Visiblement, rien n'est moins sûr.

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Je rentre dans mon immeuble, visiblement j'habite là. Mais dans ce genre de monde, on est jamais sûr de rien tellement les choses se transforment vite. Les couloirs ne sont pas tant des couloirs que d'immenses salles de bals avec de grand banquets dressés en leur centre recouverts par des tonnes et des tonnes d’impressionnantes victuailles comme dans les fêtes des rois d'antan. Autour, les invités en habits de bal, robes de princesses et masques de carnavals mangent, chantent, dansent, rient. C'est la fête dans les couloirs de mon immeuble. Et visiblement c'est normal.

Je traverse la fête et me rend dans mon appartement. Je ne sais pas à quoi pensait l'architecte qui a dessiné les plans de cet immeuble mais si les couloirs sont immenses, les appartements eux sont tout étriqués, un enchaînement de couloirs plus étroits les uns que les autres. Je les parcours, et au bout d'un moment quelque chose ne me semble pas normal. Je me rend compte que ce n'est pas notre appartement, c'est exactement le même, totalement identique, mais à un étage près. Visiblement, on s'est trompé d'appartement.

Alors je vais voir mon frère qui s'affaire dans la cuisine, chose assez incroyable d'ailleurs, et je lui dis qu'il faut partir parce qu'on habite pas là. Et lui, il me répond :

« Attends, je cuisine du chou. »

Visiblement le chou passe avant le fait de squatter chez quelqu'un qu'on ne connaît pas.

Mon frère finit par me suivre et on rentre chez nous.

Quelque temps plus tard, on se rend à une fête avec mon frère et quelques amies à moi. Et également mon grand cousin qui, sur le chemin, nous explique qu'il ne faut pas trop boire de vin. Visiblement ça peut être dangereux.

Je me demande si la fête va se passer dans les couloirs d'un immeuble ?

Et visiblement non, je me retrouve seul sur le quai d'un port désaffecté. C'est assez glauque. Je marche entre les bâtiments en ruine et usines abandonnées, il fait gris. Puis, je tourne et j'arrive devant un aéroport futuriste. Je rentre parce que j'ai super envie d'aller au toilette et je rencontre une mamie qui visiblement cherche également à aller au petit coin, alors on décide de s'associer pour notre recherche dans ce gigantissime bâtiment. On erre dans les halls bondés d'extraterrestres, de robots et de gens pas très très nets, on finit par découvrir, entre deux portes à ouverture magnétique, des passages secrets très très très étroits qui nous font déboucher sur des salles de spectacle immenses, avec des grands et lourds rideaux de velours rouge sombre et des gens masqués qui errent entre les sièges vides. Visiblement c'est pas là les chiottes.

On explore ce monde vaste et mystérieux, toujours à la poursuite de sanitaires, mais après avoir traversé plusieurs théâtres, quelques opéras et énormément de couloirs on commence à avoir l'impression d'être observées, voire suivies. C'est assez inquiétant, surtout au vu des personnages vraiment peu aguichants qu'on croise dans cet aéroport. En plus, on a pas les bons passes pour toutes les portes magnétiques et on a de plus en plus la sensation d'être prises au piège dans cette bâtisse démesurée. Et encore une fois on peut se demander ce que voulait faire l'architecte, cet aéroport est un vrai labyrinthe et en plus c'est du gâchis, toutes ces salles de spectacle qui restent inutilisées.

Visiblement, on ferait mieux de sortir d'ici, ces créatures aux masques vénitiens ne m'inspirent pas tellement confiance, pas plus que celles venues de l'espace.

Du coup, je me retrouve dans une lande déserte qui s'étend à perte de vue. Juste au milieu deux routes se croisent et continuent et se perdent au fin fond de l'horizon. Comme je dois toujours échapper à mes poursuivants, je prends le bus qui passe justement à l'arrêt peu avant le croisement, je monte dedans avec ma moto pliable, puis le bus tourne à gauche au croisement et on est en ville.

Visiblement, c'est plutôt efficace comme moyen de transport. Je sors du bus et chevauche ma moto pliable pour échapper au ravisseur.

Je finis pas atterrir chez moi. Et visiblement j'habite plus dans un immeuble mais dans ma maison, et justement, l'eurovision se déroule dans mon jardin. Ce qui est dommage ce que du coup le public est assez restreint, enfin y'a quand même des caméras de télévision pour le retransmettre en direct. Ce qui est dommage également c'est qu'il fait tout noir et qu'on a pas de lumière pour éclairer, alors on voit rien. Mais visiblement ça n'a pas l'air de gêner les quelques spectateurs venus spécialement chez moi pour voir, ou plutôt entendre puisque visiblement on ne voit rien, ce show musical européen. Je regarde, enfin écoute, l'eurovision avec mon lapin blanc mais soudain il s'échappe dans le jardin et comme il fait toujours noir je ne sais pas où il est. Alors j'utilise les caméras des journalistes pour regarder dans le jardin parce que c'est des caméras pour voir dans la nuit. Je vois le mec de l'eurovision qui chante et puis tout d'un coup derrière lui je vois un être étrange et carrément flippant, c'est un genre d'homme-squelette-arbre et à ses pieds j'aperçois mon lapin. Alors je me précipite pour le sauver mais il s'enfuit vers le fond du jardin et la chose effrayante aussi. J'ai peur mais je m'en fous parce que je veux sauver mon lapin. Alors je m'enfonce dans le noir, me voilà sous le couvert des arbres et l'obscurité s'en trouve assombrie. Là, je tombe nez à nez avec le monstre squelette-biodégradable qui veut s'emparer de mon petit lapin adoré, alors ni une ni deux je lui flanque un coup de poing mais avec ses longs et effrayants bras-liane il attrape ma main et l'entortille dans un fil de bois qui s'enflamme, prisonnière, je regarde ma main brûler. Le bois se consumant, j'en profite pour me dégager. Mon lapin a disparu, j'espère qu'il est allé se mettre à l'abri. Je décide de battre en retraite mais l'homme-arbre-mort-vivant me saisit de ces lianes et me ficelle. Je suis coincée pour de bon, je vois son horrible visage blanc et décharné s'approcher beaucoup trop vite du mien comme pour rentrer en moi. Je ferme les yeux et je me réveille.

Tout va bien visiblement, mon frère ne cuisine pas de chou, je sais où sont les toilettes, mon lapin ça fait 5 ans qu'il est mort, et l'eurovision n'a pas du tout eu lieu sur ma pelouse. Par contre, j'ai une sensation de forte chaleur dans ma main, c'est très désagréable.

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Commentaires & Discussions

Visiblement, rien n'est moins sûr.Chapitre4 messages | 9 ans

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