Soir d'été
Nous aimions mes sœurs et moi, nous étendre sur les berges de la Loire pour écouter battre le pouls de la vie. Nous emportions toujours avec nous quelques vers de Racine, Molière ou bien Corneille, que nous déclamions à l'heure où le marais se parait de brume et de mystère. Le soir moribond empourprait alors le fleuve et faisait danser au-dessus des ondes calmes des lucioles de fraicheur.
La campagne alentour, libérait ses parfums suaves de terre humide, de roseaux et de mousse épaisse et verte. Nous nous régalions des chants nocturnes qui naissaient de-ci, de-là donnant un concert étrange et enchanteur.
Nous jetions dans les flots nos rêves de jeunes filles et les regardions partir au loin, contourner les rochers saillants, se perdre dans l'écume bouillonnante des petites cascades qui se formaient au pied du pont.
La douce mélodie des eaux profondes et noires, embrasait nos esprits d'une curieuse folie où se mêlaient à la fois l'envie de connaître d'autres cieux et celle de rester à jamais sur ses rives familières.
Nous communions toutes ensemble et nos prières à l'unisson aspiraient au même vœu. Nous étions unies par de semblables espoirs que nous confiions à la nuit qui, accompagnée de ses vapeurs estivales, enveloppait notre havre de tiédeur, de silence et d'apaisement.
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