Elle résistera aux Temps des futurs
Comme une caresse, l’encre de la vie coule entre ses mains
Lachant ses lettres qui s'envolent vers son vieux moulin.
Le monde ébaubi sait combien elle aime ses mots,
Mais le puits les dévore, fragiles comme des rameaux.
En dansant dans les ténèbres d’une grotte fantastique,
Les lettres voyagent beaucoup plus vite que la musique,
Celle qu’on entend là-haut, une bien trop triste complainte
Qui attire les corbeaux, les gens en noirs, les larmes feintes.
Pendant ce temps les mots percent au grand jour
La montagne du grand amour ;
Ils plongent enfin dans l’eau qui les libère
De leurs contraintes littéraires.
Ils deviennent plus beaux, plus justes et plus forts,
Peignent crépuscules et aurores,
Déserts mornes, glaciers affables, vallées pieuses,
En des collines fabuleuses,
Ils s'imprègnent du sens de leur amour et des couleurs du temps,
Des lueurs de l’espoir et des vœux de ses enfants.
Et de l’espace sidéral, épique, leur retour,
Entre les nuages d’orage, la brume de ses songes,
Entre les ailes de son moulin, et celles de son ange,
Pulvérise les ténèbres poursuivant leur parcours.
Sensuels, les mots aventuriers frôlent son cœur.
Ils trouvent refuge dans son esprit, ses yeux, sa voix.
Elle implore aux lettres de ne plus quitter sa voie,
De ne plus être effrayées, qu'importent ses douleurs.
L’encre magique accepte d’en finir,
Murmure, comme pour obéir,
Une douce musique, aussi belle qu'une ondine.
La jeune fille ressent l'onde fine.
Elle prend sa plus magnifique écriture,
Grave la plus belle des proses,
Qui résistera aux Temps des futurs
Comme le parfum d'une rose.
Elle infuse l'essence de son amour aux voyageurs du vent
Qui savourent ce soir ses derniers aveux émouvants.
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