Kunju tomba au sol, battu par Nadak. L'entrainement se faisait au corps à corps. Le jeune homme, d'un poids réduit par rapport à sa corpulence, se faisait battre par ses camarades. Il pesait à peine soixante kilos.

- Allez, Kiunju ! Montres-moi de quoi t'es capable !

Celui-ci se redressa.

- Je ne sais pas, Nadak. Tu es fort, et j'ai encore des progrès à faire.

Sokia vint vers eux.

- Kiun. Qu'est-ce que tu as ? Tu es plus bagarreur, d'habitude.

- Je ne sais pas.

- Il a peur ! S'exclama alors Natsuki avec un petit sourire. Peur de se faire battre ! Il joue les durs, mais au fond... Ce n'est qu'un lâche !

Kiunju tourna alors la tête. Le jeune homme recula soudain d'un pas, moins confiant. « Qu'est-ce que »... Nadak et Kenai aussi semblaient peu rassurés. Ils le sentaient.

- Répètes ça, si tu l'oses.

Le ton de Kiunju avait changé. Ses yeux scintillèrent alors.

- Eh bien... Tu... tu n'es... qu'un lâche.

Alors, Kiunju se jeta sur lui. Il l'attrapa par le col et l'envoya au sol d'un seul bras. Il roula sur plusieurs dizaines de mètres.

- Kiunju !

Le jeune homme cligna des yeux. Il regarda Natsuki, comme dérouté. Il se précipita.

- Ça va ?

- Euh... oui.

Il lui empoigna la main. Kiunju le redressa sans difficulté. Natsuki fut quelque peu secoué. Alors, Kenai arriva dans son dos. Soudain, Kiunju fit volteface et effectua la même manœuvre. Sokia resta sans voix. Son ami semblait plus compétant qu'il en avait l'air. L'instructeur regarda la scène. Un jeune prometteur.

Un footing fut organisé le lendemain. Kiunju semblait infatigable, contrairement à ses amis. Leur professeur les suivait à cheval. Il observa Kiunju. « Jusqu'où peut-il aller ». Il regarda les élèves. Tous semblaient se débrouiller. Le jeune homme aux cheveux gris regardait autour de lui.

- J'ai l'impression d'être déjà venu...

Bien que n'ayant jamais quitté Roswail, il semblait connaitre cet endroit.

- Tout va bien ? Demanda Nadak.

- J'ai l'impression de connaitre cet endroit.

L'homme le regarda, étonné. Ils continuèrent ainsi à courir jusqu'à enfin s'arrêter. Tous semblaient à bout, sauf Kiunju. Alors, les yeux de son collier cessèrent de scintiller.

- Eh bien, dit Natsuki. T'es increvable, ma parole !

- Oui, il faut croire. Je ne comprends pas.

- Kiun a toujours été très endurant, dit Sokia.

- Si tu le dis.

L'instructeur s'avança vers Kiunju et le surplomba.

- Voilà des performances pour le moins étonnantes, mon garçon.

- Oh, merci...

Il ne sut quoi répondre. On leur laissa le reste de la journée de libre. Kiunju réfléchissait à ce qu'il lui arrivait. « Pour commencer, je m'emporte contre Natsuki, puis je jouis d'une endurance sans limite et enfin »... Il regarda son collier.

- J'ai des impressions de déjà vue.

Il serra le poing. « Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est quoi » ? Il soupira. Non, il ne comprenait pas. Alors, Nadak vint le voir.

- Alors, ça va ?

- Je ne sais pas. J'essaie de faire le lien entre mon père, ce Magmarien, et ce qui m'arrive, mais il y a clairement un truc qui m'échappe.

- Tu te préoccupe encore de ça ?

- Nadak. Tu le sais aussi bien que moi.

L'homme soupira.

- Peut-être aimerais-tu te changer les idées ? Je connais de jolis coins, par ici.

- Si tu veux.

Ils quittèrent donc le camp et s'enfoncèrent dans la forêt. Kiunju ne cessait de réfléchir. « Ce que j'aimerai surtout savoir, c'est ce qu'était ce Magmarien »... Malheureusement, il n'en avait aucune idée. C'est alors qu'une branche craqua dans leur dos. Le jeune homme tourna la tête. Natsuki et Kenai les suivaient.

- Euh...

- Eh bien, dit Nadak. Pour la discrétion, vous repasserez.

Kenai eut un petit sourire gêné. Ils décidèrent de se promener ensemble.

- A votre avis, on va l'obtenir, notre diplôme ?

- Bien sûr ! S'exclama Kenai. Ce sera du gâteau !

Nadak acquiesça, tout comme Kiunju.

- C'est vrai que cela semble relativement facile.

- Parles pour toi, t'es compétant dans tous les domaines !

- Eh !

Kiunju eut un sourire. Cela lui permettait effectivement de se changer les idées. Pour une fois, il pensait plus au Magmarien, ni à son père. Pourtant, un détail le titillait. Les yeux de ses amis étaient tous orange, une couleur peu ordinaire.