La croquer à pleines dents,

La belle pomme rouge sang.

Miroir, miroir, miroir...

Qui est la plus belle ce soir ?

Protectrices crèmes de jour,

Pour se faire peau de velours,

Régénératrice crème de nuit,

Au délicieux parfum de biscuit.

S'enduire d'huiles de jouvence,

Du Temps réparer les outrances.

Sortie de la salle de bain,

Bel œil peint et beau teint,

L'illusion est presque parfaite,

De la perfection humaine faite,

De la vieillesse bannie et défaite.

Mais quand les couleurs du masque

Dégoulinent au fond de la vasque

Dont elles teintent le blanc éclatant,

En l'espace d'un minuscule instant,

Réapparaît la rayonnante nature

Forte, belle, simple, pure et dure.

Prétendre embellir la réalité,

Au prix d’indicibles atrocités,

Infligées aux autres espèces,

Pour des recherches qui naissent,

De notre orgueilleux mépris,

Dont les innocents payent le prix.
C'est là que se perd notre humanité,

Entre folie, aveuglement et cruauté.

Subtil est le parfum, le pare fin,

Qui nous protège de la Mort,

Rôdant, ombre furtive, dehors,

Ou de ses répugnantes senteurs,

Qui nous soulèvent le cœur.

Mais pourquoi tant d'absurdes efforts ?

Si ces improbables et mortels corps,

Sont ici nos magnifiques vaisseaux,

C'est en nos âmes que réside le Beau.

Bugarach, 06,11,2017