En route vers le grand air
Comme je m'en doutais, des larmes perlèrent et elle les essuya d'une main en reniflant. Elle vint s'asseoir à mes côtés et attrapa une de mes mains et la serra en me regardant fixement, me gênant plus qu'autre chose. J'ai dégagé ma main et l'ai posé contre mes jambes, interrogeant la femme du regard.
- Désolée Sacha. C'est juste que tu m'as vraiment manqué durant ces six mois, commença la femme.
- Bon, si c'est pour venir te plaindre et pleurer tu sors. Je veux juste savoir ce que j'ai été pour toi avant mon amnésie, la coupais-je, me valant des yeux étonnés de sa part.
- Oui, pardon. Je suis désolée. Et bien, j'étais ta petite amie avant ton accident. Tu ne t'en souviens vraiment pas ?
- Non, et tu espères qu'on le soit encore ?
- Et bien... Oui, tu as raison. Même si tu as perdu la mémoire on pourrait recommencer à zéro.
- Je t'arrête. Il en est hors de question. Je suis désolé mais je ne peux pas. On devrait tout les deux reprendre tout à zéro mais chacun de son côté, ce serait le mieux. D'accord ?
- Sacha..
- J'ai perdu la mémoire ! Même moi je ne sais pas si je serais capable d'éprouver quoi que ce soit envers toi. On arrête là. Ma décision ne changera pas.
Elle hocha sa tête et parti. Je n'avais pas de remords à lui avoir tout jeter à la figure comme ça. La franchise était le mieux pour elle. J'ai soupiré, m'ennuyant fermement. Je n'avais rien à faire dans cet hôpital. Tout était ennuyeux. Même les visites. Je voulais partir.
- Monsieur, tout va bien ?
- Comment ? demandais-je en relevant la tête, posant mes yeux sur un infirmier qui venait s'asseyait à mes côtés.
- J'ai vu une femme partir en pleurant. Tout va bien ?
- Oh oui. Pour moi oui. C'était, d'après elle, ma petite amie. J'ai préféré tout arrêter.
- Je comprends meiux. Cela ne vous a rien rappeler ? Vous ne ressentez rien ?
- Absolument rien. Aucuns sentiments ni souvenirs. Je n'éprouve plus rien pour elle. Et puis, je ne comprends pas pourquoi elle a espéré une suite avec moi. Être amnésique ne va pas arranger les choses entre elle et moi.
- Je vois, répondit l'homme en hochant la tête.
- Monsieur.
- Oui, je vous écoute.
- Et bien, j'aimerais savoir quand je quitterais cet hôpital. Je ne comprends pas pourquoi vous me gardez ici.
- Encore deux ou trois semaines. Si votre état s'améliore on vous fera sortir. Il ne faut pas oublier vos blessures, votre oeil et votre amnésie. On ne doit rien négliger.
- C'est long !
Il haussa ses épaules et nota quelque chose sur son carnet.
- Ce n'est rien ça. Il y a des patients qui sont allités pour des mois. Vous avez passé six mois dans le coma alors deux semaines ce n'est rien. Je comprends que vous voulez sortir, continua-t-il en voyant mon agacement, mais je n'y peux rien. Votre cas n'est pas négligeable. Votre ami a subit pire que vous.
- Comment ça ? demandais-je, surpris et curieux.
- Et bien, votre ami est paralysé aux jambes et est actuellement entre la vie et la mort. Il ne s'est toujours pas réveillé. Encore quelques mois et nous le débranchons. Enfin, seulement si cela devient trop long ou si sa famille le décide.
Il vaiat croisé ses jambes et ses bras en disant ça. Ses cheveux blonds lui étaient tombés devant les yeux et il regardait le sol. Même si je n'avais aucuns souvenirs de cet ami, j'éprouvais un pincement au coeur à cet nouvelle. Je m'en voulais d'être aussi égoiste. C'est vrai qu'il y avait des cas plus graves que le mien.
Il releva la tête et se leva de sa chaise, me ramenant à la réalité.
- Où allez-vous ? demandais-je.
- Fumer, répondit-il en me montrant un paquet, un sourire plaqué sur ses lèvres. Vous voulez que je reste ?
- Oui, s'il-vous-plaît. Je n'aime pas être tout seul, répondis-je en tirant sur ma couverture.
- Vous avez le droit de vous lever Monsieur ? demanda-t-il en se rapprochant.
- Je crois. Pourquoi ?
- On va aller sur vous dégourdir les jambes. Et je pourrais ealler fumer !
J'ai souri un peu et il s'approcha de moi avant de retirer ma couverture et de m'aider à descendre de mon lit. Il me fit marcher un peu, me permettant de devenir un peu plus stable sur mes jambes. Il tendit son bras et je m'y suis agrippé, rassuré d'avoir un peu d'aide.
- Merci Monsieur.
- Plus de formalité, Sacha. Appelle moi Louis. Monsieur, ça fait vieux je trouve.
J'ai hoché la tête et il commença à avancer doucement vers la porte. Louis faisait attention à ne pas avancer trop vite. Les couloirs étaient relativement bondés de monde.
- Que fais-tu avec ce patient Louis ? demanda une infirmière en s'arrêtant pour nous dévisager.
- Moi ? Rien de spécial. Je l'emmène juste se dégourdir les jambes et prendre l'air. Il avait envie de sortir un peu. Il s'ennuie, répondit l'infirmier d'un air faussement surpris sur son visage, un grand sourire sur ses lèvres.
- Tu vas aussi en profiter pour avoir ta clope de la journée. Avoue.
- Comment as-tu deviné ? s'étonna nullement Louis en faisant une mine choqué.
- Quand on te connaît bien c'est assez facile à deviner. Fais gaffe à ce que Shirley ne te tombe pas dessus. Elle te tuerais sur place.
- Elle est de retour cette furie !?
- Malheureusement oui. Elle est revenue de ses vacances plus vite que prévu.
Nous avons continué d'avancer, l'infirmière nous suivant, décrètant qu'elle avait besoin d'une pause elle aussi.
- Elle peut pas nous foutre la paix c'te grosse connasse avec ses soutifs rembourées là ? s'énerva soudainement le blond en plein milieu d'un couloir.
- Attention à comment tu parles ! le gronda l'infirmière en fronçant ses sourcils.
- T'inquiète Emma. Mais c'est bien la seule infirmière que j'ai pas pu me taper ! Elle est horrible !
- Les jeunes y sont toutes passées ? Ça ne m'étonne pas de toi. Il n'y a que nous, les anciennes, qui savons te calmer.
- Ouais. Mais elles sont trop nulles. Jamais vu ça de ma vie. Je préfèrerais presque me faire un infirmier du secteur B que ses jeunettes. Apparement ils ont de l'expérience et un beau bon cul.
- Le secteur de Cam' ? Tu te l'ai pas fait lui ? demanda la brune en levant un sourcil.
- Si, et monDieu il était trop bon ! Même si je suis hétéro, j'aime bien m'amuser avec des gars de temps en temps. Mais une chose est claire à chaque fois. C'est moi qui l'a met. Eux, ils se la prennent. Pas l'inverse.
- Pourtant une fois c'est toi qui t'en ai bouffé une, gloussa Emma en appelant l'ascenseur.
- Une fois, grogna Louis en roulant des yeux. Et encore c'est parce que c'était dur de lui monter dessus. Deux mètres le gars. J'avais essayé de la lui mettre et len gars, je sais pas mais il m'a choppé les hanches, m'a retourné et hop ! Il me l'a mise ! Il en avait une grosse par contre. Mais, l'avantage, je l'ai sucé, se vanta-t-il en tirant la langue, deux de ses doigts entourant l'extrémité de ses lèvres.
- C'était qui déjà ?
- Fred, j'ai été baisé par le gérant du secteur D ! Quelle honte.. Mais qu'est-ce que c'était bon.
- Louis, on devrait s'en arrêter là, le patient est tout gêné, remarqua l'infirmière en me désignant.
- T'es gêné Sacha ? demanda le blond en m'aidant à sortir de l'ascenceur.
- Oui... C'était très gênant..
J'étais rouge. J'avais cerné dès le début de quoi il parlait, et c'était vraiment gênant ! Nous sommes sorti et pour ma grande surprise, j'aperçus du coin de l'oeil Asmodée et Raphaël aller en direction de l'entrée de l'hôpital.
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