Blog : Call me Jake. Post numéro 2 : Celui où je vous parle de ma terre natale

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 Je suis né et j’ai grandi à Scarborough, plus précisément à Cayton Bay, un village côtier dans le Yorkshire, en Angleterre. C'est un endroit vraiment spécial pour moi. J'y ai passé une enfance de rêve. C’est là que j’ai appris à surfer. Les vagues puissantes et le paysage côtier spectaculaire en font un endroit unique pour les amateurs de surf comme moi. Lorsque je suis sur ma planche, j'ai l'impression que tous mes soucis s'évanouissent, et je me connecte avec la nature de manière profonde. Je passais donc de nombreuses heures, avec mes copains, entre la plage et les zones boisées proches, où nous avions notre QG, une cabane que nous avions bâtie dans un chêne… . Il y a aussi des falaises, dont la vue depuis les hauteurs est à couper le souffle. Même si ma mère m’interdisait d’y aller, je m’y rendais parfois, juste pour voir l’étendue de la mer qui s’étendait à l’horizon. J’appréciais cet endroit, surtout quand je voulais être seul. Ce qui est arrivé plusieurs fois, particulièrement à l’adolescence…

 Mes parents étaient des gens simples, mais vrais, purs. D’une gentillesse et d’un dévouement incroyables, je m’en rends compte aujourd’hui. Ma mère, Isabela, était d’origine espagnole (d’où mon deuxième prénom, « Esteban »), elle enseignait l’art à la Graham School, où j’ai fait mes études secondaires. C'était le rayon de soleil à la maison. Elle avait d’épais cheveux noirs et de grands yeux bruns. Elle me chantait des comptines espagnoles quand j’étais petit. Ma préférée était “Arrorró mi niño” (Dors mon petit). Si j’étais triste, si j’avais peur, elle n’avait qu’à chanter cette chanson de sa voix douce et je me sentais tout de suite mieux. Mon père, William, comptable, anglais pure souche, était plus pragmatique. Il était grand, élancé et il portait toujours une grosse paire de lunettes d’écaille. Il savait être affectueux, mais ce n’était pas trop son truc. Par contre, c’est sans doute l’homme le plus courageux, loyal et droit que j’aie connu. Je l’admirais. J’ai aussi une grande sœur, Olivia, que j’appelle Liv. On se dispute énormément, mais qu’est ce qu’on s’adore. Aujourd’hui elle est avocate à Londres, et je retourne la voir dès que je peux.

 Tout ce petit monde vivait donc dans un cottage à Cayton. La vie était simple et belle.Puis en grandissant, je ne sais pas trop pourquoi, je me suis peu à peu éloigné de ma famille… J’ai étudié l'ingénierie informatique à l’université de York. J’étais doué. L’informatique est devenue réellement une passion pour moi. Je m’investissais à fond dans mes études, mes amitiés, les filles… Et à ce propos, j’ai eu une terrible dispute avec mon père. Une de celles où on en viendrait aux mains. Bien que j’étais à l’université, il ne voulait pas lâcher du lest. Il me considérait toujours comme un ado écervelé qu’il fallait surveiller. Un jour, je lui ai dit que je voulais m’acheter une voiture d’occasion, avec l’argent que j'économisais depuis un bon moment. J'ai prétexté que ça nous faciliterait la vie à tous, alors qu' en vérité, je voulais juste épater une fille... Mais il s’est encore montré très pointilleux, il m’a dit que je n’étais pas prêt, pas assez réfléchi et qu’il était hors de question que je dépense mon argent pour un engin qui allait devenir “une bombe ambulante entre mes mains”. Je lui ai hurlé dessus, j’ai pété les plombs et je suis parti en claquant la porte. J’ai squatté chez un pote qui avait un appartement et qui allait à l’université avec moi. Peu après, mes parents sont partis rendre visite à la famille de ma mère en Espagne. Ils ne sont jamais revenus. Leur avion s’est écrasé, il n’y a eu aucun survivant. Et moi, je ne m’étais pas réconcilié avec mon père. C’est mon plus grand regret.

 Du coup, je suis revenu chez moi, mais j’ai arrêté mes études. Je suis parti en vrille. Je passais mon temps dans les pubs, je buvais, je me battais,… Et ça s'est terminé par une bagarre de trop, un mec envoyé à l'hôpital et une condamnation pour votre serviteur. Ma sœur, pauvre Liv, faisait ce qu’elle pouvait pour m’aider. Je souffrais, mais elle souffrait aussi, tout en s’occupant de moi. Maintenant que j’y pense, j’ai été un sacré égoïste à l’époque. Pendant qu’elle assumait le rôle de pilier à la maison, je ne voyais que mon petit nombril.

 C’est à cette époque que je me suis fait faire mon tatouage. Un serpent dont la tête repose sur le dos de ma main, et dont le corps, enroulé le long de mon bras droit, passe sur le haut de mes omoplates et dont la queue pointe sur le côté gauche de mon cou. Ce serpent symbolise le remords et la peine qui m’étouffent, et me rappelle que la rancune est un poison fatal. Maintenant je m’efforce de ne plus en vouloir trop longtemps à quelqu’un qui pourrait me blesser. Le pardon, c’est la clé de la paix intérieure.

 Bref, je me suis bien écarté du sujet… Après cette période de dérive, je me suis ressaisi, j’ai repris et terminé mes études haut la main. J’ai travaillé à Londres pendant presque 20 ans, et en 2020, après m’être fait jeté (trompé) par ma fiancée, j’ai décidé de changer de vie, et j’habite depuis à Los Angeles, Canals, Venice. Je m’y sens bien. Je travaille pour une énorme boîte très connue, dans le département Intelligence Artificielle. Je fais du surf, de la musculation, de la photo… Je vis dans une ancienne fabrique transformée en loft, et je me suis offert une Mustang de 1964… J’aime ma vie, mais je me sens seul. J’ai été trahi, blessé. Je voudrais recommencer à faire confiance, mais c’est difficile. Peut-être un jour…

 Voilà, vous savez (presque) tout. Merci de m’avoir lu. A bientôt :)

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