
- Plage, la tranquillité fait du bien parfois.
- Je ne peux qu’être d’accord.
- Nous retrouvons Sacha et Romy en début d’après-midi. Jusque-là c’est tranquille, sauf si tu souhaites faire quelque chose en particulier.
Je secoue la tête, continuant de manger mon petit déjeuner. Nous pouvons prendre le temps et cela fait du bien. J’observe le soleil éclairer de sa douce lumière les environs, il est encore tôt et peu de personne se trouve dans les allées du camping. Seul les bruits caractéristique des oiseaux berce l’air ambiant.
- Cela nous laisse du temps.
- Pour quoi faire ? Questionné-je curieux.
- J’aimerai beaucoup savoir comment tu connais Sacha et Romy. J’ai bien compris que vous aviez un passé commun.
J’acquiesce d’un signe de tête, je prends un peu de café avant de commencer à parler :
- J’ai rencontré Sacha l’été deux-milles neuf. Il connaissait déjà Romy à ce moment-là et c’est comme ça que j’ai sympathisé avec elle. Tu te souviens de mon voyage d’un mois un été ? Eh bien, c’est à ce moment-là.
- Pourquoi ne pas me l’avoir raconté à l’époque ?
- Lors de mon départ, nous avons eu le cœur brisé. Avec Sacha nous sommes tombés amoureux très rapidement. A l’époque, il possédait déjà cette personnalité solaire qui le caractérise et je suis tombé sous son charme.
- Pourquoi vous vous êtes séparé ? questionne-t-elle curieuse.
- La distance. Nous vivions chacun à l’autre bout de la France. Nous étions ado, cela n’aurait pas pu marcher alors nous nous sommes mis d’accord de se séparer sans regret à la fin des vacances.
- Je comprends. Comment tu te sens de le revoir ?
Je hausse les épaules, n’ayant pas vraiment de réponse à apporter. Nous nous n’avons aucune rancune l’un envers l’autre, nos vies ne sont pas faites pour être au même endroit, la sienne est ici et la mienne est toujours à Angers. C’est ainsi. Finalement, après avoir pris une gorgée de café, j’avoue avec difficulté :
- Le reconnaître m’a fait replonger dix ans en arrière. Dans le fond, je suis heureux de le revoir, nous nous ne sommes pas quitter en mauvais terme tu sais. Le temps a fait que le contact s’est perdu mais il est toujours le même qu’à l’époque.
- Tu as encore des sentiments pour lui ?
Je manque de m’étouffer avec ma boisson, la faisant rire, je tousse à moitié en répondant :
- Non ! Pas du tout !
- Tu es bien impatient, se moque gentiment Rose.
- Même si c’était le cas, ce n’est pas une bonne idée. Nous vivons toujours à plusieurs kilomètres l’un de l’autre et puis nous nous sommes mis d’accord lors de notre première conversation.
- Celle au bar de la plage ?
J’approuve d’un signe de tête, poursuivant le fond de ma pensée :
- Nous avons discuté et nous nous sommes mis d’accord. Il n’est pas question de revivre une séparation comme ce que nous avons déjà vécu.
- C’est tellement dommage, souffle mon amie.
- Je sais… Cela a été difficile à accepter pour nous deux.
- Vous aviez beaucoup de maturité pour des adolescents.
- Je crois que nous avons surtout été lucide.
Elle approuve sans difficulté, continuant de me poser des questions et je me replonge tant bien que mal dans notre histoire. Cela faisait des années que je ne m’étais pas remémorer cela. Malgré tout, ce sont des bons souvenirs, nous avons vécu des moments très beaux.
- Tu sais, Gabriel, parfois, avec une autre perspective les choses changent. Qui sait ce que l’avenir vous réserve, vous n’êtes plus des enfants à présent.
Lorsque l’après-midi pointe le bout de son nez, nous retrouvons Sacha et Romy à la plage du camping. Etonnamment, l’endroit est assez calme, seulement quelques familles profitent de la baignade et le bruit des mouettes s’entrechoque contre les vagues.
- Oh mon dieu ! s’exclame une voix dans mon dos.
Je n’ai pas le temps de comprendre quoi que se soit que je me retrouve allongé sur le sable chaud, Rose pliée en deux, se tenant les côtes. Je mets quelques secondes à réaliser que c’est une grosse boule de poil qui vient de foncer contre mon corps. Son pelage me dit vaguement quelque chose mais ma mémoire me joue des tours car je ne parviens pas à savoir d’où je peux bien la connaître. Un rire parvient à mes oreilles et je reconnais sans mal celui de Sacha qui me lance :
- Il semblerait que les habitudes ne changent pas quand nous croisons des Merciers.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? questionné-je en attrapant sa main.
- On leur saute dessus, rigole-t-il avec un clin d’œil.
- Très drôle, ri-je, Sérieux, c’est ton chien ?
- Tu perds la mémoire ? Heureusement qu’elle en a plus que toi. (Il marque une pause) Gab, c’est Nellie.
Surpris, je baisse les yeux, observant plus attentivement le pelage de la petite brute qui m’a fait manger le sable. A présent, assis au pied de son maître, je n’ai maintenant plus aucun mal à reconnaître la petite chipie. A part sa taille, je dois admettre qu’elle n’a pas vraiment changé. Ses yeux sont toujours aussi bleus et la couleur merle de ses poils est toujours identique.
- Je n’arrive pas à croire que tu l’as encore, soufflé-je.
- Mes parents me l’ont laissé quand j’ai quitté la maison. Après tout, c’est ma chienne.
- Celle que tu attendais temps.
Son visage s’éclaire lorsque je souffle ces quelques mots et les paroles de notre discussion me revient en pleine face.
Il est hors de question de souffrir à nouveau.
Nos deux amies assistent à notre échange sans un mot, s’éloignant pour nous laisser seuls quelques instants. Il attrape ma main, insufflant de léger frisson dans mon corps et je me gifle mentalement. Je comprends son invitation silencieuse et nous partons marcher, Nellie sur les talons.
Hormis les bruissement du sable, nous ne parlons pas vraiment, sa voix brise parfois le silence pour canaliser l’énergie débordante de sa chienne. Cela me rappelle nos soirées sur le bord de plage, il y a dix ans. Elle était encore toute petite et nous profitions de l’excuse de la sortir pour passer encore plus de temps ensemble. Parfois, Romy nous accompagnait mais elle nous laissait rapidement seuls, devinant parfaitement notre besoin de n’être que tous les deux. Comme quoi, cela n’a pas changé. Sans poser de questions, les filles nous ont laissés.
Les baisers au coucher de soleil, les pieds dans l’eau, main dans la main. C’était simple. Les amours d’étés sont sans aucun doute les plus beau.
Tellement cliché.
La plage s’étend devant nos yeux, Nellie en profite pour courir dans tous les sens, revenant à nos pieds, quémandant des caresses de temps à autre. Cette réflexion me pousse à briser la douce atmosphère qui nous entoure :
- J’ai du mal à croire qu’elle se souvient de moi. Cela fait tellement longtemps.
- Dix ans. Comment nous aurions pu oublier le compagnon de nos nuits d’été ? souffle doucement Sacha.
- Je n’en ai pas la moindre idée.
Sa main, qui n’avait pas lâcher la mienne, serre un peu plus fort mes doigts. Sa peau chaude contre la mienne me donne le tournis, les anciennes émotions me frappant de plein fouet. Décidément, Sacha Dubois, les années n’ont pas d’emprise sur ce que vous me faites ressentir.
- Si les choses avaient été différentes, tu crois que nous serions toujours ensemble ? interroge-t-il.
- Je croyais que nous ne devions pas faire la même erreur ?
Je sens ma voix s’éteindre légèrement, tant je ne comprends pas vraiment d’où provient cette soudaine réflexion.
- Je ne sais pas. Te revoir me chamboule plus que ce que je pensais.
- Je comprends… Je ressens la même chose.
- Et ton ex ?
- Je ne vois pas ce qu’il vient faire dans cette conversation, m’étonné-je.
- Pardon. C’est juste que tu sors d’une relation et je ne veux pas que tu prennes mal cette conversation.
- Sacha… C’est vraiment terminé avec Alexander. J’ai été trahis et mes sentiments pour lui ont disparu à la seconde où je l’ai trouvé dans ce lit avec quelqu’un d’autre. Ce que je ressens pour toi, c’est… Etrange.
Il hoche la tête, caressant la tête de Nellie avant de s’asseoir sur le sable, face aux vagues qui viennent à intervalles réguliers. Le son de la mer m’apaise un peu et j’attends patiemment sa réponse. Je l’imite et il attrape mes doigts encore une fois.
- Les anciennes émotions se mélange aux nouvelles en même temps que j’apprends à connaître ce que tu es devenu.
- C’est pareil de mon côté, avoué-je.
- Tu sais, Gabriel, dès le premier jour, j’aurai dû savoir qu’il était impossible pour moi de ne pas tomber pour toi à nouveau. Malgré le temps qui passe, tu es toujours le garçon de quinze ans dont je suis tombé amoureux et j’ai la sensation que ce n’est pas dix ans qui ont changés cette vérité.
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