Chapitre 27
Aédan
On se relève rapidement en entendant un pas lourd et traînant venir vers nous. Je n'ai pas le temps de me poser la moindre question que Louise annonce que Madame Amanda SCOTT souhaite une entrevue. Amanda n’attend pas de savoir si je suis disponible pour la recevoir, elle fait une entrée fracassante comme à son habitude.
- Bonjour mon chéri, s'écrit-elle en me voyant et jetant à peine un regard à Suzie. Laissez-nous, je vous prie, enchaîna t-elle sur un ton supérieur.
- Bonjour Amanda, dis-je sèchement. Qu'est ce que tu fiches ici ? Comment as-tu su où me trouver ?
Louise quitte la pièce furieuse. Amanda se prend pour la chatelaine du domaine. Louise n’a jamais accepté Amanda et Amanda le lui a bien rendu. Louise a failli démissionner tellement Amanda l’avait poussé à bout de nerf. C’est une des raisons qui m’ont fait espacer mes visites au domaine. Amanda s’installe sur un fauteuil en face de nous et nous fixe. Elle s’impose à nous.
- Vous pouvez nous laisser entre grandes personnes maintenant. Aédan n’a jamais eu besoin qu’on lui tienne la main juste la queue et ça je m’en occupe très bien sans l’aide de personne.
- Amanda, tu es grossière ! râlé-je.
Elle regarde fixement Suzie qui est restée proche de moi assise sur le canapé. Amanda bouillonne, un doute la tenaille sur ce qu’elle vient d’interrompre. Elle n'est pas dupe. Elle n’y tient plus et s’adresse à nouveau à Suzie sur un ton plus que hautain.
- Jeune fille, voulez-vous bien nous laisser entre grandes personnes ? Nous avons plein de choses à nous dire, mon mari et moi.
- Ex-mari !
- Pourquoi ne m’as tu pas prévenu que tu serais ici ? Je serais venu te rendre visite avant.
- Je n’ai plus à te tenir informer de mes déplacements, me semble-t-il.
Amanda essaie de marquer son territoire auprès de Suzie. Son regard se pose sur mon entrejambe encore gonflé d'excitation sans gêne. Elle me lance un sourire en coin et relève un sourcil. Elle arrive à mettre Suzie mal à l’aise. J’essaie vainement de capter son regard. Je n’arrive pas à la retenir et je la laisse s’enfuir sans pouvoir sortir le moindre mot. Elle quitte la pièce nous fusillant du regard tous les deux. Amanda est aux anges d'avoir réussi à la faire fuir. Son côté garce m’insupporte.
- En effet, tu n’es plus obligé, mon chéri. Mais il semblerait que je sois arrivée à temps pour t’éviter de faire une bêtise monumentale. Elle n’est pas faite pour toi cette greluche. Toi, tu as besoin d’une femme, une femme belle, sexy.
- Tu es venu faire quoi ici ?
- Je suis venue pour te satisfaire, mon chéri.
- Ce château ne te donnait pas des boutons à l’époque ?
- Tu as raison, je ne suis pas là uniquement pour toi mais également pour affaires, dit-elle en s'installant encore plus confortablement dans le canapé. Un sourire éclatant et ces cuisses se dévoilant en croisant et décroisant ses jambes.
Elle sait que j’ai un faible pour ses jambes longues et fines et elle essaie encore de me séduire alors qu’il y a à peine 10 minutes j’étais dans les bras de Suzie. Elle n’a aucune pudeur, elle est pleine d’audace.
- J'ai ouïe dire que des secrets étaient à vendre concernant certains de tes clients. Je tenais à te prévenir en personne vu qu’il y a des fuites au sein de ton staff. Je voulais aussi t'offrir mon épaule compatissante.
- Ne me dis pas que tu t’es déplacé uniquement pour ça ? Ne serais-tu pas venu pour elle ? La jalousie ne te sied vraiment pas Amanda, tu le sais, n’est ce pas ?
- En effet, je suis venu voir la concurrence. Mais tu as raison, je n’aurais pas dû me déplacer pour si peu. Je vais te laisser avec “ta greluche” mais sache que je peux rester si tu me le demandes, dit-elle lascivement. Tu as besoin d’une vraie femme dans ta vie pas d’une poupée. Quand tu auras terminé avec elle, tu n’auras qu’à repenser à moi.
- Tu peux rentrer chez toi, Amanda. Il n’y a pas de concurrence ! Entre nous s’est terminé ! Je baise qui je veux quand je veux ! Tu n’as plus rien à m’imposer !
- Quand tu l’auras baisé, tu te rendras compte que, comme les autres, je suis l’unique femme de ta vie, mon chéri. Tu reviendras vers moi et je t'accueillerai les cuisses grandes ouvertes. Ça m'étonnerait que “ta greluche” les écarte autant que moi, répond-elle aguicheuse.
- Au revoir Amanda ! Tu connais la sortie, je ne te raccompagne pas.
Je n'ai pas eu le temps d'aborder le sujet de mon ex-femme avec Suzie. Quand je suis avec elle, ce n'est pas la première chose à laquelle je pense, au contraire. Je ne pense qu’à son corps, sa peau, son parfum enivrant. J’imaginais que j’aurais plus de temps avant d’aborder le sujet. J’aurais dû me douter qu’Amanda ne laisserait pas notre relation naissante croître. Elle allait évidemment essayer de la tuer dans l'œuf en essayant de l’effrayer voir de la dégouter. Je n'en reviens pas. Comment a-t-elle su pour Suzie? Il est évident que la venue d’Amanda au domaine est liée au fait que Suzie est ici avec moi. Elle est venue voir de ses yeux si mon assistante n’est pas plus que ce que j’ai voulu lui faire croire. Elle sait désormais, je dois avertir Suzie rapidement.
Je vais devoir faire de nouveau appel à mon détective. J'ai une seconde affaire à lui soumettre en plus de celle de ce trou du cul de Jean. Dans mon métier, mes clients me demandent de prendre soin de leur image, de celle de leur société mais ils se cachent bien de confesser tous leurs secrets. J'ai donc une personne de confiance à qui je m'adresse pour faire les poubelles. Ce qui me permet d’avoir un dossier complet pour mieux les défendre et préparer en amont la moindre attaque. Il ne faut pas que ces informations délicates puissent fuiter. Une expression française dit “ Pas de fumée sans feu”. Amanda a raison s’il y a un doute sur le fait que certaines données circulent, il faut stopper ça tout de suite avant qu’il y ait une hémorragie. La société que mon père m’a léguée ne peut pas s’effondrer.
L’information est un pouvoir dans mon activité. Elles font en un claquement de doigt un homme et elles peuvent défaire aussi vite qu’elles peuvent faire choir. Je n'adhère pas à ce genre de procédé mais s'il s'avère que ces manigances peuvent être préjudiciables. Je dois réagir vite mais je refuse de montrer mes intentions à Amanda. Je tempère son désir ardent de vouloir m’aider. Je ne veux surtout pas l'encourager et qu’elle ait un prétexte pour s'immiscer dans ma vie plus qu’elle ne le fait déjà. Je lui affirme que je suis au courant et que mon détective est déjà sur l’affaire. Elle me salue et s’en va comme elle est venue. Un tourbillon violent ne s’occupant aucunement du mal qu’elle engendre. Cette tornade ne s'intéresse qu’à elle, elle se moque des dégâts qu’elle laisse derrière elle.
Amanda part vexée, l'effet de sa fracassante déclaration n'a pas fonctionné comme elle l'avait imaginé.
Je vais devoir écourter mon séjour en Irlande de quelques jours pour rentrer en France et régler ce problème.
Notre bulle va éclater plus tôt que prévu et nous allons devoir reprendre nos vies en France.
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