Chapitre 8
Aédan
Aujourd’hui j’ai un rendez-vous avec mon ami d’enfance, Greg. Il est le plus ancien de mes amis et celui dont je suis le plus proche. On s’est rencontré au collège à mon arrivée en France avec mon père et mon frère après la mort de ma mère.
A cette époque de ma vie, je me sentais tellement seul. Ma mère, ma confidente, la personne qui me comprenait le mieux, venait de mourir. J’ai toujours été plus proche de ma mère que de mon père. Avec elle, c'était simple, facile d’échanger alors qu’avec mon père nous n’arrivions pas à rester dans une même pièce sans nous gueuler dessus. Peut-être parce que nous nous ressemblions beaucoup. Il paraît que j’ai hérité de certains traits de caractère de mon père. Je me reconnais en lui lorsqu’il s’agit d’être féroce en affaires et sur le plan démonstratif. Le décès de ma mère a été un terrible tremblement de terre pour moi, il m’a affecté à un point que je ne pensais pas pouvoir m’en remettre.
Greg a fait son apparition dans ma vie de manière fracassante. Au premier regard nous nous sommes détestés. Moi l’expatrié sans maman à qui tout le monde présentait des condoléances, à qui tout était pardonné, les mauvaises notes, le mauvais comportement ainsi que les cours séchés alors que lui payer cash toutes ces erreurs.
Greg était loin d’être le premier de la classe, il avait ses propres problèmes qui le tracassaient. A cet âge, on gère comme on peut. Le fait que l’on adoucisse, voir pardonne totalement mes méfaits alors que lui rien ne lui était épargné, le rendait furieux. Les bêtises ont donc augmentées et les heures de colles pleuvaient et il me détestait pour ça. Pour le fait qu’aucune équité n’était appliquée entre nous. Cela ne nous a pas empêché de devenir les meilleurs amis du monde. Je n’aurais pas parié un euro sur cette histoire vu toutes nos différences et les griefs qui nous opposaient. Puis les passes droits se sont atténuées et ils ont fini par disparaître dans leur totalité. Greg ne s’est plus retrouvé seul durant ces heures de colles. Ca nous a rapproché et on a fait les quatres cents coups ensemble.
Toutes les bonnes choses doivent avoir une fin. A la fin du collège, chacun est parti suivre sa voie. Nous avons suivi un cursus différent, Greg est devenu avocat en droit de la famille, il défend les femmes et les enfants victimes de violences domestiques. Son métier fait échos à son passé. Greg venait souvent à la maison passer les vacances, des week-ends, mon foyer était pour lui une soupape, un refuge jusqu’à ce que sa mère rencontre les bonnes personnes qui lui ont apporté le courage nécessaire pour demander le divorce.
Avec Greg, on a partagé nos premiers émois. Il a toujours été le premier à qui je présentais mes conquêtes. Je lui présentais les filles avec qui je sortais pour qu’il me donne son avis sur elle, sur la possibilité d’un avenir. Il a été le premier à rencontrer Amanda. La rencontre se fit devant un dîner dans un lieu public, un restaurant à la mode. On ne peut pas dire que le contact soit passé immédiatement. Bienheureux a été Greg d’emmener une de ses amies à ce dîner, ce qui a permis de détendre un peu l’atmosphère. L’entente entre Amanda et Greg était plutôt cordiale mais il ne l’a jamais vraiment apprécié. D’après lui, Amanda m’a harcelé de ces avances et par lassitude j’aurais succomber à l’ennui en lui accordant une folle nuit d’amour. Ce qui n’aurait dû être qu’une passade s’est transformé en étreinte amoureuse. Toujours d’après Greg, elle a réussi à me mettre le grappin dessus et ne m’a plus lâché telle une tique sur le dos d’un chien.
J’avais besoin de tendresse, d’attention, d’une oreille compatissante, il se trouvait qu’Amanda était là, disponible et à l’écoute. Je venais d’apprendre que mon père était malade. La fin était écrite pour lui, il le savait et m’a demandé d’être le plus heureux possible. Il m’a demandé de grandir, de me marier et d’avoir des enfants.
Je n’ai pas chercher très loin, Amanda était là, elle voulait de moi comme j’étais c'est-à-dire brisé de l’intérieur. J’ai cru qu’elle serait celle qui m’aiderait à guérir et qui m'aiderait à me reconstruire. Quelle erreur ! La plus belle et la plus grosse que je n’ai jamais faite et ce n'est pas Greg qui me contrariera à ce sujet.
Greg a su dès que je lui ai présenté Amanda qu’elle finirait par me rendre malheureux même si par moment il enviait notre relation de couple. La stabilité, avoir quelqu’un avec qui partager c’est surtout ça qu’il enviait plus que ma relation avec ma femme. Quand notre relation a changé avec Amanda, il m’a jalousé. Il jalousait le fait d’avoir une femme qui m’attend à la maison alors que je baisais une autre avec son autorisation. Mais tout comme moi, il est vite redescendu de son petit nuage. Il m’a encouragé et soutenu lors de ma séparation et de mon divorce.
Par contre, il ne comprend pas pourquoi je la laisse encore s’immiscer dans ma vie comme elle le fait. Il me pousse, certainement avec l’aide de Maddie, d’aller conquérir d’autres terres plus verdoyantes et plus fertiles. Quand ce n’est pas Maddie qui organise des dîners arrangés et bien c'est Greg qui m’entraine dans ces soirées. Attention, je ne me plains pas ! J’apprécie leurs efforts, je ne repars que rarement seul mais les femmes que je rencontre ne souhaite pas plus qu’une nuit et repartent avant le lever du jour.
Mon travail, mes potes et ma famille me prennent beaucoup de temps sans compter Amanda qui me pompe tout le reste de mon énergie. Ai-je encore de la place pour une femme ? Me voilà me lamentant sur mon sort, tout ça parce qu’une blondinette m’a fait lever la queue. Elle n’est pas mon type de femme, elle est presque pas belle dans ces tailleurs trop grands pour elle et sinistre de surcroit. J’ai beau essayé de lui trouver des défauts, ce cul, putain ce petit cul se trémoussant se rappelle à moi à chaque fois.
Toc ! Toc ! Toc !
Greg est ponctuel, c’est une de ses grandes qualités.
- Salut Aédan ! Comment vas-tu en ce jour si merveilleux ? dit-il plus enjoué que d’habitude.
- Qu’est ce qui te met en joie Greg ? dis-je sans entrain.
Greg s’émerveille d’un rien, avec les années j’ai appris à ne plus sauter au plafond dès qu’il s’extasie.
- Je vais bien, je vais même très bien ! Mes yeux ont été éblouis par une beauté à ma sortie de l'ascenseur. Une fille un peu coincée qui au lit doit se révéler être une tigresse. Le genre de fille dont je raffole. Tu dois me la présenter, Aédan !
- Désolé, mais je ne sais pas de qui tu parles. Une beauté, tu dis ? Je n’ai pas d’employée aussi belle que tu le prétends, je n’embauche que des moches tu sais bien. Peut-être une cliente ? Je demanderai à Maddie.
- Pas la peine de lui demander, je sais déjà qui elle est. Petit cachotier, tu ne veux pas partager c’est ça ?
- Ah bon ?! Qui est donc cette beauté qui te refait la journée.
- Maddie m’a annoncé son départ imminent. Son ventre s’arrondit. Elle m’a demandé de prendre soin de toi et m’a brièvement présenté ta nouvelle baby-sitter.
- Suzie !
- Oui c’est ça ! Suzanne ! Un prénom que j’adore déjà. Su...za...nne ! Humm.. Je nous imagine au lit, lui susurrant son prénom à l’oreille et ...
- Non !
- Quoi non ? Tu ne veux pas me la présenter ? Pourquoi ?
- Non, je ne te la présenterais pas. C’est tout, n’insiste pas.
- Humm … Aédan aurais-tu des vues sur cette charmante jeune fille ? Je te comprends. Cette nana s’est le feu sous la glace.
- C’est mon assistante, Greg ! J’ai promis à Maddie de la laisser tranquille.
- Bien sûr ! ça ne t’a jamais dérangé jusqu’ici que je me serve dans ton cheptel pour m’envoyer en l’air.
- Tu jettes ton dévolu sur qui tu veux mais pas elle, ok !
Greg est un type perspicace, il va vite comprendre qu’il ne doit pas toucher à Suzie. Il faut que je trouve juste une raison valable pour l’en dissuader.
- Je vois ! Monsieur Aédan a flashé sur son assistante.
- Non ! Tu dis n’importe quoi ! Arrête de me parler d’elle tu veux ?
- ça ne fait rien, je demanderais confirmation à Maddie pour ton béguin. Comment tu l’as déjà appelé ? Ah oui ! Suzie ! me taquine-t-il.
Greg a deviné mon faible pour ma nouvelle assistante et ce n’est certainement pas Maddie qui l’en dissuadera vu qu’elle m’a pris la main dans l' sac !
Bref ! Changeons de conversation au plus vite. Vu l’heure je l’invite à déjeuner pour que nous puissions parler de l’affaire qui nous occupe depuis des mois. Nous avons à parler affaires et voyage. Greg m’accompagnera en Irlande mais pas uniquement pour le plaisir comme à l’accoutumé. Une partie de notre séjour sera professionnelle. Enfin, le dossier Suzie est mis de côté laissant place au dossier brûlant qui nous tient en haleine et qui va pouvoir se concrétiser.
Greg et moi même allons ouvrir une maison d’hébergement pour femme et enfants victimes de violences domestiques. Un lieu où ils pourront se remettre de leurs blessures ainsi que recommencer une nouvelle vie.
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