Dimanche 19 décembre
J'ai attendu son appel toute la journée. A 18h mon portable finit par sonner. C'est Karim ! Il quitte à peine l'hôpital et me demande s'il peut venir me voir. J'y consens. Je me rafraîchis le visage. Je n'en ferai pas plus aujourd'hui. Je n'ai même pas envie de me maquiller. Le cœur n'y est pas. Je sais que cette conversation n'aboutira à rien pour nous deux. Même s'il ne s'est rien passé entre Tom et moi, les photos du détective laissent penser le contraire et la facilité avec laquelle il m'a dupée ne m'aide pas franchement.
Dix minutes plus tard, Karim arrive déjà. Ses yeux cernés de noir témoignent d'une extrême lassitude. Je lui propose un café qu'il s'empresse d'accepter. Nous nous installons sur le fameux canapé et je lui demande des nouvelles de Daliah :
« Comment va-t-elle ?
- Beaucoup mieux. On lui a posé une voie veineuse pour pouvoir lui administrer des médicaments au cas où... Elle a ingéré du GHB. Sa mère, ma soeur, est avec elle. Je m'en veux tellement.
- Ce n'est pas de ta faute. dis-je en posant ma main sur son épaule.
- Je n'aurais pas du l'emmener là-bas... mais l'ambiance y est plutôt bonne enfant d'habitude. Elle discutait avec un gars pendant que je dansais. Je pense que c'est lui qui lui a filé la drogue. Vingt minutes plus tard elle commençait à se comporter bizarrement. Ça a débuté par des vertiges et des nausées. J'ai d'abord cru qu'elle avait trop bu. Nous sommes sortis prendre l'air et là j'ai compris qu'elle avait des hallucinations... puis vous êtes arrivés !
- C'est dingue ! Heureusement que tu as su réagir rapidement ! Ne t'en veux pas Karim ! La personne qui lui a fait ça aurait pu lui faire pire !
- Oui sûrement... Ma soeur m'a tenu le même discours... Bref écoute je voulais juste te remercier. Je ne te dérange pas plus. Au revoir Tamara. » conclut-il avant de se lever pour partir.
Brusquement, j'attrape son poignet avec véhémence. Il se retourne. Nous sommes tous les deux surpris par ce geste. Je dois improviser une explication . Vite !
« Oui ! Non ! Je voulais juste te dire que Jacques est prêt à retravailler avec moi... avec nous !
Il se rassoit.
- Et Tom?
- Exit Tom ! Jacques a découvert ses manigances.
- C'est une bonne nouvelle. On devrait fêter ça. »
Il se lève de nouveau mais cette fois-ci pour ouvrir mes placards. Toujours aussi peu gêné ! Je le suis alors pour lui demander ce qu'il cherche. Il finit par mettre la main sur une bouteille de Monbazillac qu'il ouvre avant que je n'ai eu le temps de dire quoique ce soit. Devant mon air outré, il ajoute : « Ne fais pas cette tête, je t'en achèterai une autre. Je te dois au moins ça. » Résignée, je sors deux coupes et nous trinquons au retour de Jacques Dakota. En dépit des fâcheuses circonstances qui l'ont amené chez moi ce soir, je suis heureuse. Je me sens bien avec lui. Son large sourire laisse d'ailleurs penser que lui aussi. Dans un ultime élan d'espoir ou peut-être poussée par les effets de l'alcool, je tente quand même un dernier essai :
« Écoute Karim, il ne s'est rien passé entre Tom et moi. Oui j'ai cru qu'il était sympa mais... c'est tout. Je... »
Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase et m'embrasse fougueusement. Je lui rend pleinement son baiser. Il m'attrape ensuite par les hanches et m'allonge doucement sur le sofa. Il plaque son torse fort et musclé contre ma poitrine, me regarde longuement dans les yeux puis me murmure : « Tu m'attires depuis la première fois que tu as renversé du café sur moi... Je t'aime Tamara. » Son souffle est chaud et humide contre ma nuque. Un doux frisson me parcourt. Je me serre un peu plus encore contre lui. J'ai envie de sentir chaque bout de sa peau contre la mienne. Je voudrais prolonger ce moment indéfiniment...
Je ne sais pas si Karim sera l'homme de ma vie mais ce dont je suis sure c'est qu'aujourd'hui mon cœur et mon corps s'accordent à dire qu'ils ne veulent que lui. Je n'ai plus envie de craindre le futur ou de revenir dans le passé. Je jure de profiter au présent de chaque moment que je passerai avec lui... l'insolent du train !
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