9. Déshumanisée
Je ne pleure pas quand j’écris ces lignes
Les émotions sont infinies mais aucune ne m’habite
Comme toi, je suis pourtant passée par tous les aspects
Me voilà éreintée
Il y a eu tant de bousculements que je m’y suis perdue
Un trou noir m’enlise au sein de mes réflexions
A trop vouloir comprendre je me suis écorchée
Sans même parvenir à trouver un semblant de réalité
Tu as à la fois tout dit et tout oublié
Tu en as trop fait ou pas assez
En anéantissant mon image, tu as célébré ta liberté
Je t’ai emporté dans ma folie mais c’est la tienne qui me fait plonger
Cette période de ma vie est devenue une histoire
On la raconte en quelques lignes pour en faire un exemple
La morale inhérente à ton art a pris le pas sur notre passion commune
Qui est devenue ordinaire, désarticulée, sans âme
Tout est faux comme tout est vrai
Tout est précis comme rien ne l’est
Les mots sont bien fades comme ils l’ont toujours été
Ils démembrent les sensations par leurs imprécisions
Mis bout à bout, ils sont bien loin du compte
Ils narrent ce que tu voulais à tout prix éviter
Oui, ils sombrent dans un résumé pittoresque
Ils sont ordinaires, désarticulés, sans âmes
Tu as parlé et je me suis tut par la force des choses
Personne ne me connaît mais tout le monde me hait
Les insultes fusent sous les feux des projecteurs
Muselée, je subis. Je suis esclave. Je suis violée
Tu déblatères des pensées, certaines sont horribles
J’ai été odieuse et n’ai pas le choix de le reconnaître
Ton courage factice t’apporte tous les pardons du monde
Et me voilà salope ordinaire, désarticulée, sans âme
Je suis déshumanisée mais je reste bien de chair
Mon cœur bat plus fort qu’un enfant non désiré
Je suis ton expérimentation, un premier prototype
J’inspire. J’expire. C’est tout ce qu’il me reste
Pour autant, je ne pleure pas en écrivant ces lignes
Les émotions sont infinies mais je n’ai rien à te reprocher
Nous souffrons. Nous essayons. Nous nous libérons.
Et nous voilà éreintés.
Annotations
Versions