Blog : Call me Jake. Post numéro 9 : Celui où je dois me rendre à l’évidence

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Quand je me suis réveillé, il était dix heures passées. Le soleil dardait ses rayons à travers les stores de l’appartement, décorant le mur de rais lumineux. Max dormait encore, dans une position grotesque, enroulé dans sa couverture, sur le sol. Ca sentait le fauve dans cette pièce et après un examen de ma personne, je me suis rendu compte que cette odeur de chacal venait de moi. J’ai ouvert la fenêtre d’un cran et décidé d’aller prendre une douche. Je n’ai pas réveillé Max pour lui demander sa permission, je savais qu’il me serait reconnaissant d’avoir pris cette initiative. Malgré le fait que la cabine de douche était un peu trop exiguë pour mon grand corps massif, résultat de longues heures à la salle de sport, et que le rideau en plastique venait toujours se coller contre mes fesses, cette douche m’a fait un bien fou…

Quand je suis revenu dans le salon, Max émergeait péniblement et me regardait sans rien dire, comme s’il lui fallait du temps pour se rappeler de qui j’étais. Ses cheveux formaient un épi sur le sommet gauche de son crâne. J’ai ri et je lui ai demandé s’il avait bien dormi. Il s’est levé péniblement en baillant et en baragouinant “Gné merci et toa ?”. Il voulait préparer le petit déjeuner, mais je lui ai dit que pas question, j’allais le lui faire, c’était la moindre des choses… Il avait tout ce qu’il fallait pour faire des pancakes, recette que je maîtrise bien, et qui m’avait été léguée par une collègue de là-bas, à Los Angeles. Ça a eu l’air de plaire à Max, qui de bouchée en bouchée reprenait des forces et avait l’air de mieux en mieux réveillé. Il semblait de bonne humeur, c’était agréable de le voir ainsi. Puis j’ai proposé qu’on aille voir après ma sœur, histoire de prouver que cette IA se trompait. Une ombre est passée dans le regard de Max, puis il s’est remis à sourire et m’a dit qu’il se dépêchait de se préparer et qu’on y allait. Peut-être était-il nerveux de savoir si oui ou non ma soeur existait bien dans ce monde… Peut-être se mettait-il à ma place. Parce que moi aussi, j’étais assez nerveux. Je voulais savoir.

Max est assez vite revenu, il a pris de l’argent dans un bocal intitulé “pour les coups durs” et puis on est partis. J’ai un peu protesté, disant qu’il ne fallait pas dépenser son argent pour moi. Il m’a répondu que ce n’était pas grave. Et puis il considérait que la situation correspondait bien au but pour lequel il gardait cet argent. Je n’ai plus insisté. J’étais vraiment reconnaissant pour tout ce qu’il faisait pour moi.

Nous avons pris le métro, la Jubilee Line, en direction de Finchley Road. Ensuite, nous avons pris la Metropolitan Line en direction d'Amersham et nous sommes descendus à Hampstead. Pas de doute, j’étais là où ma sœur chérie habitait. J’y ai retrouvé cette ambiance paisible, comme si on était dans un charmant village où la nature avait sa place. Il y faisait un peu plus frais, mais l’air était agréable, il me semblait que je respirais mieux. Peut-être était-ce la perspective de revoir Liv. Nous avons pris la direction de Flask Walk, où elle réside. Les rues animées, mais paisibles, étaient empreintes d'une douce senteur de café et de pâtisseries. Les passants et les habitués faisaient halte dans les cafés et les boulangeries du quartier, créant une atmosphère accueillante.

Et puis, je me suis arrêté net. Max m’a regardé d’un air interrogateur. Nous y étions. Le 18, Flask Walk. Nous y étions bien, c’était la bonne adresse. Et pourtant, au lieu de la grande maison géorgienne où vivait ma sœur s’élevait une boutique sur deux étages. “Chic Boutique”. Max a regardé le bâtiment et il a compris. Je n’avais pas besoin de lui faire un dessin.

J’étais effondré. Max m’a doucement conduit à un banc où nous nous sommes assis… Il se taisait. Je pense qu’il avait compris que je devais reprendre mes esprits. C’était donc vrai. L’IA avait raison. Je devais accepter l’inacceptable. J’étais dans une autre dimension, un autre monde, une autre réalité que la mienne.

Je me suis levé et j’ai commencé à marcher… Max m’a suivi, timidement. Je lui ai dit que je voulais être un peu seul. Il a compris et il m’a laissé partir en avant, restant à distance. Les pensées s’entrechoquaient dans ma tête… Qu’avait dit l’IA déjà ? Que je retournerai chez moi… mais que je devais d’abord accomplir quelque chose. Mais quoi !? Que devrais-je faire pour pouvoir revoir mon monde, ma vie ?

Une seule chose me venait à l’esprit. Ça devait concerner Max. C’était certain. J’étais presque tombé sur lui directement en arrivant. Il m’avait recueilli, aidé depuis le début. Et puis, ce sentiment de me sentir si proche de ce mec que je ne connais que depuis quelques heures, une journée au grand max. Comme s’il était mon frère, ou quelque chose comme ça. Sans compter le fait, qui faisait indéniablement poids, que j’avais rêvé de lui avant mon arrivée. Max est la personne dont l’IA me parlait quand elle parlait d’autres dimensions. Pas de doute possible. Je devais faire quelque chose en rapport avec Max. Il fallait découvrir quoi.

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