Le secret médical : une loi pour la confiance

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Le 30 mai 2017, les membres de l’espace d’animation éthique de l'établissement vous ont proposé une conférence sur le thème du secret. Pour élargir notre réflexion, nous avons eu le plaisir et l’honneur d’écouter l’éclairage du Pr Guy DARCOURT.

Professeur émérite, le Pr Guy DARCOURT a formé plusieurs générations de psychiatres au Centre Hospitalier Universitaire et à travers son enseignement, il a su insuffler le souci de la démarche éthique dans le soin relationnel et au sein des institutions.


« Je vais te dire un secret » chuchote l’enfant avec bonheur, parce qu’il comprend très jeune la puissance d’un secret dans le lien à l’autre.

Dans notre vie privée ou publique, dissimulé ou partagé, le secret ne cesse de nous interpeler tout au long de notre existence tandis qu’au fond de nous-même, il constitue notre « jardin secret ».

Partager un secret crée la confiance, le garder impose le respect d’une parole. C’est sur cette notion de confiance que le secret médical a été institué « Parce qu’il n’y a pas de médecine sans confiance, de confiance sans confidences, et de confidences sans secret » écrit Louis Portes (1).

En dehors de dérogations précisées par le législateur, les textes de loi marquent un principe intangible : quelles que soient les circonstances, la protection du secret médical est GENERALE (couvre tous les éléments connus par le médecin), et ABSOLUE (maintenue vis-à-vis de quiconque).

Au fil du temps, le secret s’est fait beaucoup d’ennemis.

Dans la vie publique : les médias, les modes de communication, les réseaux sociaux ont bouleversé notre vision de l’intime et nos secrets s’exposent au quotidien…

Au sein de notre institution : d’autres ennemis encore avec l’affirmation du principe de collégialité et d’interdisciplinarité, recherche, enseignement…

Et dans la pluralité des situations rencontrées, le secret devient parfois son propre ennemi, ennemi d’une vérité que l’on pourrait juger utile de révéler pour assurer une meilleure continuité de la prise en charge.

Alors sur quels alliés pouvons-nous compter pour agir sereinement dans l’intérêt de la santé de la personne malade ?

Peut-être est-ce le bon sens ? Le Pr Darcourt a évoqué l’importance de la dimension psychologique dans la prise en charge des malades atteints de maladie grave, dimension dont le législateur n’a pas pris toute la mesure. Protéger l’intimité des personnes vulnérables n’est-il pas pourtant une des missions essentielles des soignants ? Soigner, c’est aussi conserver une liberté dans l’art et la manière d’accompagner.

Peut-être est-ce la critique ? De la confrontation des textes de loi à l’analyse du contexte, nait le questionnement éthique, un exercice discursif capable de retentir positivement sur notre pratique professionnelle. Tel était le pari de notre conférence du 30 mai dernier.

Peut-être est-ce l’art de la communication ? Apprendre à communiquer avec une personne vulnérable ou au sein même d’une équipe pluriprofessionnelle est d’ailleurs un enjeu annoncé par les rédacteurs du prochain plan cancer.

Au terme de notre petit tour d’horizon sur le secret, laissons Paul Ricoeur conclure « L’art médical est un exercice de la prudence délibérative respectueuse de la personne, des règles professionnelles et des lois qui doit trouver un entre-deux, entre la généralité de la règle et la singularité des situations et des acteurs ».

(1) Président du Conseil de l’Ordre entre les deux guerres

Article écrit pour le journal de l'établissement - juillet 2017

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