Encore des pâtes!

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Et voilà! Nous nous sommes disputés une fois de plus. Je lui avais promis un petit plat spécial, et il est parti en claquant la porte, furieux que je puisse lui proposer "encore des pâtes". Mais ça n'a rien à voir! Je n'ai pas pu lui expliquer quoi que ce soit, il est monté sur ses grands chevaux. Les reproches ont fusé de part et d'autre, et je me retrouve seule dans la cuisine devant ma casserole d'eau.

Puisque c'est comme ça, je vais me faire plaisir. Après cet accrochage, il ne m'approchera pas avant plusieurs jours. Donc je peux me lâcher sur la dose d'échalote. Elle est émincée, hachée menu. Je passe mes nerfs sur elle. Après tout, plus c'est fin, meilleur c'est.

Le bouillonnement de l'eau me rappelle à l'ordre. Il est temps d'ajouter les pâtes, de sortir une poêle et la boîte de sardines.

Tout en vidant l'huile de la boîte dans la poêle, je maugrée contre cet imbécile. Qu'il aille se faire cuire ce qu'il veut! Je ne partagerai pas mon plat.

Le chat m'observe avec insistance depuis que l'odeur de poisson l'a sorti de sa léthargie.

Je saupoudre un peu de gingembre. Tiens, parlons-en: à part ricaner que c'est aphrodisiaque, il n'y connaît rien. Qui achète du gingembre en poudre quand il peut en avoir du frais? Je peux m'en accommoder, mais ce serait meilleur avec des morceaux ultrafins, fraîchement découpés.

J'ajoute machinalement l'échalote, puis je me précipite sur le thermostat. Ce n'est pas le moment de tout faire brûler pour un coup de sang. Je réduis la température sous les pâtes et l'huile. Ce soir, je fais les choses bien. Je m'offre mon péché mignon.

J'ouvre hâtivement le placard pour me gâter avec pignons de pin et raisins secs. Juste une poignée, un petit peu, mais pas trop. Dans la famille, on cuisine à vue de nez. Les recettes s'écrivent au dos d'une enveloppe et on s'embarrasse rarement d'un verre-doseur. J'ai appris à évaluer à la main.

Mes ingrédients vont rejoindre le contenu de la poêle.

À petits coups de fourchette, je déloge les sardines dont la chair s'émiette sur la surface chaude. Le chat est monté sur une chaise pour superviser le déroulement des opérations. Il sent que je vais passer aux choses sérieuses, puisque les pâtes sont cuites.

Il a raison, il n'y a plus une minute à perdre. Je sors mes couverts, puis je m'occupe d'égoutter les pâtes. La vapeur d'eau me mord les doigts en passant sur le couvercle, ravivant ma colère. "Encore des pâtes!" Sombre crétin...

Je dresse mon assiette: des pâtes, auxquelles j'ajoute les sardines. S'il en reste assez, je pourrai me servir plusieurs fois et le plat restera chaud. Sel, poivre, tout y est. À table!

Au moment de m'asseoir, je m'aperçois que j'ai oublié le citron confit. Évidemment, je suis à demi devant les fourneaux, et à demi en train de me disputer.

Toi et tes lubies!

Ca n'a rien d'une fantaisie, c'est l'ingrédient qui vient faire la différence.

Le temps de débiter un quart de citron en petits cubes, et je retrouve le chat devant mon assiette, visiblement contrarié. Eh oui, c'est trop chaud pour les petits museaux curieux! Je m'installe en bout de table avec un léger sourire. J'ai tout ce qu'il me faut: mon petit plat chaud et la paix pour le savourer.

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