Chapitre 1
La veste de son tailleur noir tombe sur un chemisier blanc avec juste ce qu'il faut de décolleté. Un brin provocatrice mais tout à fait décente. Jambes croisées, elle pianote d'un doigté agile sur sa cuisse le rythme du mix "Drum' N' Bass" que le DJ vient de lancer. L'autre main, gracieuse et délicate, porte une coupe de champagne à ses lèvres pincées tout en retenue. Quelle classe ! Pas une de ces allumeuses BCBG, non ! Plutôt le genre working-girl discrète qui vient s'encanailler. Un missile, une bombe atomique ! Mais trop coincée pour moi, pas mon genre…
Je n'ai jamais été Don Juan dans l'âme, je suis trop fainéant pour cela. Mais je fais tout de même la différence entre un regard que l'on croise accidentellement et une nana qui me mate en douce... Peu à peu, le désir monte en moi. Une boule d'énergie se forme au creux de mon ventre et diffuse une douce chaleur dans mon corps tout entier. Une sensation de bien-être assortie d’un agréable sentiment de perte de contrôle m'envahit, un peu comme une montée d’ecstasy... Une défonce naturelle en quelque sorte !
Une phase d’observation mutuelle s’en suit. D'abord par de furtifs coups d'œil, craignant d'offusquer l'autre et confus lorsque l'on croise son regard. Puis démarre le jeu de séduction à proprement parler : j’esquisse un sourire, elle me le rend. Nos yeux se mettent maintenant à dialoguer à distance sans qu’il y ait besoin de mots :
— Je suis l'homme de ta nuit si tu le veux.
— J'ai envie de toi mais je ne veux pas passer pour une salope.
— Je veux bien passer pour un salaud tant que tu ne me demandes pas de m'engager !
— Allez quoi... Ne reste pas planté là, viens m'offrir un verre !
Je m'approche du bar, commande un gin tonic et demande au barman de resservir la demoiselle. Celui-ci s'exécute. Elle me regarde et me remercie d'un signe de tête bienséant.
Non mais dites-moi qu’je rêve ! Elle me mitraillait du regard y’a pas trente secondes… Me serais-je trompé ? C'est peut-être bien une allumeuse, tous comptes faits.
Je m'approche, il faut que j’en aie le cœur net. Nous échangeons quelques banalités pour briser la glace. Elle s'appelle France. Après quelques minutes, les yeux brillent, les cœurs s'emballent et les mains se frôlent… Je ne peux retenir une pulsion et pose une main fébrile sur sa joue en m'avançant pour l'embrasser. Elle m'enlace, ferme les yeux et m’offre un baiser savoureux. Les verres terminés, je lui propose de quitter cet endroit. France acquiesce d’un battement de cils.
Après une ballade bucolique au clair de lune le long des quais, la traversée d’un pont suivie de la remontée d’un dédale de ruelles nous mène devant chez elle. En vagabond céleste courtois, j’ai proposé l'indifférence de ma chambre d'hôtel mais elle a préféré ses repères et le confort de son appartement.
À peine la lourde est-elle refermée que France me plaque contre le mur de l’entrée et m'embrasse vigoureusement, en tendant le bras pour verrouiller la porte sans se détourner de notre étreinte. Ses baisers mordants se font petit à petit plus langoureux. Puis elle marque une pause et plante ses iris dans le fond des miens. Avec un petit sourire au coin des lèvres, elle entreprend de déboutonner ma chemise. Un bouton, deux boutons… puis trois, quatre... La sensualité qu'elle dégage me foudroie.
Elle pose une lèvre sur ma joue et glisse sur la barbe naissante jusqu'à mon cou. Puis elle explore mon torse, mon ventre, et s'agenouille. La couture de mon pantalon est à deux lèvres de rompre ! France s'en prend alors à ma braguette, empoigne mon engin et me lance à nouveau un de ces regards plein de malice. Après quelques caresses du bout de la langue, elle l’embrasse, l'engloutit avec gourmandise et entame un mouvement de va-et-vient nonchalant. Adossé au mur, je m'empare d'une poignée de cheveux de la belle et accompagne son mouvement. Tout faux ! Cette fille n’a rien d'une allumeuse... Ce que ses yeux ont promis, sa bouche experte me l’offre au centuple ! L'excitation est à son paroxysme et je sens que je n’en ai plus pour longtemps. Je souffle bruyamment et tente de lui faire comprendre en resserrant l'étreinte de mon poing sur sa jolie crinière blonde.
— Viens... murmuré-je d’une voix rauque. À mon tour de te faire du bien !
Pour seule réponse, France marque un temps d'arrêt, me fusille une nouvelle fois d'un regard incandescent et reprend de plus belle sans lâcher mon regard. Je capitule et me répands dans sa bouche en quelques secondes. France affiche un air satisfait et relâche son emprise, puis se redresse. Je me rhabille, l’air penaud. Je me sens un peu con, forcément ! Elle m'installe sur le canapé et me sert un verre. Puis, France tamise la lumière et colore l'ambiance d'un fond musical. La voix apaisante de Tracy Chapman et son Fast Car déroulent dans les enceintes. Nous voici enclins à faire plus ample connaissance. L'appartement est cossu. La décoration du salon, sobre et raffinée, appelle à la détente. Nous débattons de divers sujets en évitant la politique, qui ne semble pas l’intéresser plus que moi. Une bonne heure s'écoule à papoter. Cette femme m’intrigue : elle vient de m’offrir la pipe de ma vie et ne demande rien en retour.
Comme si France lisait dans mes pensées, elle pose son verre sur la table avec une délicatesse impériale et se retourne brusquement pour me grimper dessus à califourchon d’un athlétique saut de cabri. Elle dépose ses doigts soyeux dans le creux de mes pommettes et m'embrasse tendrement. Sa jupe remonte jusqu’à deux fesses galbées que je caresse généreusement. Puis France se lève en me prenant par la main et m'entraine vers la chambre.
Dans une douceur infinie, je la déshabille, l'embrasse et l'allonge sur le lit king size. D’un toucher bucco-digital dont j’ai le secret, je titille son clitoris et scrute son vagin trempé de désir. France gémit en me caressant le crâne, ça semble lui plaire. J’insiste un peu sur ces préliminaires, elle semble prendre son pied une première fois. C’est la moindre des choses après une turlute de ce niveau… Au moins si j’assure pas derrière, elle aura eu un acompte malgré tout, on se rassure comme on peut… Peu à peu, je ralentis puis remonte en embrassant chaque partie de son corps. Je m’attarde tout particulièrement sur ses seins, son cou et sa bouche...
— Viens ! supplie-t-elle hors d'haleine.
Toujours docile lors de telles requêtes, j’enfile une capote et m’exécute. Après quelques minutes de va-et-vient langoureux, j’accélère. Les gémissements de France s’intensifient. Je me redresse, cale ses mollets sur mes épaules et accélère encore. La tête de lit cogne contre le mur du voisin mais ça ne semble pas déranger ma partenaire qui, haletante, conjugue les verbes y aller et continuer à l’impératif. Je sens l’orgasme arriver. Non, pas tout de suite… La totale, je lui fais ! Je me retire et lui demande de se retourner. Elle me sourit et l’instant d’après, France est à quatre pattes sur le bord du lit. Elle me tend un cul cambré comme je n’en ai jamais vu auparavant, sans retenue, comme une offrande. Tout cul tendu mérite son dû, c’est bien connu ! J’entame alors une levrette furieuse, sauvage, assortie de fessées qui lui arrachent de petits cris. France semble prendre son pied dans un long hurlement saccadé par mes coups de boutoir.
— Donne-moi z’en ! réclame-t-elle à bout de souffle.
— J’arrive, je réponds avec un brin de culpabilité, inquiet qu’elle reste sur sa faim.
— Oh oui ! Viens !!! me rassure-t-elle.
Nous atteignons l'orgasme dans un long râle commun. Repus, nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre en quelques minutes.
Au petit jour, France dort encore à poings fermés. Je me lève sans faire de bruit et jette un œil à la fenêtre. En face, la boulangerie me tend les bras. Je sors à pas de loup, traverse la rue et achète deux croissants au beurre. De retour dans l'appartement, elle est toujours endormie. Pendant un instant, j’hésite à la réveiller tout en douceur, en la couvrant de baisers câlins. Mais je renonce et lui griffonne un petit mot sur le sachet de viennoiseries. Sans faux semblant, sans numéro qu'elle n'appellera jamais. De sincères et respectueux remerciements pour cette douce nuit à ses côtés. Après avoir déposé le sachet en guise de rose sur mon oreiller d'un soir, je quitte les lieux, retrouve le brouhaha de la rue et m'éloigne dans la brume matinale.
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