Un anniversaire pas très gai
Un lourd silence régnait, seuls les bruits des couverts se faisaient entendre. Je suis tenté de dire que comme anniversaire j’ai vu mieux…
Après, peut-être que si je n'avais pas fracassé mon petit frère y’a une heure parce qu’il s'était empressé de gueuler :
— Ivano est amoureux !
Dès qu’il a vu deux cœurs sur mon téléphone. Toute ma famille étant là, ils m’ont demandé qui était l’heureuse élue, et ne pouvant bien évidement pas leur dire qu’il s’agit de Joachim mon meilleur ami.
Encore plus avec le fait que l’une de mes grands-mère est homophobe…enfin, qu’avec les hommes, les femmes elle accepte. Je trouve ça ridicule…
Mon père lui je ne connais pas son avis dessus, mais vu qu’il a des amis qui sont homos je pense qu’il n’a rien contre. Ma mère quant à elle, elle a reçu une éducation très catholique lors de ses séjours en pension.
Mon petit frère lui je pense qu’il est trop jeune pour comprendre ce genre de chose, enfin pour les juger. En ce qui concerne mon grand frère Louis-Auguste (inutile de préciser que c’est ma mère qui a choisi le prénom), lui il est totalement et ouvertement homophobe. Ce qui a le don d’énerver le père, ce qui confirme le fait qu’il est tolérant. En revanche ma mère elle ne dit jamais rien.
Mais bon, après une vingtaine de minutes d’interrogatoire où je n’ai strictement rien dit, mon très cher frère est arrivé :
— Alors qu’est-ce que j’ai loupé ?
Mon petit frère répliqua alors :
— Ivano est amoureux, mais il veut pas dire de qui.
— Ah mais j’ai les moyens de le faire parler.
Cette phrase me fit frissonner, car je voyais très bien où il voulait en venir.
— Alors petit frère, soit tu nous dis comment elle s’appelle, soit je vais devoir confier certains secrets à cette assemblée…
Je reste muet et ne dis rien.
— Je vois, papa, maman ainsi que mes très cher grands-parents. Sachez qu’Ivano a eu trois heures de colle depuis le début de l’année.
Mon père se leva alors et dit :
— Comment ça ? Pourquoi nous n’avons pas eu de papier ou autre ?
— Eh bien parce que en voulant aider mon petit frère que j’adore, j’ai accidentellement reproduit votre signature sur les mots de colle.
—Mais pourquoi a-t-il été collé ?
— C’est simple, monsieur Ivano a insulté un professeur et a voulu se battre avec un autre.
— C’est vrai, Ivano ?
Je me suis contenté d’hocher la tête, si j’avais parlé, je n’aurais pas pu m’empêcher d’expliquer mes actions qui, ma foi, étaient légitimes. Ok peut-être pas le fait d’insulter la prof…
— Bon on en reparlera plus tard, pour l’instant dis-nous c’est qui ?
Devant mon mutisme toujours présent, mon frère continua.
— Tu ne veux pas parler, dans ce cas passons aux choses sérieuses. Donne-moi ton téléphone.
— Non
— Ah tu dis enfin quelque chose, donne ton téléphone.
— Pourquoi faire ?
— Pour voir à qui tu parlais par message.
— Hors de question.
— Papa ? dit-il en se tournant vers celui-ci.
— Ivano, donne-lui ton téléphone.
Je me suis donc levé et je lui ai donné, je déteste quand il agit comme ça avec mes parents. Il le prit et me dit :
— Le code ?
— Tu m’a demandé le téléphone pas le code, dis-je avec un grand sourire.
— Ah tu veux jouer à ça, eh bah on va jouer. Papa maman, suivez-moi dans la chambre d’Ivano s’il vous plaît.
Mes parents se sont regardés et ont commencé à le suivre. Je me suis alors souvenu de ce qu’ils avaient dit un jour :
— Vous n’aviez pas dit que ce qui se passait dans nos chambres ne concernait que nous ?
Ma mère se retourna et dit :
— Circonstances exceptionnelles !
Je voyais Mon frère me faire des doigts d’honneur au loin. Et ils ont repris la direction de ma chambre, je me suis donc levé et j’ai couru pour les rejoindre, quand je suis arrivé, j’ai vu Louis-Auguste à quatre pattes entrain de fouiller sous mon lit.
— Tu fais quoi là ? dis-je alors étonné par son action.
— Je cherche des preuves… Ah voilà.
Il sortit de dessous de mon lit, et mit les mains derrière son dos.
— Qu’est ce que t’a pris sous mon lit ?
— Ahah, je te donne un indice : c’était caché dans une boîte à chaussures.
J’ai tout de suite compris de quoi il s’agissait, mais bon au point où j’en suis si mes parents le savaient, je n'étais pas à ça près…
— Bah vas-y montre-leur.
— Ah t’es sûr ?
— J’ai la tête d’un mec qui hésite peut-être ?
Il sourit et sortit de derrière son dos une boîte de préservatif et un petit bouteille de gel lubrifiant, ma mère s’énerva et dit :
— Nan mais, c’est quoi ça ! C’est pas de ton âge, t’es beaucoup trop jeune pour ce genre de chose.
Ce à quoi répliqua mon père :
— En faîte chéri… Le premier rapport étant vers 17,4 ans… et tout le reste. Si c’est de son âge, je te rappelle qu’il a dix sept ans aujourd’hui. Il n’en a plus dix.
Elle lui lança un regard noir et dit à mon frère :
— Donne-moi ça !
Il s’exécuta, et elle compta le nombre de préservatif.
— Il en manque un !
— J’ai vraiment à me justifier là-dessus ?
— Non, mais tu vas nous dire tout de suite de qui il s’agit.
— Et pourquoi ?
— T’as des choses à cacher, répliqua mon frère.
— Non c’est juste que j’ai pas envie d’en parler point !
— Ah ça fait bizarre, moi qui ai toujours cru que tu serais pédé, on se retrouve là à essayer de savoir le nom de ta copine.
Cette phrase me mit hors de moi, j’avais toujours supporté ses remarques, mais là c’était trop !
— Eh bah je le suis !
Ils se tournèrent tous les trois vers moi avec un certain étonnement sur le visage.
— Comment ça ? dit mon frère avec un grand sourire.
— Et bah je suis pédé comme tu dis, et mon mec c’est Joachim.
Ma mère avait les yeux en larmes et partit, tandis que mon père me prit dans ses bras. Mon frère quant à lui était la bouche bée et ne disait rien, puis il prit la parole :
— Je suis impatient de voir le visage des grands parents quand il sauront que leur petit fils préféré est une tarlouze.
Il sortit de la chambre et courut au salon alors que mon père lui ordonnait de revenir. C’est comme ça que l’on est arrivé à cette ambiance de repas pas très gai.
Mais bon, ma mère a su accepter la chose, difficilement certes mais elle l’a fait. Mon père lui bah me soutient dans les difficultés que je rencontre par rapport à cela, notamment mon frère qui m’insulte souvent et qui m’a même frappé une fois. Mais bref, c’est du passé sauf pour mon frère... Mon père a même invité Joachim à manger, d'ailleurs il arrivera d’une minute à l’autre.
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