Le mélancolique
Je venais de rejoindre la gare avec beaucoup de retard et me dépêchais d’aller sur le quai. Je me rappelais que je n’avais jamais été à l’heure. Petit avec ma mère, les grilles de l’école étaient à chaque fois fermées quand nous arrivions devant. J’avais rendez-vous voie A. Quelle drôle de coïncidence, c’était la première lettre du prénom de ma mère, Alice. Je jouais des coudes pour avancer. Des odeurs de tabacs et de croissant frais se mélangeaient. Je pensais à mon père : tous les matins il alliait clopes et viennoiseries faisant hurler ma mère « Jacques, ne fume pas devant les enfants ! » qu’elle disait. Une poussette était devant moi. Je soupirais, me souvenant que ma femme n’aurait jamais d’enfant… Le train arrivait quand un homme à côté de moi s’élança sur ce dernier. Il était en mille morceaux dessous. Je tremblais en observant la terrible ressemblance. Il y a à peine trente ans, ma mère avait vu un homme se suicider quand elle avait pris le train un matin.
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