La dent tombée
Il y a bien longtemps, le Masque régnait. De sa montagne suintait la peur. On ne le voyait pas, mais de là-haut descendaient ses guerriers, prenant les hommes, les femmes, les enfants. Voilà l’histoire.
Nous sommes entrés dans une case, les poules couraient. L’homme a parlé, longtemps. Il a parlé du sang. J’ai vu un couteau. Nous sommes dehors maintenant. Le couteau est passé devant moi avant d’égorger la poule. L’homme a encore dit des paroles que je n’ai pas comprises.
La poule, Grand-Mère l’a accrochée au rétroviseur. Je n’aime pas ça du tout. Elle m’a dit que le vieux était d’accord pour le Masque. Il lui a donné une poule pour la cuisine.
Dans une des montagnes du Notanou, un homme, Maesath, marche maintenant vers le sommet. Il est accompagné de Elie. En marchant, il lui raconte une histoire.
- Tu vois cette montagne ? Là-haut est né le Premier Homme. La lune, c’est le crâne d’un Ancêtre, un Vieux. La lune, elle s’est posée au sommet de la montagne, effleurant le pic, et le pic lui a arraché sa dent unique. La douleur fut celle de l’enfantement. De la dent tombée est né un lézard. Le lézard vivait dans un trou, dans le rocher. Puis un jour le lézard perdit sa peau. Ne me demande pas pourquoi ! Il est devenu un homme. Alors, l’homme est descendu dans les vallées, il a cultivé la terre, il a engendré.
- Mais en lui vit toujours l’Homme-lézard ?
- Oui ! Et le Masque.
Maesath remet le masque en place. Elie regarde, côte à côte, le crâne et le masque du Vieux. Maintenant, tout est là, à sa place.
A cet instant précis, le temps est ainsi fait que dans un lieu isolé de l’Arctique, un cri d’allégresse retentît, totalement incongru dans ce lieu isolé. Qui sera là pour en faire le reproche ?
- Libre ! Je suis libre ! C’est fantastique !
Le Père Noël Jacques Pelot lançait ses chiens à fond sur la banquise, regardant l’horizon du Pôle, là où la planète rejoint le ciel.
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