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Il y a des jours comme ce soir. Où j’aimerais faire de vous une petite souris. Je me ferais plus féline que jamais. Boule de poils désarmée, vous rouleriez entre mes pattes, essayant vainement d’esquiver mes griffes. Joueuse, je vous laisserais croire. Mais à peine échappée mes crocs se refermeraient sur votre cou. Je ferais de vous une pauvre petite chose. Ma pauvre petite chose. Vos jeux seraient les miens. J’en fixerais seule les règles, et les changerais au gré de mon bon vouloir. Et vous frissonneriez de ces règles. Et je jouerais avec vous jusqu’à ce que vous me suppliiez de vous achever. Alors je rirais. A gorge déployée.

Il y a des jours comme ce soir. Où j’aimerais trouver les mots qui frappent. De ces mots qui vous blesseraient. Qui vous mettraient K.-O. Dont vous ne pourriez vous relever. J’aimerais trouver les mots lames de rasoir. Ceux qui viendraient scarifier nos desseins dans votre peau. Les graveraient dans la profondeur de votre chair. Je voudrais des mots comme des aiguilles qui se planteraient juste là, entre vos ongles et l'extrémité de vos doigts. Et elles s’y enfonceraient à n’en plus finir. J’aimerais des mots coup de poing. Des mots à vous couper le souffle. Des mots à tordre votre sourire, à transformer votre visage en une grimace immonde. Je voudrais des mots brûlure. Comme de la cire qui glisserait sur les parties fines de votre anatomie. Comme ma cigarette qui s’écraserait sur votre torse sans jamais s’éteindre. Qui vous brûlerait. Encore et encore. Je vous voudrais des mots tels une morsure. De ceux qui vous saisiraient pour ne plus vous lâcher. Des mots si puissants qu’ils feraient couler le sang le long de vos côtes. Des mots comme des rivières de sels qui se déverseraient sur vos plaies.

Oui, j’aimerais vous blesser.

Il y a des jours comme ce soir. Où il n’en est rien. Où je me dilue dans un autre verre de vin.

Oh ! Ne croyez pas que je vous aime. C’est bien moins que cela. Vous êtes bien moins que cela. Vous avez cru pouvoir. Pouvoir être celui que vous appeliez vous-même mon amant. Le temps d’un jour, d’une nuit, peut-être plus, vous avez cru pouvoir être celui-là. Mais vous êtes bien en deçà. Vous avez cru, pauvre idiot que vous êtes ! Vous avez cru m’allonger dans votre lit comme vous l’avez fait de toutes ces elles. Vous avez cru que j’étais l’une de ces elles.

Mais je vous sais. A peine vous ai-je croisé que déjà je vous lisais. Je connais votre noirceur. Je connais le sombre qui se terre si profond. Qui se terre si profond et que pourtant vous ne pouvez taire. Je sais bien mieux que toutes ces elles qui se sont allongées. Oui je sais bien mieux qu’elles. Bien mieux que vous peut-être. Je sais ces désirs qui vous noircissent les traits. Je sais ces désirs qui anéantissent. J’ai vu derrière le masque de votre légèreté. J’ai vu ce dégradé de noir profond en noir profond. Je vous ai vu aspirer la lumière de ces elles qui s’offraient. J’ai vu l’obscur qui vous habitait.

Je vous sais, Monsieur. Je vous sais et c’est la raison pour laquelle ce soir je veux vous faire souffrir. Je vous veux petite souris frissonnante entre mes griffes félines.

Je vous sais, Monsieur. Mais je veux fêlures. Je veux les voir s’ouvrir. Je veux votre lumière. Votre fragilité.

Il y a des jours comme ce soir. Où je voudrais vous faire ressentir. Mais je n’ai pas la force, Monsieur. Pas la force de réécrire les règles de vos jeux, ni même de briser votre indifférence.

Alors je me dilue dans un autre verre de vin.

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