18 - au revoir
Le départ d'Arthur me rongeait plus que je ne le pensais. J’avais besoin d’une chose forte pour oublier. Le mardi soir, jour de fermeture du club, où j’attendais de faire mon entrée en tant que membre le lendemain, je regardais la poulie. Je n’avais rien à demander.
— Ça te fait envie ?
Surtout ne pas répondre ! C’est uniquement son bon vouloir qui doit le gouverner !
— Jérôme, je sais que tu cherches un secours dans la douleur. J’espère que son absence est une autre souffrance.
Il disait cela calmement, avec gentillesse, sans aucune perversité. Quel maitre parfait j’avais !
Le mercredi, je fus déçu de ma première journée au club. J’avais été accueilli comme un VIP et chaque maitre voulait me faire une démonstration. La tête prise par la séparation, je trouvais bien fades ces petits jeux. Seul Eustache arriva à me distraire, me tirant dans une pièce du fond et se servant de mon visage et de ma bouche comme d’un sexe, avec une violence et une salissure bienvenues. J’avais besoin de me réduire à un déchet. J’avalais avec plaisir sa semence. J’adorais boire cette substance. J’avais dû en absorber des litres depuis mes débuts, la considérant comme une boisson régénérante, nécessaire à ma vitalité. La veille de son départ, Arthur demanda à repasser à l’appartement. Tant pis pour ma deuxième soirée d’exploration.
À peine arrivé, il se dirigea vers le bureau de William, en ouvrit le tiroir. Il l’avait fouillé durant le weekend, car il m’invita à regarder le contenu, les yeux gourmands. Plusieurs boites de cage attendaient. Une seule était vide, dont je reconnus le modèle. Je fus surpris, et fier, de voir une taille L imprimée dessus.
Arthur avait une conformation assez semblable à la mienne. Il prit la seconde boite de ce modèle et me fixa.
— Non ! Hors de question ! Ce n’est pas ton truc et arrête de vouloir tout faire comme moi !
— Jérôme…
Son air de cocker triste, un éclat dans ses yeux…
— Arthur, je te la mets pour essayer. Mais tu ne la gardes pas. Tu pourras l’emporter si ça t’amuse !
J’avais particulièrement aimé la pose en étant entravé, ressentant ainsi plus fortement l’acceptation. Quand je lui proposais la même démarche, il se déshabilla et s’étendit sur le lit. Je pris un instant pour contempler ce corps félin et harmonieux, la dernière fois avant trop longtemps. Je me retins de toute caresse, connaissant leur effet et l’impossibilité ensuite de poser la cage, comme cela s’était produit pour moi.
La pose fut facile. Enfermer ce pénis que j’avais apprécié me serra le cœur autant que son appendice. Avant de le libérer, je ne pus m’empêcher de le couvrir de baisers et de caresses, provoquant une réaction impossible à déployer. L’effet fut si fort qu’il ne put retenir sa jouissance, m’obligeant à nettoyer avec la langue les conséquences.
Une fois détaché, nous reprîmes nos étreintes et caresses, avant que j’aie besoin de le quitter un instant. Je lui donnai la clé, lui disant de se libérer de la cage.
Quand je revins, il était habillé, la boite à la main avant de la fourrer dans son sac. Un langoureux baiser nous sépara.
Le vendredi midi, Arthur fut surpris d’être invité à un pot pour arroser son départ. Je n’en avais pas été l’initiateur, mais j’avais encouragé leur volonté de saluer ce garçon qui les avait marqués par sa valeur et, surtout, par sa transformation. Ils étaient tous devenus ses grands frères ! Plusieurs me demandèrent comment expliquer ce changement ; j’affichais la même interrogation.
Nous le retrouvâmes sur le quai, tenant à l’embrasser avant cette séparation de six mois. Profitant d’un moment d’inattention de William, il prit ma main et la posa sur son entrejambe.
— Arthur ! Tu m’avais dit que tu l’avais retirée !
— Non, tu l’as simplement cru ! Je suis à toi, Jérôme ! Je vais te garder avec moi, pour toi.
— Tu as la clé !
— Je crois que je l’ai oubliée chez vous ! C’est bêta ! Tu as six mois pour la trouver ! Sinon, je suis à toi pour la vie !
L’annonce du prochain départ nous assourdissait. Après un dernier baiser, il passa dans les bras de William, frottant son pubis contre son sexe, invitant William à vérifier du bout des doigts.
Il se jeta dans le train en criant :
— William, je suis à Jérôme, Jérôme t’appartient, prends-en soin !
La portière claqua.
— Tu m’expliques ?
Le tour d’Arthur amusa énormément William.
De retour, il me dit :
— Tu as donc vu ma surprise ?
Je fis l’innocent, bien que mes yeux avaient découvert un modèle plus fin, de taille inférieure.
— Viens !
Mon cœur battait : j’allais retrouver la sensation du début !
En un tour de main, je retrouvais ma position favorite. William, comme toujours, tira au maximum les liens. Il y avait si longtemps que je n’avais pas eu ce plaisir. La clé était dans sa table de nuit. Je l’avais vu la ranger. Il ouvrit la serrure et ôta le métal. Une désagréable impression de nudité m’envahit.
— Je reviens !
Une angoisse me submergea. J’étais nu, sans protection, abandonné aux horreurs du monde.
— William, William, au secours !
Il revint en courant.
— Tout va bien, mon amour. Je suis là.
Il me caressa la tête, me couvrit de baisers, mais ce n’est qu’une fois enfermé que je retrouvais le calme. L’opération avait été longue et difficile, car la cage était minuscule.
— Heureusement que ta taille s’est réduite, sinon tu n’aurais pas pu rentrer dedans !
— Il y a encore plus petit ?
Je les avais vues dans le tiroir !
— Oui, ne t’inquiète pas !
Les tiges étaient plus fines et plus nombreuses, me serrant même au repos. L’impression était délicieuse.
— Merci, William, ça va m’aider à un peu oublier mon petit frère !
— C’est bien. Avec celle-là, tu sauras en permanence que tu es à moi.
— Je sais. J’aime le savoir.
Annotations
Versions