Nature
Toutes les peurs sont insensées. Mais celle-ci est la plus absurde.
Cette peur, elle a de longs membres fins, filiformes. Elle s'amuse à me surprendre n'importe où, n'importe quand. Il me suffit de la voir, pour ressentir ses doigts tapoter mon corps. Quand je l'aperçois, mes poils se dressent, comme s'ils désiraient prendre la fuite. Quant à ses poils, ils la camouflent des pieds à la tête, ne laissant filtrer que des pupilles sombres et des dents pointues.
Lors de nos rencontres, elle reste généralement statique, s'amusant de mon effroi. Elle me regarde me décomposer, pleurer, m'enfuir.
Les rares fois où j'ai essayé de me battre contre elle, elle a pris la fuite. C'est la plus maline, la plus souple. En cas de danger, elle se cache sous mon lit, derrière un meuble, voire au plafond.
Je n'arrive pas à me débarrasser d'elle. Elle vit chez tout le monde, bien terrée dans un coin de leur maison. Elle vit dans la nature, planquée par les herbes, les arbres. Elle vit partout. Je la hais.
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