Chapitre 23
Suzie
L’heure du dîner à sonner depuis longtemps. J’entends des bruits de pas, des voix qui portent et des éclats de rires. Qui sont donc ses invités ? Lui fais-je si honte qu’il n'a pas souhaité ma présence ? La distance qu’il a mise entre nous ces jours passés s’expliquerait mais je ne vois pas ce qui a changé. Entre le départ de Paris et l’arrivée au domaine, il n’est plus le même. Son rôle de châtelain l’a éloigné davantage, la distance entre nous est devenue une souffrance. Il est si proche physiquement et si lointain dans son attitude avec moi. Il est plus charmant avec la gouvernante de 50 ans révolu qu’avec moi.
Le retour en France devient plus qu’une évidence. Adieu les vacances celtiques. Demain je lui annoncerai mon retour en France. Toutes ces questions ne me font pas oublier que je suis affamé. Mon estomac réclame, il gronde, je n’y résiste plus. Il faut que je nourrisse mon ventre et ma curiosité.
Annie me dit depuis que je suis en âge de comprendre que la curiosité peut être un vilain défaut. Je peux contenir ma soif de savoir ce qui se passe au rez de chaussée par contre je ne peux plus contenir mon appétit. Ou est-ce l’inverse ? Ma faim de curiosité est peut-être plus grande que ma faim de nourriture. Peu importe, je dois assouvir les deux.
J’ouvre la porte doucement pour qu’elle ne couine pas, il ne faudrait que je me fasse griller rien qu’à l'entrebâillement de celle-ci. Je ne voit personne dans les couloirs et descends l’escalier rapidement toute en discrétion pour ne pas me faire prendre en flagrant délit de désobéissance. En bas à gauche il y a la cuisine et sur la droite certainement les invités qui se trouvent dans la salle à manger. J’entends rigoler très fort. Tant mieux cela veut dire qu’ils sont occupés. Je prête l’oreille et la convivialité semble de mise ce soir. Ses invités doivent être des proches d’Aédan, peut-être sa famille ou des amis. Dans ce cas j’accepte ma reddition et je retournerai dans ma chambre après m'être préparer un petit sandwich.
Je suis aussi discrète qu’une petite souris. Je n’aperçois ni Louise ni son mari. Aédan les a congédié pour cette soirée apparemment, ça veut dire qu’il m’a oublié ? Il a oublié que j’étais coincé dans cette chambre immense seule et affamée ? L’agacement s’empare de moi. Le mufle ! Qu’il m’oblige à rester dans ma chambre c’est une chose mais de m’oublier !
Je suis en tenue légère, je porte le fameux pyjama short et caraco rose bonbon sur lequel j’ai glissé un gilet qui descend à mi-cuisse sur mes épaules que m’a offert Annie. Elle a tellement insisté pour que je le mette dans ma valise. Sauf que maintenant je regrette un peu ma tenue si peu vêtue. Il fait frais dans les couloirs. J’ai mis mes boots fourrées, confortables et chaudes aux pieds car au rez de chaussée le sol est recouvert de carrelage. Je me prépare un en-cas vite fait dans une assiette, je range la cuisine pour la laisser dans l’état où je l’ai trouvé pour ne pas laisser d’indice sur ma venue. Je m’apprête à sortir de la cuisine quand j’entends la voix d’Aédan et d’un autre homme venir dans ma direction.
Je ne vais pas avoir le temps de sortir de la cuisine. Je me mords la lèvre de honte. Il ne manquait plus que ma gaucherie fasse son grand retour. Je panique. Je ne devrais pas me retrouver là en pyjama short rose bonbon. Comment je vais expliquer ma présence dans cette tenue à cette heure dans sa cuisine à lui et à ses invités. Je suis dans une situation incongrue. Comment sortir de là tout en gardant mon job et ma dignité ? Mon cerveau réfléchit en une demi seconde qui me paraît une éternité. Je regarde autour de moi, rien pour me cacher, impossible d’atteindre l’escalier sans être vu. Je suis pétrifiée, je ne devrais pas être là. J’ai peur de me faire gronder. Je n’ai pas le temps d’hésiter, je me tapis comme une enfant de 3 ans dans le renfoncement sous l’îlot central dos à la porte d’entrée en attendant qu’ils repartent. Mon cœur bat à tout rompre.
Mon ouïe me confirme rapidement qu’il s’agit bien d’Aédan et d’un autre homme dont je ne reconnais pas la voix. J’en déduis que je ne connais pas cet homme. Ils sont venus chercher une bouteille de vin pour accompagner le plat. L’autre homme semble être un fin connaisseur, c’est lui qui choisit la bouteille après s’être livré à une description du vin. Une chance, la cave à vin ou sont rangées les bouteilles est placée près de la porte d’entrée de la cuisine. Ils vont ressortir aussi vite qu’ils sont entrés.
Aédan donne la bouteille à son acolyte et lui demande de retourner à table. Il doit vérifier quelque chose avant de le rejoindre. Mon coeur va exploser. Il se doute de quelque chose pourtant je n’ai fait aucun bruit. Mince ! J’ai laissé mon assiette sur le plan de travail ! Quelle sotte !
- Suzie ?!
Je ne réponds pas, il va peut-être repartir, je ne bouge plus, je bloque ma respiration et j’attends .
- Suzie, je te vois. Ton gilet dépasse.
Je suis mortifiée. Il se moque de moi, c’est bon signe, il n’est pas en colère. Il fait le tour de l’îlot et me jette un de ses regards malicieux.
- Je peux savoir ce que tu fais recroqueviller sous le plan de travail ? Tu ne devais pas rester dans ta chambre ce soir ?
- J’avais faim, dis-je en me relevant. Je n’ai pas eu de plateau repas ! dis-je agacé par sa muflerie.
Aédan est différent ce soir, est-ce que ce sont les vapeurs de l’alcool qui lui donne une attitude légère ou la présence de ses amis. Il détaille ma tenue tout en s’attardant sur mes jambes. Son attention s’est portée sur moi pour la première fois depuis notre arrivée en Irlande. Je rougis et les papillons sont de retour dans mon bas ventre. Je le vois pour la première fois comme un homme accessible, pas comme mon patron. Il n'est pas le même que ce matin quand il m'a quasiment ordonné de rester dans ma chambre.
En un éclair, son visage se referme :
- Remonte dans ta chambre tout de suite ! Dit-il sur un ton menaçant.
- Quoi !? Je ne voulais pas te déranger ce n'est pas la peine de s'énerver ! J’y remonte en courant même si cela peut te rendre plus agréable, répondé-je effrontément. Si tu ne voulais pas que je sorte de ma chambre, il ne fallait pas oublier de me nourrir !
J’attrape mon assiette au vol et remonte les escaliers à toute vitesse. Je me rends compte que je viens de le tutoyer. Mon agacement me fait oublier toute convenance. Puis vu comme il a reluquer mes jambes, je m’autorise à utiliser le “tu” dorénavant. J’ai un petit espoir qu’il ne me le fasse pas remarquer demain. Rageuse, je claque la porte de ma chambre. Son humeur versatile m'insupporte.
La porte s’ouvre et se referme dans un nouveau claquement aussitôt derrière moi, ce qui me fait sursauter. Je suis si en colère que je n’ai pas remarqué et entendu ses pas dans l’escalier. Je devrais m’inquiéter de sa présence dans ma chambre à cette heure tardive mais je suis interloquée. Que fait-il là ? Il ne va tout de même pas me gronder parce que je mange mon sandwich dans ma chambre ?
Je reste ébahi devant sa stature imposante et sexy à la fois. Lui qui est habituellement vêtu d’un costume et d’une chemise pour la première fois, je le vois porter une tenue décontractée. Un polo près du corps qui dessine parfaitement ses pectoraux et qui embrasse ses biceps et en bas il porte un pantalon chino. Ses yeux ne me quittent pas, ils regardent mes pieds et sourit puis ils remontent sur mes jambes, ma taille et ma poitrine.
- J’adore les bonbons à la rose. Il y a longtemps que je n'en ai pas mangé. Tu devrais poser ton assiette et aller t'asseoir au bord du lit, me dit-il d’une voix assurée.
Je n’ai pas envie de le contrarier, je m’exécute. Je suis intimidée et excitée. Il me dévisage, ses yeux noirs intenses me dévorent. Son appétit traverse la pièce et me transperce. Je m’assieds les jambes serrées au pied du lit comme il me l’a demandé. Aucune résistance de ma part, mon corps est à lui.
Je ne porte aucun sous-vêtement sous mon pyjama. L’aurait-il remarqué ? Il s'attarde sur mes cuisses. Il l’a deviné, je le lis dans ses yeux. Il s’approche en faisant quelques pas vers moi. Il met un genou à terre tout en gardant ses yeux rivés aux miens. Il saisit mes jambes une à une pour ôter les boots que j’ai aux pieds et les replace de chaque côté de ces jambes pour ainsi les écarter. Aucun mot n’est prononcé, pas besoin, tout est dit par les yeux. Ses mains se posent avec toute la délicatesse possible sur mes genoux. Il les fait remonter sur le dessus de mes cuisses et les caresse tout en glissant ses doigts avec douceur entre elles pour les écarter encore plus. J’ai peur de rêver et de me réveiller dans un sursaut. Mon cœur s’emballe. Mon souffle s’accélère. Je suis comme envoûtée par cet homme au parfum épicé. La situation est très érotique. Mon corps réagit à ses attentes alors que mon cerveau est encore à se demander si c’est une bonne idée. Ses mains agrippent mon short, mes fesses se soulèvent sans que je le remarque et mon short tombe au sol sans difficultés. Il fait glisser mon gilet de mes épaules. Il me guide, il sait ce qu’il veut de moi et je suis prête à le lui céder.
Je suis uniquement vêtu de mon top rose bonbon. Sa main effleure mon tétons durcis par le désir qu’il fait naître en moi. Je suis transie.
- Allonge toi, Suzie. Je vais te faire jouir avec ma langue. Tu es d'accord ?
- Euh … oui, soufflé-je timidement.
Je m’allonge sur le lit. Sa voix plus rauque qu’à l'accoutumée m’hypnotise. Il s’installe à son tour en se mettant à genoux aux pieds du lit. Il saisit mes chevilles et les relève pour les déposer sur ses cuisses. Je lui offre ainsi un point de mire sur mon sexe humide. Son visage s’approche de ma vulve, son souffle chaud est sur moi. Ma respiration devient plus saccadée.
- Dis-moi Suzie, dit-il lascivement, certaines femmes crient lorsqu’elles jouissent alors que d’autres n’émettent aucun bruit. Dans quelle catégorie de femmes es-tu ? Je te rappelle que j’ai des invités et je ne voudrais pas les inquiéter par tes cris.
- Je ne sais pas, on ne m’a jamais fait ça ? Dis-je embarrassée.
Je suis haletante. Cette sensation m’est inconnue et je suis plus qu’impatiente de découvrir l’émotion que cela va me procurer. Je me languis de sentir sa langue sur mon corps. Je suis au bord de l’évanouissement tant la situation est intense.
- Jamais ! On ne t’a jamais touché de cette manière ?
- Non …
- Je vais remédier à ça. Je ne peux pas te laisser dans l’ignorance. Je serai donc le premier. Tu me mets une pression supplémentaire mais c’est très excitant. Tu es très excitée, Suzie chérie ! Tu es toute mouillée.
Aussitôt je sens son souffle chaud qui effleure ma vulve et enfin sa langue humide et chaude me lèche et m'arrache un râle de plaisir. C’est si doux et rugueux à la fois. Je hoquette. J’en ai le souffle coupé tellement c’est bon. Comment ai-je pu rester dans l’ignorance de ce plaisir ?
Sa langue me caresse avec douceur et avidité. Une chaleur s’empare de mon corps. J’attrape les draps que je serre de toutes mes forces. Mon dos se cambre sous ses assauts répétés. Mes mains sont crispées autour de ce drap que je tords. Je vacille allongée sur le lit. J’étouffe mes cris en me mordant les lèvres. Je ne savais pas que je pouvais être si excitée et que je pouvais émettre des petits bruits avec ma bouche voir crier de plaisir. Mais je me rappelle que nous ne sommes pas seuls et j’essaie de contrôler les sons qui sortent d’entre mes lèvres.
Il suçote, frôle, titille, tourmente mon petit bouton. Ma température corporelle augmente. En même temps qu’il me torture les lèvres du bas, sa main remonte sur mon ventre, du bout des doigts il caresse mon sein. Ces doigts remontent lentement vers mon téton durci par l’intensité de ses baisers sur ma vulve. Il le frôle et le pince, je me cambre et il accélère ses mouvements de langues. Un râle sort de ma bouche sans que je puisse l’interrompre.
- Chut … Suzie. On dirait que j’ai ma réponse. J’adore t’entendre prendre du plaisir.
Pas le temps de lui répondre qu’il empoigne mon sein, le palpe, le tripote tandis qu’il suce et mordille mon petit bouton avec ardeur. Il ralentit la cadence avant de reprendre de plus belles, il me rend folle. Je gémis, je frissonne et râle de plaisir. Je suis perdu sous ses assauts. Son autre main s'est faufilée pour rejoindre mon sein esseulé. Il l’assène de caresses et le malaxe par intervalle. Mes tétons subissent chaque agression de ses doigts comme une douce torture. La montée du désir n’a jamais été aussi intense. J’ai la sensation que je peux jouir à tout instant. Mon corps tremble, il réagit à chaque coup de langue comme si c'était l’ultime. Aédan s’arrête quelques secondes, relève la tête et me regarde transi de volupté. Il exulte de me voir ainsi offerte à sa bouche.
- Oui Suzie, jouis pour moi ! Je veux t’entendre mais retiens toi un peu tout de même, se moque t-il.
Sa langue trouve à nouveau le chemin de ma vulve et me soustrait un râle si intense que j’espère que personne ne m’a entendu. Je ne contrôle plus rien. L’excitation arrive à son point culminant. Je suis à bout de souffle. Le délice de ses mouvements m’emporte inéluctablement dans la jouissance. L’orgasme est violent, je crie son prénom dans un dernier souffle. L’extase m’enveloppe dans un cocon de douceur.
Je suis allongé sur le lit essayant de retrouver mes esprits. Je n’avais jamais atteint un tel orgasme. Je n’avais jamais joui de la sorte. La puissance de cet orgasme m'empêche de me relever. Il dépose de doux baiser sur l’intérieur de mes cuisses qui font tressauter mes jambes. Le désir commence à renaître en moi. J’ai encore envie de lui, de sa langue, de ses mains, de sa chaleur.
- Il faut que je redescende, mes invités m’attendent, dit-il tout en déposant de légers baisers sur mon bas ventre qui me font frissonner. Ils vont se poser des questions.
- Tu vas partir ? dis-je déçue par son aveu.
- Tu m'as pris au dépourvu, Suzie. Te donner un orgasme n'était pas au menu de ce soir, dit-il amusé en se relevant. Je n’ai pas prévu de préservatif. Mais j’ai adoré ça et j’ai bien l’intention de recommencer dès que possible, me sourit-il.
Les joues encore rouges de plaisir, je me redresse. Aédan s’approche et pose un dernier baiser plein de tendresse sur mes lèvres entrouvertes et il me souhaite une bonne nuit plein de beaux rêves.
Aucun mot n’est nécessaire, seuls nos regards ont suffi pour que l’on se comprenne.
Lui aussi à encore envie de moi !
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