Épilogue
On rit grassement de la bassesse dans laquelle se trouva ce beau monde. Monseigneur le comte d'Artois, Monsieur et Madame de Provence étaient des convives, comme nous l'avons susdit. Il se trouvait trois dames de compagnie de Madame : Marie-Anne-Pauline de Ricard-Brégançon, vicomtesse de Narbonne-Plellet ; Pauline de Montmorin-Saint-Hérem, comtesse de Beaumont ; et Diane, comtesse de Polignac. Jules, comte de Polignac et frère de Diane, était avec Adhémar de Polastron, militaire et demi-frère de Gabrielle. Le chancelier de Monsieur, François-Jean Orceau de Fontette, était un habitué. François-Henri, vicomte de Virieu et Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de Busset, ainsi que Henri-Louis-Marie de Rohan, prince de Guéméné, avaient fait leurs preuves depuis peu. Le débauché Louis-René, prince de Rohan et cardinal-évêque de Strasbourg, venait d'introduire ce soir François de Narbonne-Lara, évêque d'Évreux et premier aumônier de Madame Adélaïde, tante du roi.
Je laisse la plume à Mercy-Argentaux, qui a résumé ainsi l'événement et ses conséquences dans ses Mémoires :
« Il va sans dire que, dans les jours qui suivirent, le roi entra dans une folle colère ! Il fit exiler son frère d'Artois à Blois, mais permit à sa femme de rester, car la pauvre était innocente de tout crime. Monsieur et Madame furent exilés sur le champs à Coulommiers. Les autres furent embastillés, condamnés à l'exil hors de France ou bien simplement exécutés. On avait jamais vu le roi aussi déterminé ; à croire qu'une mouche l'avait piqué, et que le comportement qu'on attendait de lui était finalement arrivé par miracle. Il avait tout a fait perdu sa bonhomie naturelle pendant trois mois, et tout revint à la normale en avril.
Bien malgré elles, Mesdames de Marsan (liée aux Rohan et Guéméné) et de Polignac (liée aussi aux Polastron) furent éclaboussées par la disgrâce de leurs familles. La princesse de Lamballe, quoiqu'elle affichait une mine triste, se pavanait de nouveau dans Versailles.
— Voyez comme elle est heureuse de redevenir la favorite de Sa Majesté. murmuraient les uns.
— Elle a tellement de mal à le cacher qu'elle transpire de joie. médisaient les autres.
Et la visite de l'empereur, me demanderez-vous ? Vu les récents événements, et ses difficultés de voyage, il préféra remettre sa visite à l'été, et rentra tranquillement à Vienne. Il va sans dire que Sa Majesté ne put donner son avis sur rien dans l'exil de Madame de Polignac, mais elle retrouva bientôt une certaine félicité d'être en compagnie de Madame la princesse. Je crois qu'une certaine insensibilité au plaisir la traversa pendant quelques mois ; et elle fut apathique quand Madame de Polignac mourut (« de douleur » dit-on) en septembre de cette même année 1776. En raison de sa grande amitié, on craignit chez elle le même mal que chez la comtesse d'Artois, avec qui la reine se lia contre toutes attentes.
En peu de temps, il y eut beaucoup de changements, ne serait-ce que dans le caractère du couple royal. Cela permit de calmer les folies de la reine, celles que lui reprochaient Sa Majesté impériale sa mère. Dès lors, elle s'accorda mieux avec Madame de Lamballe qui était parfois moins sérieuse, ce qui était un véritable exploit de sa part ! »
Nous nous arrêterons-là pour la grande Histoire. Pour le moment tout se fini bien, mais il y a tellement de choses à dire, que je préfère laisser le temps au Temps. Nous verrons bientôt tout cela en détail avec les héros et héroïnes une fois prochaine.
Fin du volume.
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