Blog : Call me Jake. Post numéro 4 : Celui où j’ai passé une sale journée

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Salut à tous. Je sais, j’ai déjà écrit tout à l’heure, mais là, il faut que je jette sur ce blog toutes ces pensées négatives, avant de pouvoir espérer pouvoir m’endormir. Parce que ça a été une sale journée.

Ça a commencé en réunion tout à l’heure, au boulot. J’ai discuté de ce qui s’est passé avec l’IA et Jenna, une des collègues qui travaille avec moi sur le projet, s’est encore sentie obligée de mettre son grain de sel. Pour vous situer Jenna, imaginez une femme entre deux âges, habillée avec goût mais beaucoup trop maquillée, avec un mécontentement perpétuel sur les levres. Des paupières lourdes forment comme un voile sur son regard désapprobateur. Bon, on ne se moque pas de son apparence, ce n'est pas bien. Mais c'est son attitude qui me hérisse le poil. Je pense que sur Internet, on pourrait la comparer à une "Karen" qui exige de voir votre manager car elle trouve honteux qu'on ne lui accorde pas un rabais pour un article qui n'existe que dans une couleur qu'elle n'aime pas. Jenna est constamment scandalisée, choquée, indignée. Vous voyez le personnage ? Jenna, donc, a commencé à insinuer que j’avais dû faire une erreur, qu’il était impossible que l’IA se mette à parler de ce genre de choses, ou bien qu’il y avait eu une faille de sécurité dans mes fichiers. Du coup, elle a commencé à ameuter nos responsables, et je me suis retrouvé en train de devoir me défendre devant Clark, qui gère notre équipe. Heureusement qu’il me connaît bien et qu’il sait que je suis assez pointilleux dans mon travail pour éviter que ce genre de chose arrive. Il connaît aussi Jenna et sa manie de faire des montagnes pour pas grand chose.

Bref, j’étais quand même furieux. Alors pour essayer de me détendre, je suis allé un peu surfer après le boulot.

J'adore la plage. Depuis que je suis petit, le ressac des vagues, le goût salé que donne l'eau de mer sur mes lèvres, ajouté à la sensation de liberté que donne le fait de surfer sur des vagues en furie, tout ça m'a toujours fait un bien fou. Quand je surfe, il n'y a plus de problème, tout va bien, la vie est belle. Ca faisait donc un moment que j’enchaînais les vagues, et que je commençais à me sentir vraiment mieux, quand je l’ai vue, là, sur la plage. Une fille qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à Helen.

Helen est la raison pour laquelle je me retrouve ici, à L.A. Nous nous aimions, nous étions même fiancés. Nous devions nous marier le 20 juin 2020. Et presque trois mois avant, elle m’annonce qu’elle en aime un autre et qu'elle me lâche. Juste comme ça.

Alors, le fait de voir cette fille, tous ces souvenirs sont remontés. Finie la paix intérieure, finie la sensation de liberté, bon retour à la vie réelle, Jake… Je suis revenu à la maison avec une horrible sensation d’étouffement, comme si quelqu’un serrait mon cœur dans son poing. Des souvenirs baignés de tristesse, de désespoir même, sont revenus polluer mon esprit. Comme si des chimères malfaisantes me chuchotaient à l'oreilles toutes ces choses que je voulais oublier. Je me suis mis au lit, j’étais juste dégoûté et je voulais juste dormir. Curieusement, je me suis assez vite endormi. Mais j’ai fait un rêve bizarre, malaisant. J’étais dans la rue, seul, et un trou s’est ouvert dans le sol près de moi. Un trou béant comme une bouche, entouré de flammèches vertes. De l’autre côté du trou, il y avait un jeune homme qui me regardait. Je ne l’ai jamais vu, j’en suis certain, mais j’avais l’impression de le connaître, de très bien le connaître. Comme si un lien nous reliait, comme si cet étranger était… mon petit frère caché, ou quelque chose comme ça… Il ressemblait vaguement à un pote qui était à la York University avec moi et que je n’ai jamais revu depuis. Il devait avoir la vingtaine, cheveux bruns, des lunettes, physique normal. Le genre de mec qu’on croise dans la rue sans vraiment le remarquer… Et pourtant j’ai eu l’impression de ressentir ce qu’il ressentait. Une espèce de mélancolie, une solitude qui ont transpercé mon cœur. Je me suis réveillé en sursaut, il était un peu avant minuit. Et là, plus moyen de dormir. Il m'arrive fréquemment de faire des cauchemars, mais d'habitude, ils mettent en scène mon père, qui me dit à chaque fois à quel point il est déçu de moi. Jamais je n'avais fait de rêve si troublant et persistant...

J’espère que maintenant que j’ai jeté tout ça ici, j’arriverai à dormir.

Merci de m’avoir lu. A bientôt.

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