JE LUNDI MATIN
Les lundis d’après soleil trébuchent invariablement dans d’insondables frissons. Ils poussent au dimanche salvateur, aux mirages d’extrême-onction. Mécanique de la gangrène. Mais peu importe la logique, j’ai crucifié la rédemption un matin d’abandon.
Enfin, je pénètre le temple. Il suffit d’un badge. Le hall se marbre en marron glacé. Mes reflets se glissent jusqu’aux actifs entassés. Les épluchures du mixer s’agglutinent devant les ascenseurs anodisés.
GLING !!!
MONTEZ !!!
TUT ! TUT ! TUT
TROP LOURD
DESCENDEZ !
Enfin de l’humour. Ça me déride. Ça la pince. 1 mètre 70 moulé dans un pull 85B, elle jupe extra fin sur ses baguettes de collants. Et pourtant elle sonne. Du coup, elle mine. Mauvaise matinée pour elle aussi. Ça me réchauffe. Elle monte le menton à l’italienne, elle est belle comme une romaine.
Elle s’infiltre dans le suivant. Je l’imite. Et les autres loques aussi. Ils me collent, mon falzard goutte, ils esquivent l’humidité d’un sursaut. Ils voudraient me fusiller mais sans mots, sans regards, on monte au rythme des chiffres orange. Ils clignotent. Ils ouvrent. Ils libèrent. Ils referment.
Nous ne sommes plus que nous deux. Le roux sage, les taches de rousseur bien rangées, elle délivre des fantasmes de toit terrasse. Elle m’ignore. Je la dévore. Mon strabisme converge sur sa nuque. Je frissonne.
Je voudrais lui déclamer des fulgurances poétiques, célébrer le spectacle de ses courbes. Je transpire des élans d’organes qui poussent à la transcendance. J’imagine des fusions épidermiques, des convulsions orgasmiques.
GLING
Elle descend.
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