2.
Chaque matin, il marche sur la plage. Pieds nus sur le sable froid, il avance lentement, le regard perdu entre l’horizon et l’écume qui lèche le rivage. Mais ce qui l’attire, ce ne sont pas les vagues.
Ce sont les bouteilles.
Des centaines. Parfois des milliers.
Elles flottent, dérivent, s’échouent en silence, comme des âmes cherchant un refuge.
Il les ramasse une à une, souffle sur le verre embué par le sel, débouche les plus intactes.
À l’intérieur, toujours des mots.
Des lettres jetées à l’océan par des mains inconnues, espérant qu’un jour, quelqu’un les lirait.
Il y trouve des cris d’amour et des adieux, des regrets lancés comme des pierres dans l’infini, des espoirs ténus griffonnés dans l’urgence.
Des hommes en détresse, des femmes égarées, des enfants demandant si quelqu’un, quelque part, entend leurs prières.
Et lui, il les reçoit.
Il ne sait pas pourquoi ces bouteilles viennent s’échouer ici, sur cette grève solitaire où ses pas sont les seuls à marquer le sable.
Mais il sait que rien n’est perdu. Que là-haut, un Dieu silencieux veille et attend chaque message.
Peut-être est-il son secrétaire. Peut-être est-il simplement un homme qui, à force de lire les blessures du monde, en est devenu le dépositaire.
Alors il continue. Chaque matin.
Parce que les bouteilles à la mer ne se perdent jamais, et que chaque prière monte dans le ciel comme un nuage d'espoir.
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