Mon inspiration, ma névrose
D'aussi loin que je me souvienne, cela fait bien longtemps que j'ai posé mon stylo et ma feuille sur un coin de la table. J'ai pris le bloc note de mon téléphone, disponible à chaque instant du quotidien et le seul capable de suivre les caprices de mon inspiration.
Alors que certains se posent tranquillement derrière leur bureau pour la chercher ou tenter de l'écrire, moi je le fais dans des endroits insolites, car chaque seconde compte. Je suis ce que l'on appelle une névrosée de l'inspiration.
"Mais c'est génial !"
Tu parles... la realité m'échappe. Du temps qu'on ne rattrape pas avec les gens qu'on aime. Tandis que je vis une vie passionnante à travers mes personnages, j'en oublie la mienne, qui l'ai tout autant si ce n'est plus.
Pourquoi je ne fais pas front ?
Parce que j'ai plus de protagoniste qui se bouscule dans ma tête, que de chômeurs qui pointent à l'Anpe. C'est la crise !
Je pourrais être une putain de dealeuse d'inspi. "Si tu es en manque, fais-moi signe que je t'en file."
Imagine, Tony Montana a l'ère de Shakespeare, tragique et sombre à la fois.
Trois vies ne suffiraient pas à coucher le tiers de mon inspi. Tu sens la névrose qui me gagne petit à petit ?
Et puis, il y a cet homme.
Le seul à cet instant, capable de réaliser sans être jugé, les actes de mes histoires pitoyables, toujours plus tordues les unes que les autres.
Cet homme, je vais lui donner une vie sans pareille. Une seule vie, qui fera rougir la monotonie de tant d'autres. Il est unique alors il le mérite.
Je veux qu'il fasse rêver ceux qui liront son histoire, et ce n'est pas juste une question de physique, mais de personnalité. Il sera détestable et pourtant on se prendra de sympathie pour lui. Ouais, il y en a marre de ces gens parfaits qui peuplent nos romans. Je ne le suis pas, et il est hors de question qu'il le soit.
Il n'aura pas une histoire qui se termine bien, parce que dans la vie on morfle tous un jour, et que j'ai besoin de me défouler, vivre des émotions fortes et libérer la rage qui m'anime. Sois pas désolé pour lui, c'est dans la tragédie, qu'une morale se dessine.
Je vais lui donner la chance de rencontrer l'amour, car sans amour, putain, la vie est triste. Mais ce sera pas le genre à l'eau de rose... Non, une passion déchirante, celle qui laisse un goût amer, mais que tu revivrais mille fois si il le fallait.
Ouais, cet homme, j'esquisse déjà son passé, son présent et son futur. J'en pleurerais presque parce que même si dans les faits ce n'est pas le cas, bordel, sa vie ressemble à la mienne.
Je m'arrête là sinon, je vais me lancer dans un énième roman.
Livia.
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