La suite, nous la connaissons au travers des annales des contemporains et des travaux des historiens qui leur ont succédé.

Les chroniques rapportent que l'on organisa des funérailles somptueuses en l'honneur de Claude, à la suite desquelles Néron fut proclamé empereur et décida, avec le Sénat, de diviniser son prédécesseur. Agrippine fit édifier un temple en l'honneur de l'époux qu'elle rêvait de voir mort.

Britannicus, le frère de Néron, trouva une fin mystérieuse un an plus tard. Il succomba à une crise dont l'origine demeure énigmatique. Les murmures dans les ruelles de Rome alimentèrent pendant longtemps des rumeurs de machinations où l’on accusait tantôt Agrippine, tantôt Néron, tantôt la fatalité, tantôt le chagrin d’un fils orphelin de son père, mais la vérité resta voilée.

Le début du règne de Néron fut marqué par des promesses et une popularité considérables. Cependant, sa nature excentrique et fantasque prit rapidement le dessus, plongeant Rome dans le chaos et la folie. L’incendie de Rome, imputé à tort à Néron, contribua à ternir son image. De même le massacre de chrétiens, sous ses ordres, demeurera une tache indélébile dans le bilan de son règne.

La descente aux enfers s'accéléra lorsque Néron ordonna le naufrage du navire qui transportait sa mère Agrippine. Bien qu'elle ait miraculeusement survécu à cette tentative, la garde impériale mit fin à sa vie à la suite de ces événements et Néron acquit le statut maudit de marricide.

Le destin de Néron prit ensuite une tournure funeste. Confronté à une révolte populaire grandissante et à des conspirations au sein de la cour, il fut finalement contraint au suicide.

Halotus, ombre discrète et insaisissable, éminence grise, reste une énigme dans cette trame historique. Des sources contemporaines, suspicieuses envers le rôle d'Halotus dans la mort de Claude, indiquent que l'ancien esclave, que nous savons immunisé contre les poisons, exerça le rôle de goûteur auprès de Néron jusqu’à la fin de son règne tumultueux. Suétone, dans sa "vie de Galba", indique que l'éphémère successeur de Néron nomma Halotus à de hautes fonctions politiques et c’est là que nous perdons définitivement sa trace.

Aucun récit officiel n'évoque son implication directe dans les tragédies du règne de Néron. Les historiens actuels, face aux lacunes du passé, s’abstiennent de toute supputation. A juste titre d'ailleurs, l’Histoire n’est pas un roman dont on comble les vides avec notre imagination, aussi fertile qu’elle soit. Les écrivains, eux, jouissent de cette liberté, c'est à eux qu'incombe cette responsabilité.

La vérité, quant à elle, réside dans les mains des dieux.

Au royaume de Cybèle, où les grenadiers poussent par centaines et les cyprès par milliers, où Cybèle à la tête tourrelée se promène sur son char tiré par des lions en laissant dans son sillage des parterres de fleurs, on connaît le rôle d'Halotus dans l'histoire de Rome.

Parmi les dieux, on sait qu'Halotus a oeuvré, non sans difficultés et déconvenues, dans l'ombre de Néron. Avec habileté, il a orchestré une vengeance silencieuse, manipulé les fils du destin, monté mère et fils l'un contre l'autre, semé la discorde au sein de la famille impériale pour rendre justice à Claude. Parmi les dieux de l'Olympe, on ajouta au surnom de l'auréolé celui de "chevaucheur de lion", tant il dut ruser pour dompter l'empereur imprévisible, au risque d'être dévoré.

On sait également que si l’on fouille à côté des cendres de Claude, on trouvera le squelette d'un vieillard qui porte autour du cou un pendentif en forme de croissant de lune.