La cours des murmures

de Image de profil de Héloïse S. MrchllHéloïse S. Mrchll

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« Dépêchons ! Nous ne pouvons perdre plus de temps. »

Emyl détourne les yeux des toiles en dépit de son envie de rester et suit le veilleur, qui s’éloigne silencieusement et pénètre le corridor. Ils quittent tous deux le boudoir des rêves et cheminent, toujours en silence, jusqu’un croisement poinçonné d’enseignes directionnelles. Le veilleur continue son chemin, n’hésite nullement. Emyl, inversement, se fige un moment et jette un oeil vers les enseignes. « Cours des murmures » indique l’une d’elle, celle qu’emprunte présentement le veilleur. Intrigué, le jeune homme se dépêche de rejoindre le veilleur.

Le corridor prend fin brusquement, et s’ouvre sur une cours immense, le sol revêtu de briques grises. Du reste, l’endroit est vide de tout ornement divers. Toutefois, une mélodie insolite, d’une source inconnue, se joue en ces lieux. Une fois de plus intrigué, Emyl se fige, tend l’oreille. Il s’en rend compte brusquement, ce qu’il entend n’est guère une mélodie. Ce sont des voix, des voix mêlées, quelques unes très douces, quelques distinctes plus sonores. Des voix d’hommes, de femmes. Des jeunes, des plus mûres, enchevêtrées en une mélopée dont Emyl ne comprend guère les mots. Le veilleur se rend bien compte que le jeune homme ne le suit plus. Il se fige, se retourne, l’observe.

« Que sont ces voix ? s’enquiert Emyl.

— Des secrets, répond le veilleur. Les secrets des mortels. Ceux qu’ils chuchotent loin des yeux, les prières, les colères silencieuses, les mystères de leur coeur.

— Que disent-ils ?

— Pour les comprendre, petit, tu te dois de les écouter », dit le veilleur.

Emyl hésite un moment, puis il se penche lentement, pose quelques doigts sur les briques, s’étend sur le sol et y pose l’oreille Le murmure qu’il entend est celui d’une petite fille. Elle prie. Elle sollicite Dieu, le supplie de veiller sur son père, en guerre. Emyl se redresse, s’immobilise. Le veilleur voit l’expression perplexe, presque concernée du jeune homme, et chemine vers lui.

« Eh bien, petit ? interroge-t-il.

— Que devient le père de cette petite fille ? » questionne Emyl.

Le veilleur reste silencieux, refuse de répondre, puis y consent.

« Je l’ignore, révèle-t-il. Seul le berger du Temps possède ce renseignement, et ceci doit rester tel quel. »

Quelques minutes défilent, il ne les voit guère s’éloigner. Il se relève enfin, reste encore immobile. Le veilleur s’éloigne. Emyl se résigne et le rejoint.

« Tu ne dois nullement t’inquiéter de ces choses, le sermonne le veilleur. Les histoires des mortels ne nous concernent en rien. Nous, nous sommes les protecteurs de leurs existences, de leurs rêves, leurs souvenirs. Les protecteurs de ce qui est révolu, du présent, du futur. Toutefois nous ne pouvons nous mêler de tout ceci, ils concernent les mortels et eux seulement.

— Pourquoi moi ? questionne le jeune homme du bout des lèvres.

— Je suis vieux, spécifie le veilleur. Mon rôle ici prend fin, il est plus que temps pour moi de déguerpir.

— Où irez-vous ?

— Où vont tous les esprits, petit. »

Emyl soupire, s’enquiert pour une fois de plus fois pourquoi ce rôle lui échoie. Il est si préoccupé qu’il ne s’inquiète guère l’endroit où le mène le veilleur. Il ne sort enfin de ses pensées que pour se rendre compte qu’il se trouve près d’une serre splendide, où pousse une flore prolifique en tout genre.

« C’est le dernier endroit que nous visitons. Le biodôme des espoirs. Nul besoin de préciser ce qu’il contient, mmh ? C’est le plus bel endroit de ces lieux, selon moi. Celui que je préfère, et de loin. Dépêchons, nous ne pouvons nous éterniser plus encore. Quelqu’un désire te voir.

— Qui donc ?

— Le Big Boss. »

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Table des matières

En réponse au défi

Jeux ParaOulipiques N°2- Épreuve rituelle

Lancé par essaime
"Une seule lettre vous manque et tout est dépeuplé". N'est-ce pas ainsi que se lamentait La Martine ? Pour ce second défi, je vous propose un grand classique des défis Oulipiens : le lipogramme... du A ! Il s'agit donc d'écrire une histoire sans utiliser une seule fois la lettre "a", la deuxième lettre la plus utilisée en français après le "e". Saurez-vous relever ce défi ? Quel niveau P*r*Oulipien pourrez-vous dépasser ?

Réponse attendue : une histoire avec quatre niveaux de difficulté en terme de longueur :
-Novice du a : 250 mots
-Fervent du a : 500 mot
-Professionnel du a : 1000 mots
-Héros du a : 1500 mots (6 pages environ)

Difficulté : moyenne à difficile

Appréciation : absence de "a", longueur du texte, originalité, cohérence de la lecture, relation avec le thème du lipogramme et de l'absence du A. La contrainte technique n'est là que pour servir une histoire et votre imagination…

Remarque : toutes les réponses au défi sont les bienvenues, toutefois elles ne pourront plus être prises en compte par le jury pour le palmarès des Jeux ParaOulipiques dans la mesure où la date limite de remise des textes du défi N°2 était le dimanche 25 septembre minuit. Voir la communauté des jeux pour les règles : https://www.scribay.com/communities/community/124/les-jeux-paraoulipiques-de-scribay

Commentaires & Discussions

La cours des murmuresChapitre7 messages | 8 ans

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