Chapitre 9
Je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit. Je me dis que mon excitation pour diffamer cet hôpital a été un peu trop précipitée. Je me rends compte que je ne sais plus où il se situe. Je décide tout de même d’essayer de le retrouver.
Après avoir fermé ma porte à clé et être sorti de mon immeuble, je m’engage à gauche. Je ne trouve absolument rien qui me rappelle mon passage ici. Cependant, je remarque autre chose. Deux jeunes adolescents font le même trajet derrière moi. Je tourne légèrement la tête pour aller à droite et en profite pour vérifier leurs comportements. Effectivement, ils sont derrière moi. Je garde mon calme, je ne m’affole pas. Je tourne une nouvelle fois à gauche et comprends que je suis mal. La sombre ruelle est à l’abri des regards. Il doit être dans les coups de sept heures du matin.
Mon cœur fait un bon lorsque l’un d’eux me touche l’épaule et semble me parler avec un regard terrifiant :
— Hé toi, que fais-tu tout seul dans une ruelle aussi peu éclairée ?
L’adolescent qui se tient à quelques centimètres de moi n’est pas très imposant. Il a de la crasse sur le visage et des yeux rouges vifs. Ses vêtements ont l’air d’être abîmés. Une soirée un peu trop agitée à mon avis… L’autre paraît plus en forme, mais tout aussi sale. Il est aussi plus petit et justement, c’est lui qui vient de prendre la parole. Ne sachant pas comment lui répondre, car je ne sais déjà pas très bien ce qu’il m’a raconté à cause de sa faible articulation, je lève les épaules, espérant que ce soit la bonne réponse. Je ne peux me permettre de tenter de parler sous peine qu’ils me prennent pour un fou ou un gars qui se fout de leurs tronches. Je n’ai pas non plus pris en compte le fait qu’ils soient complètement rongés par la drogue et l’alcool. En conséquence, le plus grand me répond :
— Tu te fous de notre gueule, c’est ça ? Si tu ne me donnes pas ton argent tout de suite, je te saigne à blanc, compris ?
Encore une fois, je n’ai pas pu comprendre ce qu’il m’a dit, mais lorsqu’il s’est mis à sortir un petit canif pendant qu’il a parlé, j’ai bien pris en compte la menace de mort. Cependant, si c’est de l’argent qu’il veut, je n’ai rien sur moi donc ce n’est pas possible. La peur commence à me gagner.
Je montre mes poches et les mets à l’envers pour bien leur faire comprendre que je ne dispose pas de portefeuille. Il esquisse un rictus, ce qui me montre que je n’ai fait qu’aggraver mon cas. Ma fin est proche, me dis-je intérieurement. Une boule me ronge de l’intérieur.
Soudain, un phénomène étrange agit dans ma tête. Je ressens des choses, j’ai l’impression que mon corps tout entier est une enveloppe puissante que je contrôle. Des images passent dans ma tête et, en la tournant très rapidement, je comprends qu’elles sont réelles. Ce sont des représentations de la ruelle où je me trouve ! J’ai comme un satellite à la place du cerveau !
D’un coup, sans avoir vu ce qui s’est passé, mon buste tout entier s’est déplacé vers la gauche pour éviter un coup de couteau mortel. Mon poing se lève et s’abat sur le plus costaud des deux adolescents, le mettant hors d’état de nuire. Je suis extrêmement choqué de ce qui est en train de se passer, car je n’y comprends absolument rien. L’autre, voyant son ami étendu à terre, et sans doute en retrouvant une part de lucidité, s’enfuit en courant. Je regarde mes mains et pense aux évènements qui viennent de survenir. J’ai eu comme des frissons dans mes doigts et ma tête. Pendant un instant, j’ai eu le sentiment que des ondes m’ont entouré.
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