La rue des Cerisiers, plongée dans une obscurité presque totale, était bien différente de ce que Léa avait imaginé. Les lampadaires clignotaient par intermittences, projetant des ombres tremblantes sur les murs décrépits des immeubles environnants. Un chat errant passa devant elle, ses yeux brillant d'une lueur féline dans la nuit, avant de disparaître sous une benne rouillée.

A mesure qu'elle s'approchait de l'adresse mentionnée dans le carnet, son anxiété montait en flèche. La maison numérotée 23 semblait abandonnée depuis des années. La porte en bois était couverte de graffiti, les fenêtres brisées et barricadées par des planches en bois vieilli. Une odeur de moisissure et de déchets stagnants emplissait l'air.

Léa s'arrêta devant la maison, hésitante. Elle scruta les alentours, s'attendant à voir surgir Josh ou quelqu'un d'autre à tout moment. Mais il n'y avait rien, juste le silence pesant la nuit, entrecoupé de bruits lointains de klaxons et de moteurs dans une rue adjacente.

• Qu'est-ce que tu fais ici, Josh ? murmura-t-elle pour elle-même, serrant le carnet noire contre sa poitrine.

Elle se décida à s'approcher de la porte et tenta de la pousser. Elle grinça, mais ne bougea pas. Fermée. Elle fit le tour de la maison, ses pas crissant sur des débris de verre et des feuilles mortes. Elle trouva une petite fenêtre cassée à l'arrière, mais à l'intérieur, tout était vide. Pas de signe de vie. Rien qui justifiait la présence de Josh ou de cette énigmatique Clara M. Un frisson désagrable la parcourut. Cette piste était une impasse.

Lorsqu'elle rentra à la maison, l'horloge de l'entrée indiquait presque minuit. Les bruits habituels de la maison - le craquement des poutres et le tic-tac de l'horloge - semblaient plus lourd que jamais. Léa monta directement à l'étage, espérant trouver Josh dans sa chambre, peut-être endormi ou prétendant l'être. Mais la pièce était vide. Le lit tel qu'elle l'avait vu plus tôt, défait et froid.
Elle fouilla rapidement les autres pièces de la maison, son coeur s'emballant à chaque porte qu'elle ouvrait. Rien. Josh n'était nulle part.

• Tante Viviane ? appelle-t-elle, plus par besoin de briser le silence que dans l'espoir d'une réponse.

Aucune réaction. Viviane dormait sans doute, plongée dans son sommeil habituel, insensible aux tourments qui envahissaient l'esprit de Léa.
Elle retourna dans la chambre de Josh, espérant trouver un indice qu'elle aurait manqué. Cette fois, elle prit le temps d'examiner les papiers éparpillés sur son bureau. Des croquis de formes géométriques, des pages remplies de notes sans queue ni tête... et une feuille froissée dans la poubelle attira son attention.

Elle la déplia avec précausion. C'était une carte grossièrement dessinée, avec des flèches pointant vers une zone près de la rivière. Un endroit connu pour ses entrepôts abandonnés. Un mot était griffonnée dans un coin : "Dernier recours."

Un mélange de peur et de détermination monta en elle. Elle savait qu'elle devait suivre cette nouvelle piste. Mais quelque chose, un pressentiment sourd, lui disait que cette nuit était le début d'un tourment qu'elle ne pourrait jamais inverser.

Sans attendre une minute de plus, elle enfila son manteau et attrapa sa lampe torche. Elle sortit discrètement de la maison, l'air froid de la nuit mordant ses joues. Le chemin vers les entrepôts semblait plus long qu'il ne l'était en réalité. Chaque bruits - une branche craquant, un chien aboyant au loin - faisait bondir son coeur.

Arrivée sur place, elle découvrit un vaste terrain désolé, où des bâtiments industriels, autrefois prospères, se tenaient aujourd'hui comme des carcasses oubliées. Des pancartes indiquaient "Accès interdit", mais Léa les ignora. Elle était trop inquiète pour penser aux conséquences.

Elle entra dans le premier entrepôt, un immense hangar à l'odeur de métal et d'humidité. La lumière de se lampe torche dansait sur les murs rouillés et les tas de déchets. Pas un bruit. Pas un signe de vie.

• Josh ? appella-t-elle, sa voix se répercutant en écho.

Elle fouilla les lieux pendant ce qui lui sembla une éternité, mais tout était vide. Fatiguée, elle finit par s'asseoir sur une caisse poussièreuse, la carnet noir serré dans les mains. Une vague de désespoir l'envahit. Et si Josh avait voulu disparaître ?

En retrant chez elle au petit matin, exténuée, elle trouva Viviane debout dans la cuisine inquiète.

• Léa, où étais-tu passée ? Et Josh ?

Ces mots confirmèrent ce que Léa redoutait. Josh était officiellement partit. Et cette fois, elle était la seule pour le retrouver.

Son regard se posa sur le carnet noir. Ce qu'il contenait était sa seule piste. Elle décida qu'elle ne perdrait pas une minute de plus. Son frère avait besoin d'elle, et elle irait jusqu'au bout pour le retrouver, quitte à découvrir des vérités qu'elle aurait préféré ignorer.