Cauchemar

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Je me réveille en sursaut, recouverte de sueur et les larmes aux yeux. Je prends de grandes inspirations pour me calmer, comme si l'air me manquait. Cette agitation réveille ma soeur adoptive, allongée à côté de moi. Elle se redresse à son tour et me demande, d'une voix endormie :

- Éléonore ? Ça ne va pas ?

- Oh, ce n'est rien, Mikasa, dis-je aussitôt pour la rassurer. Rallonge-toi, tu ne dois pas trop t'agiter. Tu n'es pas encore totalement rétablie . . .

- Ne t'en fais pas pour moi, je vais bien, grâce à toi et à l'équipe médicale qui m'avez administré les soins nécessaires. En revanche, je me fais du souci pour toi. Depuis notre retour de la mission de sauvetage d'Eren et Historia, tu sembles bouleversée . . .

- Ce n'est rien, j'ai juste fait un mauvais rêve. Rendors-toi, lui murmuré-je avant de me rallonger sur le côté.

J'entends le froissement de ses draps lorsqu'elle en fait de même, puis plus rien. Le silence domine à nouveau.

Je ferme les yeux, dans l'intention de sombrer encore une fois dans le sommeil, mais la terrible image du titan déchiqueté par ses semblables s'impose aussitôt à mon esprit, me contraignant à les rouvrir précipitamment !

Je change de position pour m'installer sur le dos en soupirant. Je n'ai pas dit toute la vérité à la jeune asiatique en lui disant qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve. C'est plus que cela : il s'agit d'un souvenir, celui de ta mort, maman . . . Tous les soirs, il s'impose à moi comme un cauchemar. Je revois chaque nuit ton visage souriant, tes cheveux blonds et tes petits yeux bleus, dont j'ai hérité. J'observe, impuissante, les crocs des difformes créatures se planter dans ta chaire, faisant gicler ton sang et te tuant petit à petit, dans d'atroces souffrances ! Je ressasse sans cesse, malgré moi, les images de ce massacre.

Je pleure, parce que l'idée que je ne te reverrai plus jamais m'est insupportable, parce que la perte d'un être aussi aimé que toi est une douleur insoutenable, mais aussi car tu ne méritais pas de mourir aussi vite . . .

Cet horrible et dernier souvenir que j'ai de toi en fait émerger d'autres, bien plus anciens. Je revisionne le jour où je t'ai perdue. Je m'en souviens comme si c'était hier, mais il me semble en même temps si lointain que j'ai l'impression qu'il appartient à une autre vie . . . Je pouvais voir ton joli visage blanc baigné de larmes, aux traits fins et délicats, dont j'ai aussi hérité. Je pouvais entendre ta douce voix, regorgeant d'amour, lorsque tu nous a dit que tu nous aimerai toujours, papa et moi . . .

Me souvenir de toi déchire mon coeur en deux, mais je ne peux m'en empêcher. Tu le hantes, ainsi que mon esprit et tu continueras à le faire pour toujours . . .

Tu as passé dix-huit ans à errer sur cette ile, dénuée de toute conscience, avec pour seul activité de chercher et dévorer des êtres humains. Personne ne voudrait vivre pour si peu, mais tu y as été contrainte . . .

Enfin, je pense au jour de notre rencontre, qui m'est désormais douloureux. Je ne m'en souviens pas personnellement, bien sûr, mais tu m'en as raconté tous les détails et je m'accroche à ton récit pour t'imaginer, me prenant dans tes bras après m'avoir attendue pendant neuf mois ! Tu poses ton tendre regard embué de larmes sur moi et tu m'offres ton plus beau sourire. Je n'étais qu'un miniscule nouveau-né, mais je pouvais te voir et entendre ta voix me souhaiter la bienvenue en ce même monde qui t'a arrachée à moi . . .

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