«Oh la boulette»
Sauter sur le siège du tracteur, parcourir vingt kilomètres à fond pour arriver dans la pâture où il faut à nouveau couper l’herbe. Une année exceptionnelle. Merci Météo France. Après 2 ans de sécheresse, 2021 est humide et l’herbe n’arrête pas de pousser. Les hangars sont plein à craquer d’énormes boules de foin. Les vaches ne seront pas malheureuses l’hiver 2022.
C’est dimanche, il est treize heures. Greg est pressé. Il sort sa feuille A4 avec les parcelles cadastrales pour s’assurer qu’il va bien faucher le pré qu’il loue. C’est validé. Il est au bon endroit. En avant la musique. Premier tour de fauchage. Il passe tout près du bâtiment agricole tout en briquettes rouges construit dans les années 1900. Une fissure lézarde la façade arrière de la bâtisse.
Derrière la porte en bois de l'étable, autrefois, il y avait cinq vaches. Elles happaient sagement le foin entre les grilles du râtelier et mastiquaient longuement la nourriture. L’hiver étant rigoureux, elles restaient enfermées avec toujours une bonne ration de foin, de la paille pour la litière et de l’eau dans l’abreuvoir. Une canalisation permettait l’évacuation du lisier vers une citerne.
La puissante roue de son tracteur martyrise le terrain humide et l’herbe haute cache la plaque en fonte abritant l’ancienne fosse voûtée. C'en est trop pour l’ancienne citerne. Sous le poids de l’engin agricole, le demi-mètre d’épaisseur de briquettes s’effondre. Ce n’est maintenant plus qu’une plaie béante de deux mètres sur un mètre à la surface du terrain.
Greg s’est fait une énorme frayeur. Il a bien cru rester prisonnier des entraves du vieil ouvrage. Avec force et rage, il a appuyé sur la pédale de l’accélérateur pour sortir de cette situation. Ouf ! rien de cassé. Son matériel est intact. Il reprend ses esprits quelques secondes. Il récupère vite.
Il doit remonter sur son tracteur et poursuivre son travail.
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