Hein, quoi ?

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Il est l'heure de partir. Déjà, je ressens la crainte et appréhende le regard de ces autres, qui sans scrupule ni gène, me dévisageront de la tête aux pieds. J'ai maintes fois demandé à mes proches si quelque chose clochait dans mon allure, si un détail auquel je n'aurai pas prêté attention, dénotait une touche de drôlerie chez moi. On me répond que non. Pourtant, je croise leur regard inquisiteur, ressents leur jugement à peine voilé, qui sur leur moue dépitée, se reflète de manière assurée. Ce qu'en leur fort intérieur devrait rester caché, préfèrent-ils l'affirmer et le démontrer. Aux oubliettes le principe de discrétion, d'un autre temps l'éducation. Le respect n'est plus ce qu'il était, et si l'on se rappelle nos aïeux plaidant le manque de considération de la nouvelle génération; celle-ci a vieilli, laissé sa place à la suivante; qui malheureusement ne déroge pas au vieux dicton: " Oui, il y aura toujours des cons. " Les différences sont devenues incompétences et signes de marginalité, elle-même symbole d'anormalité. De leur conclusion bien vite bouclée, je préfère restée ignorante, aussi ne leur ai-je rien demandé. M'atteler à ne pas juger, faire quand je peux faire, dire quand je peux dire; toujours attentionnée à ne point blesser; prudente et organisée, avisée ou tentant de l'être, prônant la vérité, l'honnêteté, la sincérité; semblent des attributs et système de valeur laissant perplexe la majorité. Ces principes outragent certain de mes congénères, qui eux défient d'être apprécier ou critiquer. Ainsi, ils scrutent, épient, détaillent, repèrent le moindre indice d'une originalité, la moindre touche trop personnelle... d'une personnalité. Ils sont en quête de singularités, desquelles feront leurs résumés, lesquelles ne sont en fait, que natures innées et caractères imposés, à leurs hôtes qui sont ainsi nés. Ces gens à l'âme amère, n'ont de cesse de me blesser si d'aventure je prête attention à leurs intonations. Gestuelle, faciès, démarche, allure, sont offices de leurs discours silencieux. Assumant mal leurs incompréhensions, de l'inconnu tirent conclusion, qu'il n'y est là rien de bon. Pourtant, loin de moi l'idée de vouloir choquer ou ne serait-ce qu'interpeller. Si parfois l'expression de mon visage m'échappe, celle de mon maintien interroge, je suis bluffée par leur vitesse de conclusion. Moi-même n'étant pas au courant, me voilà stigmatisée par les regards d'autruis, résultat de l'oeuvre d'un moi attenant et non conscient. Est-ce là le comble de la bizarrerie ?

Parce-que tu es toi, tu es bizarre. Parce-que je suis moi, je suis bizarre. Parce-qu'ils sont eux et pas toi, ni moi, ils sont bizarres. Au final, seul est bizarre celui qui ne l'est pas ?

Je crois être comme tout le monde, à part et en même temps dedans. Si ma personne a quelque caractéristique qui détonne, n'empêche que chacun possède les siennes.

Le bizarre est oeuvre d'incompréhension. Jamais vu avant, questionnant pendant, laisse l'aprés à l'appréciation de son correspondant.

Si certains se veulent l'exact contraire d'un contrevenant, personne n'est à l'abri d'un questionnement. Le bizarre est une boucle. S'il ne peut exister sans "normalité", celle-ci ne peut être considérée sans "bizarrerie".

Je crois que rien de tout cela n'existe, seul sont réel les sentiments que je ressents quand on me regarde bizarrement.

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