chapitre 28 : je dois vous inviter, mesdames, à aller vous faire foutre.
- Ne la lance pas, déclara Marco en surgissant de derrière une poutre colorée, je vais le faire. Tu as déjà déchiffré la première partie de l’énigme, si le meurtrier te voit résoudre celle-là, tu ne tiendras jamais jusqu’à la fin de la partie.
- Tu proposes donc de te sacrifier pour me sauver. Si peu d’originalité me décevrait presque, monsieur Da Silva.
Rubie souriait, comme si tout cela n’avait aucune importance à ses yeux. Pourtant, au fond de son cœur et de son esprit, nul ici n’était plus impliqué.
- Je ne rigole pas Elya. Toi et moi sommes alliés, et j’aimerais autant éviter de perdre ma seule personne de confiance.
- Tu ne me perdras pas, dit-elle en lui tendant la chaine. Au fait, rajoute Léandro sur la liste des suspects, je ne le sens pas.
- Et tu peux y retirer Nala, de ce que j’ai pu voir, elle est clean. Mais dès que j’en aurais fini avec ça, ajouta-t-il en désignant le collier, je retournerai la surveiller jusqu’à ce que le meurtrier tue à nouveau. Juste pour être sûr.
Rubie acquiesça, puis s’éclipsa de la scène. Quelques secondes plus tard, on entendit du verre se briser. Elle aurait adoré se retourner afin d’apercevoir la serrure décorant le fond de la tasse, mais elle se résigna. Marco avait raison, elle avait déjà bien trop attiré l’attention.
- Elle baisse bien vite les bras, vous ne trouvez pas ?
- C’est presque décevant.
- Je m’attendais à mieux, bien mieux ! Enfin, peut-être devrions nous nous concentrer sur une autre porteuse de sphère, celle-ci n’en vaut visiblement pas la peine.
Trois tableaux, posés en tapis, venaient de s’animer. Presque anodin. Un quatrième se débattait sous les pieds de la jeune fille, qui sautilla dans tous les sens pour s’en extirper.
- Merci mademoiselle, rétorqua la duchesse enrobée que suggérait l’aquarelle, vous m’écrasiez le visage.
- Je… pardonnez-moi.
- Au moins, elle est polie, rétorqua la première femme dont les contours crayonnés se voulaient plus précis.
- Ça lui fait une qualité, puisqu’on ne peut plus lui attribuer le courage.
Rubie s’agaça. Parler à du papier peinturluré ne la surprenait plus, et elle détestait qu’on lui manque de respect.
- Veuillez m’excuser d’avance pour la hardiesse de mes propos mais je dois vous inviter, mesdames, à aller vous faire foutre ! Vous ne connaissez rien de ma situation, et je ne vous permets pas de la juger !
Une demoiselle faite de pastel bleuté vit son visage rougir.
- Et vous osiez dire qu’elle n’avait pas de courage ! Au moins, elle ne manque pas de cran !
- Mais elle perd toute sa politesse.
- Vous savez ma colombe, sifflota la duchesse tandis que Rubie s’en allait déjà, votre ami a peut-être trouvé une serrure, mais il n’a pas de clef. Or nous, nous possédons ce qui semble lui manquer.
- Et nous ne la donnerons à personne d’autre que quelqu’un qui nous prouve la mériter.
La jeune fille s’arrêta net. Elles n’auraient pas pu dévoiler cette information avant de l’accabler d’insultes, ou avant qu’elle ne les en accable !
Sur les quatre tableaux, il n’y avait nulle part où cacher une clef. Pas de tiroirs, pas de sacs ni de poches. Rien, si ce n’est peut-être…
Peu convaincu de son geste, elle plongea sa main dans le décolleté garni de la duchesse. Bingo.
- Au nom des sept déesses, veuillez cesser cela tout de suite ! C’est incongru !
- Non madame, c’est audacieux.
Elle se retourna, ravie d’elle-même, et le regard de Léandro la foudroya.
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