L'homme de ma vie — à cinq ans.

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A cinq ans, j'étais folle amoureuse de mon grand cousin. Je crois qu'à cette époque, il avait une quinzaine d'années, et le fait qu'il soit beaucoup plus âgé que moi ne m'avait absolument pas freiné. En fait, je crois qu'à cet âge-là, on n'a pas vraiment le sens des convenances. On s'en fiche un peu. En tout cas, moi, je m'en fichais.

J'imagine que je lui serai éternellement reconnaissante d'avoir bien voulu jouer le jeu, parce que je pense qu'à son âge, je n'en aurai pas fait autant. Qui voudrait, à quinze ans, d'une morveuse accrochée sans arrêt à ses basques ?! A réclamer des bisous, des câlins avec autant d'empressement que lorsqu'elle réclame un gâteau parce qu'elle a "trèèèèès faim" ?

Mais d'aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais été désobligeant. Je me rappelle très bien ce regard bienveillant, pétillant d'amusement. Il riait souvent, quand je m'adressais à lui. Oh ça oui. Mais je crois que le plus beau de tous, était probablement celui-là...

Ce jour-là, ses parents nous avaient invité à passer le week-end chez eux, et j'étais excitée comme une puce à l'idée de passer deux jours entiers avec mon cousin préféré — mon chéri. Le matin de notre départ, j'avais réclamé à ma maman de me donner mon ensemble blanc tout neuf. Au début, elle n'avait pas voulu. Les vêtements étaient neufs et destinés au mariage de quelqu'un de la famille, dont je ne me souviens plus vraiment aujourd'hui. Mais à force de persuasions, j'avais obtenu gain de cause... et elle m'avait fait enfiler ce petit top blanc immaculé, assorti de sa jupe patineuse. Je l'adorai, parce que quand je tournai sur moi-même, elle voletait tout autour de moi, comme une princesse. Quand, après plusieurs heures de trajet, nous étions arrivés à bon port, je m'étais dépêché de descendre de la voiture et m'étais précipité dans les bras chaleureux de mon cousin. Il m'avait accueillis avec son éternel sourire, et m'avait enlacé de bon coeur en faisant claquer un bisou sur ma joue. Moi, je l'avais embrassé sur la bouche. Comme les grands. Parce que j'étais une grande fille. Il avait rigolé, et il m'avait reposé au sol. Là, j'avais tourné sur moi-même avec un grand sourire.

— Tu as vu, elle est belle ma jupe, hein ?

— Très ! Tu es très belle dedans.

— C'est vrai ?

— Bien sûr. On dirait une princesse.

J'avais adoré qu'il fasse la remarque, et mon sourire avait redoublé d'intensité. Et j'avais aussitôt repris :

— Et tu as vu, elle est blanche ? C'est pour notre mariage !

C'est à ce moment-là qu'il avait explosé de rire. En fait, tout le monde autour de nous avait explosé de rire. Et moi, je les avais dévisagé sans comprendre pourquoi ils riaient tous si fort. Au bout de quelques secondes, cela achevait de m'agacer et je croisais les bras sur ma poitrine, l'air contrarié. Mon cousin ne s'était pas départi de son sourire bienveillant en s'agenouillant devant moi.

— Alors j'aurai la plus belle des mariées.

Ou comment en mettre plein les yeux d'une fillette de cinq ans.

Aujourd'hui, nous nous sommes perdus de vue mais j'espère que peu importe où tu es, tu es aussi heureux que tu mérites de l'être. Tu as été le cousin le plus génial de tout l'univers...

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