Vie de crin
Je réfléchissais encore à cette sinistre perspective quand on me tira brusquement sur le cheveu. Une douleur aigue me parcourut l’échine. En trente-neuf années d’existence, ponctuée de fréquentes disparitions, jamais je ne connu une telle algie.
Mon vigoureux bulbe d’ancrage s’extirpa contre son gré. À cet arrachement, impromptu, j’envoyais une décharge électrique à mon hôte. Un chant de cygne qui fini sa course dans l’épaule gauche de madame, à l’antipode de ma localisation jambière droite.
À cet instant, je n’ai pas eu le temps de verser la larme qui se formait dans ma glande lacrymale car je ne fus plus. Une mort foudroyante me prit. Mon bulbe compact et sa gaine translucide s'exposaient désormais à l'air comme de banales broutilles.
Mais je n’ai pas décidé de l’épitaphe qui ornera ma tombe. Car bien que déraciné, tel Highlander, je reviendrai, pensai-je, avec malice à l’œil et rictus sardonique aux lèvres.
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