C'est très simple, les amis.

Pour expliquer ce phénomène, qui épargne, je le conçois, certains individus alphas de notre monde, il faut en remonter à la Préhistoire.

De tout temps l'homme s'est mouché le nez. Au début, on utilisait une feuille de fougère (c'est d'ailleurs à cette même époque que l'enrhumé reconnaissant inventera la locution : "tu gères, fougère.") Puis, comme on n'arrête pas le progrès, le mouchage de nez devint un problème qui suscita de plus en plus les esprits techniciens : morceau de peau animale, caillou - celui-là ne marchait pas très bien -, ou encore peau de banane, tout était bon pour chasser le vilain rhume et mener une vie paisible de chasseur-cueilleur.

Or en ce temps-là, on n'avait pas encore eu l'idée de souffler dans une conque : le seul moyen de prévenir des attaques de prédateurs - animaux ou humains - était de crier, tout simplement. Le problème résidait en ce que ça fait drôlement mal à la gorge de gueuler "AAAAAAAHHHH" ou "RRRRRRrrrrriiiiiiii", d'où la nécessité de trouver une nouvelle alarme qui n'arracherait pas les cordes vocales.

Nos archéologues et spéléologues ont découvert tout récemment - tellement récemment qu'il n'y a que moi qui suis au courant, n'essayez donc pas d'aller chercher sur internet - que la solution vint un mois de décembre, alors que tout le monde était en proie à une terrible épidémie de rhume. Des tigres à dents-de-sabre étaient sur le point d'attaquer la population d'une grotte (la grotte Hesque, où des peintures racontent l'épisode) ; or nul ne pouvait pousser de cri, tant les gorges faisaient souffrir !

Alors, dans l'ultime but de prévenir les autres grottards du danger, tous sortirent de quoi se moucher et soufflèrent le plus fort possible. Cela fit un bruit d'enfer, comme des trompettes foireuses ; mais cela marchait : les mouchards (on reprendra le terme plus tard, pour désigner tout personne en mesure de prévenir d'un danger, cette fois par le biais de l'espionnage) les mouchards, quoique morts dans d'atroces souffrances, avaient évité le pire.

Les voisins reprirent cette technique du mouchoir - certains allaient même jusqu'à s'enrhumer, au cas où -, qui demeura jusqu'à l'utilisation d'un système d'alarme un peu moins débile. Toutefois, depuis ce jour lointain, on ne sut plus comment faire pour se moucher silencieusement ; certains aujourd'hui le peuvent, et il a été prouvé qu'ils sont les descendants d'une peuplade qui, par manque de mouchoirs, prévenaient de tout danger en se cognant fort la tête contre les murs. Ne me demandez pas pourquoi. Je ne dis que les faits.

Voilà. Vous savez maintenant pourquoi on fait du bruit quand on se mouche, et je vous jure que c'est vrai. Parole de Causette !