chapitre 25 : le hasard pouvait être un indice explicite

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Allongée sur le sol, Rubie observait la table dressée qui décorait le plafond. Les chaises tombaient en cascade, comme si la précipitation avait causé leur abandon. Toute la pièce étayait cette théorie. Le thé brûlait encore dans les tasses, et un jeu de cartes désordonné sous-entendait une partie interrompue.

- Ils jouaient aux quatre couples, déclara Marco en obstruant parfaitement son champ de vision. Mais j’ai déjà compté une dame, et deux rois de trop.

- Donc ils trichaient.

- Oui, et vu l’état de la pioche, ils en étaient au moins à leur dixième tour. Pourtant personne n’a encore gagné.

- Ils trichaient… et ils étaient mauvais, je ne vois pas en quoi cela nous avance.

En effet, pris individuellement, ces faits n’avaient rien d’extraordinaire. Or, enfermé dans un jeu de logique, le hasard pouvait être un indice explicite.

- Le joueur le plus à gauche, déclara Rubie en se décalant vers la droite, a un as de pique caché sous sa serviette.

- Un as de pique… ça signifie qu’il ne lui manque plus que l’as de cœur pour gagner ?

- Exactement. Et tu ne trouves pas étrange que la seule carte qui lui manque se trouve bizarrement être celle que nous possédons ? Ça ne peut pas être une coïncidence.

Ils avançaient.

- Qu’est-ce que tu proposes, que l’un de nous deux grimpe pour poser son as de cœur sur cette table ?

- Auriez-vous peur pour vos bras, monsieur ? ironisa-t-elle tout en se redressant.

- Mes bras n’ont rien à craindre. Notre discrétion, en revanche, risquerait d’en prendre un sacré coup.

Il n’avait pas tort, et Rubie non plus.

La jeune fille réfléchissait, tournant et entremêlant chaque axone de ses neurones. Une petite voix en elle lui criait de terminer cette partie, quoi qu’il lui en coûte, mais elle n’avait aucune idée de comment y parvenir. La table était inatteignable, et la carte… la carte n’avait peut-être pas besoin d’y être projetée de façon physique !

- Marco ! Tu te rappelles où est-ce que j’ai posé le miroir ?

- Le miroir ? Tu veux dire, celui où j’ai vu ton reflet ?

Elle acquiesça. Son esprit et son corps bouillaient tout entiers, frémissant d’excitation.

- Il est à côté de l’énorme pièce d’échec, sur l’étagère tremblante, je crois. Pourquoi ?

- Je n’en suis pas encore sûre, mais je crois avoir une idée !

Elle s’élança à travers la salle, sans écouter le « tu crois ? » qui mourait sur les lèvres de Marco, heurtant au passage quelques porteuses dont elle avait oublié la présence.

Le miroir était là, s’accrochant de toutes ses forces à son petit bout de bois, gigotant, comme bercé par la houle.

- Tu crois vraiment que ce bout de métal est la solution que tout le monde cherche ?

Elle ne répondit pas. Elle n’écoutait plus. Seul le reflet qui dansait derrière le verre parvenait encore à capter son attention. Elle se positionna de sorte à capturer parfaitement l’image des quelques cartes qui trônaient sur le coin gauche de la table, puis elle glissa à leurs côtés la silhouette de son as de cœur.

Soudain, les murs se mirent à trembler, les cartes s’envolèrent en un tourbillon confus et les lustres qui trouaient le plancher s’allumèrent tout à coup. Le feu des bougies réchauffa l’atmosphère, la joie de Rubie atteignait son paroxysme. Marco ne comprenait pas encore l’ampleur de ce qui était arrivé, tous les garçons et toutes les filles se remettaient peu à peu de ce changement brutal, et le meurtrier annonça sa première victime.

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