5 - William

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Je continuai mon histoire merveilleuse :

— Le soir, je me fis le plus beau possible : j’avais rendez-vous avec l'Amour, et je le savais. Je suis sûr qu’il me guettait, car il m’ouvrit ses bras alors qu’il était à l’autre bout de la pièce. Je ne te dis pas mon état !

— Il m’embrassa sur la bouche, sa sœur aussi. La bande devait être habituée, car il n’y eut aucune remarque. Cet adoubement me valut d’être à égalité avec tous les autres. Rapidement, je ressentis un malaise, car ils appartenaient tous à un milieu très aisé. Leur conversation était hautaine et méprisante pour ceux qui n’appartenaient pas à leur classe. J’attendis le bon moment, puis je descendis une des plus grandes gueules d’une répartie cinglante. Le silence qui suivit fut lourd : j’allais me faire ridiculiser. « Bien joué, Jérôme, et bien fait pour ta gueule, Pierre-Jean. Tu n'es qu’un gosse de riches qui ne sait rien de la vie ! » Son soutien me marqua moins que son bras autour de mes épaules et d’entendre : « Je t’adore ! Toi, tu as des couilles ! »

— L’attente du repas et le diner furent longs. Je n’avais qu’une envie ! Le plus fabuleux, c’est que je sentais qu’il vivait la même chose. Dès les premières notes, il m’entraîna. Aussitôt, il me serra, me couvrant de caresses. C’était d’une indécence totale, mais tout le monde avait l’air de s’en foutre. Très vite, nos lèvres se collèrent devant l’évidence. Il nous fit glisser vers la sortie, puis, me prenant la main, me fit courir au même endroit que la veille. La première pièce était occupée, pas la deuxième. Immédiatement, nous fûmes nus, l’un contre l’autre, enfin unis.

— Et après ?

— On a baisé comme des fous. On s’est sucé, brouté, enculé…

— Pourquoi tu salis ça avec des mots orduriers ?

— Parce que c’est la réalité que c’est bon, jouissif et que les mots ne comptent pas.

— Tu veux me mettre mal à l’aise ?

— Parfaitement ! Regarde ce que c’est, que c’est dégueulasse pour certains, mais aussi la meilleure façon de s’exprimer l’amour de l’un pour l’autre ! J’avais de nombreuses expériences, et pourtant, ce fut complètement nouveau, incroyable !

— Raconte !

— D’abord, je te l’ai dit, William souffre d’alopécie. En plus, il a une peau très fine et fait beaucoup de sport. On voit chaque muscle se gonfler, se détendre. C’est une beauté bestiale, admirable. Son enveloppe est d’une douceur étonnante, alors que son corps n’est que force et puissance. Immédiatement, il s’est imposé. Avant, j’alternais les rôles, même si j’étais plus à l’aise dans celui de soumis. Dès le premier instant, nos rôles furent clairs. J’ai compris la différence entre baiser et faire l’amour. Il n’était que douceur et prévenance, anticipant mes besoins. Une perfection de sensibilité. Il m’emmena sur des sommets, et nous y étions ensemble. Nous étions faits l’un pour l’autre, un appariement parfait.

— Et après ?

— Après ? Nous sommes restés collés toute la semaine. Il a laissé tomber ses descentes infernales avec ses copains pour me donner des leçons particulières. Je n’y arrivais pas, car, quand il me montrait, je l’admirai au lieu de regarder le mouvement à faire. Il conservait une patience, une gentillesse infinie, alors que j’aurais préféré être dans ses bras, au fond du lit. Le problème fut la jalousie de Clothilde, qui comprit immédiatement que j’occupais une place importante et définitive. Ses copains se passaient très bien de leur héros.

— Et après ?

— J’étais en première année de prépa à Lille, lui à Lyon, en fac de droit. Nous savions que nous vivrions ensemble, mais la séparation fut douloureuse. Je n’avais ni les moyens, ni le temps de descendre à Lyon chaque weekend. Lui avait les moyens, mais pas plus de temps. C’était le début des smartphones, mais c’était dur. On se retrouvait à chaque vacances. Je ne dépensais plus rien, économisant pour les billets de train. Je n’avais pas honte de mon absence de richesse, mais je ne voulais rien lui demander. Je crois que ça m'a aidé à intégrer en étant si bien placé. Chaque fois, Clothilde était avec nous. Je me faisais discret, je m’effaçais, mais William ne me décollait pas, paraissant perdu si nous étions séparés par plus d’un mètre.

— Vous vous aimiez tant que ça ?

— Oui, et c’est toujours vrai, toujours intact.

Inutile de lui dire que de petits incidents commençaient à ronger cette si belle entente.

— J’ai choisi cette école, car elle était sur Paris. Il est venu suivre ces dernières années et nous sommes ensemble depuis.

— C’est beau !

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